Les osmies, championnes de la pollinisation

Une majorité des 603 apiculteurs drômois s'est réunie le 9 février à Nyons pour l'assemblée générale de la section apicole du groupement départemental sanitaire (GDS) afin d'échanger sur l'actualité et les actions de soutien à l'apiculture. Evoquant les causes de la forte mortalité des abeilles, les experts ont rappelé la présence d'un acarien, le varroa, qui affaiblit et détruit les colonies. Ils ont aussi souligné l'effet de plus en plus toxique des pesticides et la raréfaction du potentiel mellifère du fait, notamment, des monocultures et de la réduction des surfaces disponibles liée à la pression foncière. De plus, l'arrivée du frelon asiatique (vespa velutina) en 2013 a brutalement accru les difficultés et les inquiétudes des apiculteurs. Affectionnant les cours d'eau, cet insecte se nourrit de liquide sucré (fruits, nectar...) mais chasse également d'autres insectes pour nourrir ses larves, ce qui occasionne des pertes non négligeables chez les apiculteurs car il attaque particulièrement les abeilles. Le stress provoqué par ses prélèvements ou même sa seule présence devant une ruche peuvent conduire à un arrêt de la production de miel, voire l'arrêt de la ponte, condamnant la ruche à court terme. Pour se débarrasser de cet envahisseur, un plan de lutte avec des collectivités locales est nécessaire.
Bénévoles et apiculteurs passionnés ont évoqué l'organisation d'une dizaine de journées d'initiation et de perfectionnement en apiculture sur le rucher du lycée agricole du Valentin, à Bourg-lès-Valence, avec tous les deux ans un stage d'élevage de reines. Et, afin de maintenir un rucher sain, sont également envisagées des réunions annuelles d'information sanitaire, de lutte prophylactique contre le varroa ainsi que la rédaction et la diffusion de lettres et bulletins d'information aux adhérents.
Osmies et abricotiers
Gwenaëlle Pariset, chargée de mission au parc naturel régional des Baronnies provençales, a rondement mené une conférence sur les « osmies dans nos vergers d'abricotiers ». Près d'un millier d'espèces d'abeilles sauvages sont présentes en France mais seulement 2 % d'entre elles effectuent 80 % de la pollinisation sauvage. Ces abeilles sauvages ne vivent pas en ruche, ne produisent pas de miel mais elles sont championnes de la pollinisation des cultures. Solitaires, l'osmia cornuta et l'osmia rufa fertilisent les plantes en butinant et transportant d'une fleur à l'autre le pollen, mieux et plus vite que leur cousine « apis mellifera ». Une seule osmie rousse équivaut à 120 ouvrières d'abeille domestique pour son efficacité dans la pollinisation. En effet, le pollen qu'elle transporte n'est pas aggloméré en petites boules mais collecté à l'aide de poils raides sur ses pattes arrière. Les grains de pollen se détachent très facilement au cours de ses multiples déplacements. Le rayon d'action d'une abeille domestique peut dépasser trois kilomètres ! Cependant, les osmies s'éloignent peu de leur abri, 50 à 100 m au plus, « ce qui permet de cibler les cultures ». Elles butinent très rapidement (jusqu'à 17 fleurs par minute) et ne repassent jamais deux fois sur la même fleur car elles les marquent. Une osmie peut faire entre 70 et 100 voyages par jour entre les fleurs et son nid pour fabriquer les « pains » sur lesquels elle pondra ses œufs.
Des auxiliaires de plus en plus sollicitées
Compte tenu de leurs capacités hors normes, les osmies deviennent des auxiliaires de plus en plus sollicitées dans les cultures et dans les vergers d'abricotiers à floraison précoce où elles sont appréciées notamment pour leur capacité à voler même par temps froid. Leurs abris sont rudimentaires et faciles à installer : ce sont des tiges creuses de pailles ou de roseaux assemblées en bottes ou des blocs de bois, de liège, de briques perforés. Au-delà du maintien des équilibres naturels et de la biodiversité, il y a donc un grand intérêt économique à favoriser l'installation de ces populations d'abeilles sauvages dans les vergers.
J-M. P.