SOCIAL
Accueillante familiale : reconversion réussie pour Catherine Rousseau

À Arthémonay, en Drôme des Collines, Catherine Rousseau est accueillante familiale depuis 2018. Une reconversion pour cette agricultrice qui, après un deuil familial, a trouvé dans l’accueil à domicile d’une personne âgée en situation de handicap un nouveau projet professionnel. 

Accueillante familiale : reconversion réussie pour Catherine Rousseau
Catherine Rousseau a cessé son activité d’exploitante agricole en 2015 après le décès de son mari. Depuis, elle a trouvé dans le métier d’accueillante familiale une reconversion correspondant à ses aspirations. ©AD26-S.S.

Il suffit de pousser la porte de la maison de Catherine Rousseau pour sentir que l’accueil fait partie de son mode de vie. Perchée sur une colline d’Arthémonay, sa ferme est aujourd’hui un lieu sécurisant pour Maurice, 73 ans, en situation de handicap, accueilli une semaine par mois depuis quatre ans par l’ancienne agricultrice. Catherine Rousseau est en effet accueillante familiale, une reconversion qu’elle a pris le temps de préparer, accompagnée par la MSA et par le Département de la Drôme. 

Deuil familial

« Mon mari est décédé fin 2013. Nous avions repris l’exploitation de mon père. J’étais chef d’exploitation. C’était une petite structure. Nous avions une trentaine d’hectares, essentiellement en céréales et fourrage mais aussi des poiriers, de la vigne pour la cave de Tain et des poulets fermiers en vente directe », précise-t-elle. Durant deux ans, Catherine Rousseau va poursuivre l’activité agricole. Fin 2015, elle transmet ses terres à son neveu lui permettant ainsi de conforter son installation. Elle a alors 54 ans. La question d’une reconversion professionnelle se pose. « Et pourquoi vous ne deviendriez pas accueillante familiale ? », lui lance une assistante sociale de la MSA. « Je ne connaissais pas ce métier, reconnaît l’ex-agricultrice. En revanche, je connaissais le monde du handicap pour y avoir été confrontée jeune dans mon entourage. Depuis 2006, j’ai aussi rejoint les bénévoles du groupe de parole proposé aux adultes en situation de handicap par la paroisse de Saint-Donat », raconte-t-elle.

« J’ai privilégié l’accueil séquentiel »

Elle prend le temps de se renseigner sur ce métier, de rencontrer une accueillante familiale. Durant cette période, Catherine s’occupe aussi de ses parents âgés qui vivent encore à leur domicile. «  Je ne pouvais donc pas me lancer dans l’accueil d’une personne à temps plein. Avec mes interlocuteurs au Département, nous avons pu définir qu’il valait mieux que je m’oriente vers de l’accueil séquentiel », poursuit-elle. En parallèle, elle s’engage avec la MSA dans le parcours « Avenir en soi »*, un dispositif d’accompagnement conçu pour aider des personnes confrontées à des bouleversements de la vie à faire face au changement. « J’ai pu travailler sur ce projet d’accueil familial. Plus particulièrement sur les questions matérielles qu’il impliquait, notamment des travaux à réaliser pour créer une nouvelle salle d’eau au rez-de-chaussée ou rénover le système de chauffage », explique Catherine. Une fois ces travaux** achevés, elle obtient l’agrément du conseil départemental en novembre 2017. « Lors de plusieurs entretiens avec les professionnels du Département, nous avons pu définir le profil de la personne que je souhaitais accueillir : plutôt une personne âgée, le handicap ne me gênait pas », précise-t-elle.

Formation obligatoire

Tandis qu’elle suit le cycle de formation obligatoire (lire par ailleurs), elle fait deux essais avec des personnes proposées par le Département. Ces accueils ne se poursuivront pas. « C’est un accord des deux côtés, tant du côté de l’accueillant que de l’accueilli », insiste Catherine. Elle se voit alors proposer d’accueillir Maurice. Adulte en situation de handicap, il vient de passer trente ans dans une famille d’accueil sur une exploitation agricole. Mais, l’heure est venue pour cette famille de raccrocher progressivement son rôle d’accueillant. « Il fallait donc à la fois les décharger et créer pour Maurice une transition vers une autre famille, poursuit-elle. J’ai donc commencé par l’accueillir sur des périodes de deux jours puis pendant les vacances [excepté durant la période du Covid]. » Désormais Maurice est accueilli une semaine par mois chez Catherine Rousseau et, le reste du temps, dans une nouvelle famille, un jeune couple avec enfants. « Lorsqu’il est ici, je favorise des activités que je peux faire avec lui : les courses, rendre visite à mes tantes... Jusqu’à présent, il aimait m’accompagner quand je travaille dans les vignes [elle en a gardé 57 ares]. Mais il vieillit. » 

