Fruits à pépins : des pertes conséquentes
En pommes et poires, l'heure est au bilan après le gel d'avril.

Le gel d’avril n’aura épargné aucune production en Drôme. Après les fruits à noyaux, de lourdes pertes sont confirmées sur les fruits à pépin. En pommes, selon les variétés et les secteurs, elles sont estimées entre 30 à 60 % des volumes, rapporte Laurent Dejérome, directeur général de Métral Fruits à Salaise-sur-Sanne. Son entreprise s’approvisionne sur la moitié nord de la Drôme et le sud de l’Isère. En année normale, elle travaille 15 000 tonnes de pommes. « Les variétés qui ont le plus souffert sont Pink Lady®, Story®, Juliet®… Gala et Golden ont mieux résisté », constate-t-il. Au 7 octobre, il indique que 80 % des volumes sont déjà rentrés et il confirme que les lots sont de qualité très hétérogène, avec des petits calibres et, sur golden, un peu de tavelure liée à la pluviosité.
Petits calibres
A Loriol, Marc Fauriel, qui exploite avec trois associés 32 ha de pommiers bio, livre un bilan similaire : « Les prévisions se confirment, nous ne devrions réaliser qu’un tiers du volume de l’année dernière, soit 500 tonnes alors qu’habituellement nous tournons à 1 500 tonnes ». Il estime que la qualité est « moyenne » suite au gel. « Certains fruits ont manqué de pépins et sont déformés. On a aussi pas mal de fruits de seconde floraison avec des petits calibres », décrit-il. Les variétés dites RT [présentant une résistance à la tavelure, nldr], à floraison précoce, sont celles qui ont le plus souffert du gel selon lui.
Chez Rhoda-Coop à Saint-Rambert-d’Albon, Christophe Claude, directeur de la coopérative, annonce également plus de deux tiers de pertes de récolte. « Nous ne devrions totaliser que 20 à 30 % des 2 000 tonnes que nous travaillons habituellement en pommes », précise-t-il. Quant au marché, « nous allons le regarder passer, déplore-t-il, car la pomme n’est absolument pas déficitaire cette année, ni en France, ni en Europe ». L’association nationale pommes poires (ANPP) annonçait en effet fin août une prévision de récolte en France à 1,375 million de tonnes (Mt), en légère progression par rapport à 2020 (1,337 Mt) et une nette augmentation au niveau européen (11,735 Mt prévues pour 2021 contre 10,705 en 2020).
Dans ce contexte, producteurs et opérateurs drômois savent d’ores et déjà qu’ils ne pourront pas compter sur un effet prix pour compenser un tant soit peu les pertes de volumes.
Sophie Sabot
Poires : des volumes au plus bas
Le 7 octobre, Romain Vallet, un des associés de l’EARL Les Tilleuls à Moras-en-Valloire, achève juste sa récolte de poires. « Nous sommes à 20 % de nos volumes habituels, soit 120 tonnes sur 600, et ceci avant tri », indique-t-il. Les fruits présentent par mal de déformations suite au gel et il redoute une mauvaise conservation qui pourrait encore pénaliser d’un tiers les volumes récoltés. A l’échelle de l’organisation de producteurs dont il fait partie - les Fruitiers Dauphinois à Chanas - la situation est la même chez les autres producteurs de poires.
Chez Rhoda-Coop comme chez Métral Fruits ou encore chez Fauriel Fruits à Loriol, des pertes entre 90 et 100 % des volumes sont annoncées en poire. A l’échelle nationale, l’ANPP estimait fin août à 57 000 tonnes la récolte 2021, contre 129 000 en moyenne ces cinq dernières années. Alors que la France importe déjà chaque année la moitié des poires qu’elle consomme, le gel d’avril laissera peu de chances aux consommateurs de l’Hexagone de savourer des poires drômoises.