Nuciculture
L’énigme du dépérissement des noyers

Une enquête nationale sur le dépérissement du noyer a révélé la difficulté d’identification de la maladie elle-même.

L’énigme du dépérissement des noyers

Une énigme et un objet de recherche : le dépérissement du noyer est tout à la fois. Une énigme parce qu’en l’état actuel des connaissances, on constate une mort assez rapide de certains individus dans les noyeraies, mais le phénomène est hétérogène. Le sujet a été abordé par la Senura (Station expérimentale nucicole
Rhône-Alpes) en décembre dernier au travers de la présentation des résultats d’une enquête nationale effectuée par les organismes de recherche. Mais les conclusions ont soulevé beaucoup de questions et apporté aucune réponse.

Identification incertaine

Le dépérissement du noyer est déjà difficile à identifier et à quantifier. Des arbres meurent dans les noyeraies. Avant d’en arriver là, les producteurs constatent des arrêts de débourrement, des mortalités de rameaux, des chancres et des nécroses, des cimes séchantes.

Une multitude de symptômes non spécifiques, souvent peu homogènes dans une parcelle. La difficulté est donc de poser un diagnostic. L’enquête s’est d’ailleurs appuyée sur des ressentis et des témoignages, avec une grande difficulté pour utiliser des constats scientifiques fiables. La mortalité des rameaux et des branches sèches est considérée comme un symptôme par l’ensemble des producteurs interrogés (130 exploitations représentant 3 000 hectares répartis dans le sud-est de la France et le Périgord).

Les facteurs favorisant sont tout aussi impalpables : excès ou manque d’eau, un âge des plantations situé entre 15 et 30 ans, mais plus jeunes on peut aussi trouver des mortalités rapides. Une prépondérance dans la franquette, mais c’est aussi la plus plantée, donc l’observation ne vaut pas conclusion. Souvent (deux tiers), les plants sont de bonne qualité à la plantation qui s’est aussi passée dans de bonnes conditions.

Un travail de qualité

Les pratiques culturales n’offrent pas beaucoup de certitudes également : « Le travail doit être de qualité dès le départ, avec de bons plants, des mises en place en sol ressuyé, hors de période de gel, et assurer un entretien régulier et méticuleux », préconisent les techniciens de la Senura. Il faut peut-être porter un regard attentif aux lieux de plantation. « L’augmentation des surfaces a entraîné une grande hétérogénéité des parcelles. Des bordures, des creux, des centres de parcelles ne sont pas toujours favorables aux noyers. Avant, ils n’auraient pas été plantés », indiquent les techniciens. Mais les précédents culturaux ou l’historique agronomique n’est pas toujours connu surtout pour les zones les plus anciennes.

Quant au broyage des branches lors de la taille, ce ne serait pas une source identifiée de propagation de champignons pathogènes. « Il faudrait que le champignon soit déjà très bien installé, estiment les spécialistes de la Senura. Les racines en revanche pourraient jouer un rôle plus conséquent dans le maintien des foyers. » Le sujet reviendra sur la table.

Jean-Marc Emprin