Portrait
Au Gaec  de Roche rousse, une transmission réussie

Victor Schimmel s’est associé en 2020 à Daniel Vignon, au sein du Gaec de Roche rousse à Saint-Martin-en-Vercors. Producteurs de fromages, leur exploitation prospère malgré une charge de travail conséquente. Une belle histoire de transmission et de passion du métier.

Au Gaec  de Roche rousse, une transmission réussie
Après un an et demi de pré-installation, Victor Schimmel est devenu associé en août 2020, à seulement 23 ans. Une belle aventure qui se poursuit dans une exploitation qui fonctionne, malgré des rebondissements. © Annie Frénot

«Mes parents ne sont pas agriculteurs mais un de nos voisins avait des vaches laitières et j’allais l’aider, raconte Victor Schimmel, installé en 2020 comme associé au Gaec de Roche rousse, à Saint-Martin-en-Vercors. Au début par plaisir puis j’ai eu la passion du métier, je me suis toujours vu faire ça. » Le jeune agriculteur, originaire du Lot, a passé un bac pro CGEA à Aurillac, un BTSA Acse (analyse et conduite de systèmes d’exploitation) en Savoie et un certificat de spécialisation en Haute-Savoie. Il a aussi engrangé un bon nombre d’expériences en stages ou en alternance, avant d’atterrir dans le Vercors. Il y a travaillé six mois en tant que fromager dans une coopérative mais s’est aperçu très vite que le système fermier, avec la production, la transformation et la commercialisation, lui convenait mieux.
A ce moment-là, Daniel Vignon et son ancien associé Emmanuel Drogue cherchaient une troisième personne pour rejoindre leur Gaec de Roche rousse. Au départ, Victor Schimmel souhaitait être salarié mais il s’est finalement laissé tenter par l’installation. Après un an et demi de pré-installation, il a sauté le pas pour devenir associé en août 2020, à seulement 23 ans. Une belle aventure qui se poursuit dans une exploitation qui fonctionne, malgré des rebondissements.

Une exploitation en bio qui a su se diversifier

En 1999, après une reconversion et son BPREA en poche, Daniel Vignon s’est installé en tant qu’éleveur. Au départ, il n’avait que huit vaches et louait des terres à son frère qui lui aussi était éleveur de vaches laitières. Il a rapidement développé l’aspect transformation en construisant une fromagerie, tout cela en bio. D’autant que l’AOP Bleu du Vercors a été créée un an auparavant, en 1998, ce qui lui assurait de nouveaux débouchés commerciaux.
En 2003, ils constituent le Gaec avec Emmanuel Drogue, après avoir acheté des terrains pour étendre leur exploitation. « Très vite, on a été débordé de boulot », se souvient Daniel Vignon. Leur troupeau monte à 35 vaches (33 montbéliardes et 2 villardes) et 90 hectares de prairies. « La demande en fromages était là », explique l’éleveur.
Il faut dire qu’en quelques années, les associés ont su diversifier leurs revenus et leur commercialisation, tout en gardant en tête des valeurs territoriales fortes. La majorité des ventes se fait en direct : à la ferme ou une fois par semaine au marché de La Chapelle-en-Vercors. Ils vendent aussi dans des épiceries et restaurants du territoire (environ dix clients), dans deux magasins de producteurs où ils sont associés, font du dépôt-vente dans quatre magasins de la vallée du Rhône, quelques Biocoop et enfin vendent 15 000 litres de lait par an à la coopérative Vercors Lait ( 210 000 litres produits par an sont transformés à la ferme). Pour leur transformation en fromages, le Bleu du Vercors représente 12 à 13 tonnes chaque année, ils produisent aussi sous l’IGP Saint-Marcellin (ils sont d’ailleurs les seuls producteurs bio de l’appellation). Enfin, ils ont diversifié une gamme de produits, à hauteur de 30 % de la production de lait transformée, en yaourts, fromages blancs, faisselles...

L’envie de continuer à évoluer et de transmettre

Pour Victor Schimmel, les points forts du Gaec résident dans cette stabilité économique qui permet d’investir pour l’entretien et le renouvellement du matériel, ce qui favorise de bonnes conditions de travail. Le troupeau en bonne santé permet une bonne production de lait en qualité et quantité. Son installation a donc été plutôt sereine vu le travail déjà réalisé en amont. « Ce n’est pas comme une création, c’est vrai que je suis arrivé avec des idées mais je respecte beaucoup le travail et les sacrifices qui ont été faits par Daniel et Emmanuel », souligne-t-il. Plus que transformer la méthode, l’idée est de pérenniser l’exploitation en y apportant des évolutions. « Par exemple Daniel et Emmanuel fonctionnaient en mettant plus de temps sur la fromagerie, moi ça me convenait moins je suis plutôt sur une moitié de temps en fromagerie et une moitié en production. Ça nous a permis de réorganiser le fonctionnement de la ferme », détaille-t-il. Cette pérennisation tant voulue viendra probablement aussi avec l’arrivée d’un ou plusieurs associés ce qui permettra de réduire le temps de travail de chacun, estimé à 70 heures par semaine. « Tout est chronophage dans la transformation et on ne compte pas les heures », témoigne Daniel Vignon.
Emmanuel Drogue étant parti en 2022, trois places d’associés seraient disponibles au sein de l’exploitation. Car Daniel Vignon prépare sa retraite. « Toute la valeur ajoutée reste sur l’exploitation avec la possibilité de quatre revenus », indique-t-il. Sont recherchés des profils différents : un sur la transformation, un autre en production et en vente. « Mais il faut tout de même de la polyvalence », soutient Victor Schimmel. L’idée est aussi d’embaucher dans le futur de la main-d’œuvre qualifiée. 
Comme beaucoup d’agriculteurs, les associés sont confrontés à plusieurs défis : les changements climatiques face auxquels il faut toujours redoubler d’inventivité pour s’adapter, mais aussi l’accès au foncier qui n’est pas toujours simple. Comme l’a expliqué Victor Schimmel lors de la matinée d’installation organisée par les Jeunes Agriculteurs le 31 mai dernier, en présence des élus du territoire, la vente de foncier habitable se fait parfois avec des terrains conséquents, au détriment de terres qui pourraient être achetées par les agriculteurs.
Malgré tout, les deux éleveurs sont passionnés et espèrent trouver dans leurs futurs associés le même élan. 

Elodie Potente

Victor Schimmel et Daniel Vignon sont associés au sein du Gaec de Roche rousse à Saint-Martin-en-Vercors et recherchent d’autres associés pour pérenniser l’exploitation. ©EP-AD26

Casse-croûte installation-transmission le 21 juin

Pour parler de transmission, la chambre d’agriculture de la Drôme, en lien avec l’Adear et la communauté des communes Royans-Vercors, organise un casse-croûte installation et transmission mercredi 21 juin à 11 h, au Gaec de Roche rousse, chez Victor Schimmel et Daniel Vignon. Deux thématiques sont au programme : « S’installer, pourquoi pas moi ? » et « Transmettre, c’est avant tout anticiper ? »