Coopérative
L’union Top Semence tient bon

Malgré les tempêtes engendrées, entre autres, par le conflit russo-ukrainien, la sécheresse et le manque d’eau ainsi que la flambée des coûts énergétiques, l’Union Top Semence a avoisiné, pour la première fois de son histoire, un chiffre d’affaires à près de 60 millions d’euros.

L’union Top Semence tient bon
Les membres sociétaires - et leurs directeurs - à l’assemblée générale de Top Semence. De g. à d. (au premier rang) : Lionel Eydant (président de Valsoleil/Coopérative drômoise de céréales), Yves Courbis (président du conseil d’administration de Top Semence), Didier Nury (directeur général de Top Semence), Georges Boixo (directeur général d’Oxyane), Jean-Yves Colomb (président d’Oxyane) ; De g. à d. (au deuxième rang) : Christophe Pelletier (directeur général de la Coopérative drômoise de céréales), Hervé Mucke (directeur du pôle agricole de Natura’pro coopérative), Mathieu Staub (directeur général de Natura’pro coopérative), Christophe Devos (président de Natura’pro coopérative), Dominique Dubeuf (responsable du service approvisionnement de Valsoleil), Julien Chatain (directeur activité semences d’Oxyane). ©TopSemence

«Il y a deux ans, la crise de la Covid-19 relançait le débat de la préservation de notre souveraineté alimentaire. Le regard des Français changeait sur l’agriculture et notre président de la République appelait à “bâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française” et “à plus d’autonomie stratégique pour notre Europe” » (…). Deux ans après, le récent rapport du Sénat relatif à la compétitivité de la ferme France, publié fin septembre, confirme l’urgence d’agir car l’agriculture française continue de perdre en compétitivité. Nous avons reculé de la deuxième à la sixième place des exportateurs mondiaux. In fine, notre souveraineté alimentaire est aujourd’hui fragilisée voire menacée. Si la filière semences a jusque-là bien résisté (toujours premier exportateur mondial et premier producteur européen, ndlr), les premiers signes d’inquiétudes se remarquent de plus en plus », a alerté Didier Nury, directeur général de l’Union Top Semence, le 8 décembre à l’occasion de l’assemblée générale organisée à Montélimar. Devant une cinquantaine de personnes, il a énoncé les différentes problématiques rencontrées par la filière semencière, et plus largement par le monde agricole, à savoir : l’impact du conflit russo-ukrainien sur les productions, la sécheresse historique de l’été 2022, la flambée des coûts de l’énergie…

Anticipation et planification

« Les tumultes sur les marchés mondiaux résonnent aujourd’hui dans nos campagnes », regrette Yves Courbis, le président de l’Union. « Face à cela, il est urgent de poser les fondements d’un new-deal agricole. Le maintien de notre souveraineté alimentaire va au-delà de la seule autonomie. C’est bien notre capacité à anticiper pour construire le modèle agricole de demain qui permettra d’affronter les impératifs économiques, environnementaux et sociétaux (…).

Aussi, notre filière a besoin d’un cadre sécurisé pour permettre le maintien des investissements », ajoute le directeur général, récemment nommé à la présidence de l’Union française des semenciers (UFS). Devant les difficultés actuelles, Top Semence affirme donc sa prise de responsabilités. « Notre Union est pleinement engagée, avec l’ensemble des partenaires de la filière, pour inciter les pouvoirs publics à mettre en place des mesures de soutien aux producteurs », prévient Didier Nury. « Doit-on rappeler le bon sens ? Pas de production, pas de paysans. Pas de paysans, pas de production… Doit-on rappeler que la graine de semence est la base première de l’alimentation ? », ajoute Yves Courbis.

Les surfaces de production en recul

En France, les surfaces de production de semences sont en recul de 2 %, avec 395 000 ha. « C’est plus de 1 000 ha de production que nous ne pouvons mettre en place chaque année, et ce depuis trois ans alors que la demande est là », note Didier Nury, évoquant le besoin de retrouver la confiance des producteurs et de leur redonner l’envie de produire des semences. « Dans les semaines qui arrivent, les agriculteurs multiplicateurs auront la possibilité de contractualiser pour la campagne 2023. Dans le contexte actuel, serait-il raisonnable qu’ils le fassent ? », avoue toutefois Yves Courbis, lançant un appel aux pouvoirs publics pour une meilleure rémunération des agriculteurs. « Dans une période de doute et d’incertitude, la passion ne suffit plus… », conclut-il.
Malgré ce contexte difficile, l’Union Top Semence a réussi à combattre vents et marées pour atteindre un chiffre d’affaires au plus haut depuis sa création, de près de 60 M€ (contre 59,4 M€ en 2020).

Amandine Priolet

Changement de présidence : Yves Courbis passe la main

Changement de présidence : Yves Courbis passe la main

« Engagé fidèle depuis 43 ans au sein de l’Union Top Semence et assumant pleinement ma retraite professionnelle, je terminerai mon engagement à l’issue de cette assemblée générale, après cinq années de présidence. La raison l’emporte sur la passion. » Ce sont par ces mots qu’Yves Courbis a conclu son rapport moral, souhaitant une pleine réussite à son successeur (nommé courant janvier 2023) pour assurer une continuité stratégique forte dans un contexte chahuté et instable. « Il y aura un bel avenir pour Top Semence, assure-t-il. Top Semence a atteint une taille assez exemplaire pour une union de coopératives, tant au niveau national qu’européen. C’est une force aujourd’hui d’avoir une entreprise semencière identifiée pour peser face aux leaders mondiaux », se confie-t-il.
Agriculteur de profession, retraité depuis deux ans, Yves Courbis a signé son premier contrat avec Top Semence en 1979, « lui apportant de la sécurité sur son exploitation dans un contexte moins compliqué qu’aujourd’hui ». « Les semences ont permis de me nourrir et de développer une activité de passionné. C’est un métier de passion, en recherche constante de professionnalisme, de performance et de résultats techniques », se rappelle-t-il. Depuis dix-sept ans, il a cumulé les fonctions au sein de l’Union Top Semence, d’abord en tant que vice-président (durant douze ans) puis en tant que président ces cinq dernières années. « Cette prise de fonction à la tête de l’Union - alors que j’étais encore agriculteur actif - était l’aboutissement de mon engagement. Aujourd’hui, à 66 ans, il est normal que je laisse ma place pour voir émerger de nouvelles stratégies. Il est important, selon moi, que le représentant de l’Union soit un actif, imprégné de la réalité du terrain, même si je ne me sentais pas déconnecté pour autant ». Nul doute qu’Yves Courbis gardera un œil sur le développement de cette filière qui l’a tant passionné.

A. P.