Chaque mois Catherine reçoit une fiche de paie qui comprend une rémunération journalière des services rendus, une indemnité pour congés payés, une autre liée au niveau d’autonomie de la personne accueillie ainsi qu’une indemnité pour les frais d’entretien et la mise à disposition de pièces de sa maison. L’activité se déroule dans le cadre d’un contrat conclu entre l’accueillant et la personne accueillie, représentée si nécessaire par son tuteur légal. En accueillant une seule personne et de façon séquentielle, Catherine Rousseau ne dégage qu’un petit complément de revenu. Mais elle estime avoir trouvé l’équilibre qui lui convient pour concilier cette activité avec sa vie personnelle. 

Sophie Sabot

* Plus d’information sur le parcours « Avenir en soi » en contactant le service action sanitaire et sociale de la MSA Ardèche Drôme Loire au 04 75 75 68 95. 
** Catherine Rousseau a bénéficié d’aides de l’Anah.
Accueillant familial

Un professionnel agréé par le Département

L’accueillant familial d’adultes accompagne, chez lui, des personnes âgées (plus de 60 ans) ou en situation de handicap qui ne peuvent ou ne souhaitent pas vivre seuls mais ne veulent pas entrer en établissement. Il leur propose un accompagnement adapté à leurs besoins dans un contexte de vie familiale. L’accueil est contractualisé entre l’accueillant et la personne accueillie et ouvre droit à une rémunération. Cet accueil peut être permanent ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou partiel (de jour ou de nuit), continu ou séquentiel. Devenir accueillant familial exige un agrément délivré par le président du conseil départemental et le suivi de formations. Le pôle « Accueil familial » du Département accompagne les candidats dans ce parcours. L’accueillant familial reste régulièrement en contact avec les professionnels du Département (infirmière, assistante sociale, psychologue).

Renseignements : Drôme Solidarités au 04 75 79 70 09 ou [email protected]
« Un métier valorisant qui manque de notoriété »
©Drôme.fr
Interview

« Un métier valorisant qui manque de notoriété »

Questions à Françoise Chazal, vice-présidente du Département chargée des solidarités humaines.

Le Département met l’accent à l’occasion d’une campagne de communication sur les métiers de l’accueil à domicile, notamment l’accueillant familial d’adultes. Pourquoi ? 

Françoise Chazal : « Nous sommes effectivement en recherche de candidats. C’est un métier qui manque de notoriété alors qu’il constitue une expérience formidable. Le Département comptabilise à ce jour 85 accueillants familiaux. La capacité d’accueil est de 185 adultes, en majorité des personnes en situation de handicap.

Avant nous avions de nombreux accueillants familiaux issus du monde agricole. Mais le contexte a évolué avec de plus en plus de conjointes ou conjoints qui exercent un métier à l’extérieur de l’exploitation. J’en profite pour préciser que le Département est aussi à la recherche d’assistants familiaux pour accueillir des enfants confiés par l’aide sociale à l’enfance. C’est un autre métier et d’autres conditions d’exercice mais nous sommes, là aussi, en manque de familles d’accueil. »

Quel rôle joue le Département auprès des accueillants familiaux d’adultes ? 

F.C. : « Toute personne qui souhaite accueillir doit bénéficier d’un agrément du Département. Nos services rencontrent les candidats pour expliquer le métier, examiner la conception de la maison, identifier comment l’accueil va se dérouler par rapport à la vie familiale… Le Département organise aussi les formations obligatoires : 12 heures avant le premier accueil puis 42 heures dans les deux ans qui suivent l’agrément ainsi qu’une formation aux gestes de premiers secours. C’est un métier avec de l’humain et il nous est arrivé de retirer des agréments. Il faut bien mesurer que devenir accueillant familial nécessite de la disponibilité et une adhésion de l’ensemble de la famille au projet. Mais c’est un métier valorisant et qui apporte autant à la personne accueillie qu’à la famille qui l’accueille. »

Propos recueillis par Sophie Sabot