Le foncier, une question d’équilibre
Jeudi 9 juin, la Safer Auvergne-Rhône-Alpes a tenu son assemblée générale. L’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée, surtout de se projeter vers l’avenir. Demain, la compétition entre les usages du foncier permettra-t-elle de conserver la capacité de nourrir les habitants de nos territoires ? Une question transversale qui a animé le débat de la table ronde.

Pour la Safer Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), qui tenait son assemblée générale le 9 juin dernier à l’école vétérinaire VetAgro Sup à Marcy-l’Étoile (Rhône), l’année qui vient de s’écouler sonne comme un nouvel élan. En effet, 2022 marque l’élaboration et le lancement de son programme pluriannuel d’activité (PPAS), sa feuille de route 2022-2028. L’occasion de rappeler leurs engagements notifiés en conclusion de ce manifeste : « Nous sommes tous la SAFER Aura, engagés pour une terre d’équité, d’opportunités, de vies, d’envies et d’avenir ». Ainsi, le PPAS se décline en trois axes stratégiques (lire encadré) et vingt-et-une priorités. Mais une chose est certaine, les sujets phares de la Safer demeurent : l’installation et la transmission agricoles, le confortement des exploitations et l’arbitrage entre les différents usages du foncier. Autant de sujets transversaux qui conduisent à se poser la question de l’avenir de la souveraineté alimentaire sur les territoires ? Ces dernières années, la souveraineté alimentaire est, en effet, au cœur des débats et la question du foncier est prégnante. Circuits courts, logement, production d’énergie… le foncier est sollicité de toute part et n’est pas inépuisable quand la solution du zéro artificialisation nette sonne parfois comme une utopie.
Modèle unique
Pour Fabrice Panneckoucke, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en charge de l’agriculture et des espaces valléens : « cette compétition fragilise notre souveraineté alimentaire. Nous sommes tous consommateurs de foncier. Il y a une réelle responsabilité collective à avoir. Le foncier a un réel intérêt agronomique et nourricier qui nécessite des connaissances. La Safer est un interlocuteur transversal indispensable ». La régulation de cette ressource stratégique, qui comme l’a rappelé Muriel Gozal, directrice générale de la FNSafer « est une spécificité française » regardée avec intérêt dans l’ensemble de l’Europe, et qui est pour beaucoup nécessaire notamment pour assurer l’installation des jeunes. « Le renouvellement des générations est un enjeu central », a rappelé Bruno Ferreira, directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Toutefois, cela demeure un exercice compliqué quand les compétitions sont nombreuses. « Il faut trouver un équilibre entre les différents usages pour pouvoir conserver la capacité de nourrir les habitants de nos territoires. Il faut une réelle volonté politique. Ce n’est pas simple », a souligné le président de la Safer Aura, Gilles Flandin, avant de rappeler que cette question est le cœur d’action du deuxième axe du PPAS : Ensemble développons l’économie agricole et forestière et le potentiel alimentaire local. Un équilibre en effet indispensable pour Jean-Marie Seronie, consultant agroéconomiste : « Il faut retrouver un réel équilibre pour assurer la sécurité alimentaire de nos territoires. Il y a deux volets à cette sécurité : produire ce que l’on consomme et consommer ce que l’on produit ». Toutefois, pour atteindre cet objectif d’équilibre et retrouver une souveraineté alimentaire à la hauteur, Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire cosignateur de la proposition de loi « pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France », affirme qu’il faut une réelle prise de conscience politique pour soutenir l’agriculture. Pour lui, il est primordial de revenir aux réalités économique et agronomique des territoires.