Rendez-vous
La 801e foire de Beaucroissant a fait le plein

La foire de Beaucroissant est repartie du bon pied. Confinement, format réduit, neige pour l’édition d’avril dernier : les aléas s'étaient accumulés ces dernières années. Cette foire d'automne signe un renouveau pour l’évènement, bien décidé à s’inscrire dans un avenir prometteur.

La 801e foire de Beaucroissant a fait le plein
Les visiteurs ont retrouvé avec plaisir les allées de la foire de Beaucroissant. © SS

Les organisateurs comme les participants ont été très patients. Mais bien involontairement. « Cela fait trois ans que l’on attendait cet évènement », a rappelé Antoine Reboul, maire de Beaucroissant, commune iséroise dans laquelle s’est tenue la 801e foire. « La 800e a eu lieu il y a déjà longtemps, c’était en 2019… » Avec deux annulations, en automne puis au printemps, avant un format réduit et un redémarrage en avril dernier sous des chutes de neige aussi surprenantes qu’abondantes, on pouvait croire que la belle mécanique pluri-centenaire était cassée. Que nenni, l’enthousiasme était bien là cette année. 

Racines agricoles

« C’est beaucoup de travail, des milliers de coups de fil, de courriers, de panneaux, tout se compte en milliers à la Beaucroissant », a résumé avec beaucoup de fierté le maire, qui n’a pas compté ses heures avec ses équipes, lui qui avait à cœur de proposer un redémarrage réussi et éclatant de cette foire. « Il était essentiel pour nous de rapprocher la foire de ses racines, du milieu agricole dont elle est issue. C’est pour cela que nous avons également accolé le Prix de l’excellence agricole et rurale à l’inauguration officielle », a-t-il expliqué. Petite nouveauté cette année : la cérémonie d’ouverture avec les officiels n’a pas eu lieu comme de coutume en fin de matinée, mais en fin d’après-midi le vendredi, la journée dite « professionnelle ».
Cette attente, tous les participants la partageaient. Jean-Claude Darlet, président de la chambre d’agriculture de l’Isère, a rappelé « le formidable lieu d’échanges entre professionnels, mais aussi entre consommateurs et éleveurs, que constitue ce rendez-vous régional ». Pris par l’enthousiasme de ce renouveau, il préconise d’ailleurs « l’évolution vers une grande foire régionale consacrée à la qualité des produits ». Revenant à l’actualité immédiate, le représentant professionnel a relevé « l’année particulière qu’a constitué 2022, notamment pour les zones de montagne qui sont passées brutalement du froid au sec ». Résultat : peu de fourrages et des craintes pour les stocks d’hiver qui commencent déjà à être entamés. Autre sujet abordé par Jean-Claude Darlet, la ressource hydrique. « Pas de production sans eau », a-t-il rappelé. « Les efforts d’économie et d’utilisation parcimonieuse de l’eau réalisés par l’agriculture depuis trente ans sont colossaux, a-t-il fait valoir. Les enjeux sont à partager avec l’industrie. » Les élus présents, comme le député isérois Yannick Neuder ou le vice-président du Département de l’Isère, Fabien Mulik, ont reconnu que ce sujet est transversal et que des efforts doivent être réalisés par tous les secteurs d’activité. En agriculture, les retenues collinaires feront partie de la panoplie.
« Les denrées alimentaires ne doivent pas être la variable d’ajustement des budgets des ménages », a tenu à affirmer Jean-Claude Darlet, rappelant que « les coûts de production doivent être couverts. » 

Premier cheptel européen

En ce qui concerne les prix, le sénateur isérois Didier Rambaud a dit envisager une troisième version de la loi Egalim afin de l’ajuster encore davantage aux réalités de terrain et a encouragé les éleveurs dans leurs efforts, « la France devant rester le premier cheptel européen ». Le loup, qui est toujours évoqué à Beaucroissant, était aussi au centre des conversations. Élodie Jacquier-Laforge, députée de l’Isère, a rapporté la volonté du président de la République de mettre en place une politique de tirs de défense plus territorialisée, de créer une deuxième brigade loup permettant l’affectation de celle existante à des départements historiquement touchés, et de pousser pour un réexamen du statut du loup à la convention de Berne.

Jean-Marc Emprin

27e concours charolais : un lien solide entre les éleveurs et le public
Le tour du ring permet aux spectateurs et aux juges d’apprécier la démarche des bêtes. © PG
Bovins

27e concours charolais : un lien solide entre les éleveurs et le public

Les 9 et 10 septembre à Beaucroissant était organisé, comme chaque année, le concours des éleveurs du syndicat Charolais Sud-Est. Après plusieurs éditions annulées à cause du Covid, cette 801e foire de Beaucroissant a permis de renouer le lien entre les éleveurs et les visiteurs.

Les 9 et 10 septembre, le concours charolais de la foire de Beaucroissant a de nouveau résonné comme à ses plus belles heures. Certes, l’an dernier, les Rendez-vous de l’Agriculture – une foire de Beaucroissant au format réduit – avaient permis au concours de se tenir après l’annulation de 2020. Mais les éleveurs n’attendaient qu’une chose : retrouver les visiteurs à l’occasion d’une « vraie » foire de Beaucroissant. « Il s’agit du 27e concours charolais organisé à Beaucroissant. Il réunit cette année 23 éleveurs et 125 animaux venus de six départements : l’Ain, les Hautes-Alpes, l’Isère, la Loire, la Haute-Loire et le Rhône », a rappelé Raphaël Loveno, président du syndicat Charolais Sud-Est, organisateur du concours de la foire de Beaucroissant. En guise d’échauffement, l’évènement a démarré le vendredi matin par le concours de pointage, attirant les premiers visiteurs de cette 801e foire de Beaucroissant. « Nous avons cette année 183 élèves issus principalement de MFR. L’objectif est de leur montrer comment analyser les éléments caractéristiques de la race charolaise, avant qu’ils ne s’essayent au jugement des animaux », a poursuivi Raphaël Loveno.

Le meilleur de l’élevage local

La compétition, elle, a véritablement démarré vers 13 h par le concours des mâles. Répartis par classes d’âge, des plus jeunes aux plus âgés, les bovins sont tour à tour rentrés sur le ring, escortés par leurs éleveurs. Sous le regard d’un public conquis, ils ont d’abord fait le tour de l’arène pour apprécier leur démarche, avant de s’immobiliser en ligne afin d’être passés au crible des deux juges. « L’ensemble des critères de sélection sont contenus dans le Herd book charolais qui définit les standards de la race. On regarde bien sûr le volume de l’animal, sa capacité à produire de la viande et à se reproduire. Les juges regardent notamment les muscles arrière, la rectitude des pattes, la largeur du mufle, mais aussi la largeur du bassin », a listé Raphaël Loveno. Des critères techniques expliqués avec pédagogie au micro pour que connaisseurs comme novices des concours d’élevage puissent suivre le déroulé du concours. Le samedi, ce sont les femelles qui se sont affrontées sur le ring de Beaucroissant. Avant un moment très attendu des éleveurs comme du public : les prix spéciaux – notamment les prix de famille – et les prix d’élevage. Présentant trois animaux chacun, les éleveurs ont ainsi eu l’occasion de montrer toute la valeur de l’ensemble de leur cheptel. Car c’est bien ça l’objectif du concours charolais de Beaucroissant : mettre en lumière une race d’exception mais aussi des éleveurs passionnés, engagés dans une démarche de qualité. 

Pierre Garcia

PALMARES CONCOURS REGIONAL CHAROLAIS (non reconnu) Beaucroissant 2022