Festivité
Une fête de la transhumance historique 

Les 10 et 11 juin se tenait le premier week-end de la Fête de la transhumance à Châtillon-en-Diois. L’événement a rassemblé un public curieux de découvrir les traditions pastorales et viticoles du territoire.

Une fête de la transhumance historique 
Les 600 bêtes sont passées au cœur de Châtillon-en-Diois. © EP

Rue des Rostangs, viticulteurs, artisans, producteurs se pressent ce samedi matin pour installer leurs stands. La foule s’installe de toutes parts de la rue, jusqu’à la place du Reviron pour voir le passage du troupeau du groupement pastoral de Beaupuy. Traditionnellement organisée à Die, la Fête de la transhumance se déroulait pour la première fois cette année à Châtillon-en-Diois, co-portée par l’association départementale d’économie montagnarde (Adem) et le syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois. « Châtillon est une des plus grandes communes pastorales de la Drôme », a rappelé Philippe Cahn, président de l’Adem, dans son discours d’inauguration. Mais Châtillon-en-Diois regroupe également quatre AOC viticoles : Clairette de Die, Crémant de Die, Coteaux de Die et Châtillon-en-Diois, comme l’a rappelé Fabien Lombard, président du syndicat de la clairette. Les co-porteurs ont trouvé du soutien bénévole auprès des associations du village, comme Arts et vignes, dont le festival se déroule chaque année en août, les jeunes loups de Châtillon ou encore l’association la boule de l’Edelweiss.
Aux alentours de dix heures, au cœur du village, touristes, curieux, habitants ont pu admirer le passage du troupeau de 600 bêtes de Pierre-Henri Maillefaud, éleveur ovin et viticulteur à Menglon, et Jean-Claude Chabal, originaire de Laval-d’Aix. Le maire du village, Eric Vanoni, ancien viticulteur et père de viticulteurs, a salué un moment « historique ». « J’aimerais vous partager mes émotions personnelles, a poursuivi le maire. D’abord, celle du gamin élevé à Châtillon et qui du plus loin qu’il se souvienne garde dans sa mémoire le passage du berger communal matin et soir avec sa corne pour rassembler les moutons du troupeau communal… Mais aussi les transhumants qui prenaient en charge les brebis châtillonnaises et les montaient sur le Glandasse pour l’été ».

Une tradition avant tout

Mais la fête de la transhumance, « ce n’est pas que du folklore, comme l’a précisé Joël Boeyaert, vice-président à l’agriculture à la communauté de communes du Diois. Il est question de tradition. La transhumance est aussi une technique moderne et écologique, les territoires pâturés sont indemnes de tous traitements. » Jacques Adenot, président du parc naturel régional du Vercors, a lui aussi insisté sur la « tradition vitale » qu’est le pastoralisme : « Aujourd’hui, vous offrez une belle vitrine au pastoralisme et à la clairette de Die. Il s’agit de la valorisation des patrimoines culturels et naturels pour un territoire vivant, préservé et habité ».
Ainsi le public présent a pu découvrir le travail des éleveurs, les enjeux du pastoralisme et de la viticulture pour le territoire. Des dossiers d’actualité se sont invités dans les discours des différents élus présents à l’instar de celui de Martine Charmet, conseillère départementale sur le canton du Diois, qui a rappelé que « les agriculteurs n’attendent pas les directives pour s’adapter aux changements climatiques, à la ressource en eau, aux nouveaux enjeux, il n’y a que face aux loups que les mesures de protection ne leur permettent pas de s’adapter ». Elle a souligné que les agriculteurs « sont les sentinelles de notre environnement ». Marie Pochon, députée de la troisième circonscription de la Drôme, a également évoqué la question du loup : « Nous devons aller plus loin que les politiques actuelles, soyons à la hauteur ».

« La prédation nous pourrit la vie »

« Je tiens à remercier les éleveurs qui tiennent le coup et qui s’accrochent aux branches, a souligné Frédéric Gontard, président de la fédération départementale ovine. Merci à ces gens-là qui travaillent sept jours sur sept. [...] Vous avez vu le troupeau ce matin, c’est très beau mais au retour il manquera quelques bêtes. Le dossier de la prédation nous pourrit la vie. » Il a recontextualisé la transhumance et ses « 8 000 ans d’histoire : Une histoire d’homme, de femmes, de familles et merci de nouss rendre hommage. »
La sous-préfète de Die a conclu l’inauguration en soulignant la diversité des propositions de la fête. En effet, la traditionnelle tonte de brebis en direct a rassemblé de nombreuses personnes, tout comme le tri de la laine. Les masterclass ont su attirer du monde, comme celle sur la thématique « Châtillon, terre d’estive », proposée par l’Adem, ou encore celle sur les trente ans du crémant de Die. Repas à base d’agneau, atelier fabrication de nichoirs, glaces paysannes, exposition, concert, départ pour l’estive le dimanche… ce premier week-end châtillonnais a été un succès. 

Elodie Potente