Coopérative
Valgrain, quarante ans de productions semencières

Valgrain, qui fête ses quarante ans d’existence, a tenu sa réunion d’information générale le 12 décembre à Valaurie. La dernière pour l’actuel président, Philippe Almoric.

Valgrain, quarante ans de productions semencières
Après douze années à la présidence de Valgrain, Philippe Almoric passe la main. « Mon rôle a été de défendre ce qui est défendable pour rester crédible », a-t-il confié. ©AD26-CL

Après douze années à la présidence de Valgrain, Philippe Almoric a décidé de passer la main. « Il n’y a pas eu que des moments faciles mais les échanges ont toujours été riches », a-t-il confié, ému, face aux adhérents et responsables de la structure. Il faut dire que cette coopérative semencière a un statut bien particulier puisqu’elle est gérée par Limagrain, grand groupe coopératif agricole fondé en Auvergne en 1965. Entre la petite et la grande coopératives, les relations ont parfois été tendues, tant sur les rémunérations que sur les plans de production. « Fort heureusement, nous sommes arrivés à normaliser le lien », a fait remarquer Philippe Almoric. Preuve en est avec la présence, le 12 décembre à Valaurie, du président de Limagrain, Sébastien Vidal, et du directeur général de Limagrain Coop, Christophe Brasset.

Des outils de production et de récolte adaptés

 
Plusieurs anciens présidents et un vice-président sont venus raconter quelques épisodes marquants des quarante ans de Valgrain. ©AD26-CL

Valgrain a connu cinq présidents en quarante ans et plusieurs sont venus raconter quelques épisodes marquants de la coopérative, créée en 1981 après l’incendie qui avait détruit cinq ans auparavant l’usine Tézier de Valence. De 1984 à 1992, la structure a été transférée de Portes-lès-Valence à L’Homme-d’Armes puis, en 1995, sur son site actuel des Tourrettes. « L’entreprise a su se développer et adapter ses outils de production et de récolte », ont considéré d’anciens dirigeants. Valgrain compte aujourd’hui trois hangars, deux séchoirs tournesol (dont un couvert), sept boisseaux, quatre séchoirs à containers, deux pré-nettoyeurs pour tournesols HC et SB et une égreneuse maïs SB. « Cela permet d’obtenir de très bonnes performances », a noté un dirigeant.

Maïs, tournesol, colza

Cette année, 1 006 hectares (ha) de maïs semence ont été contractés par les adhérents de Valgrain. « C’est une surface stable, en légère diminution en semence de base », a précisé Philippe Almoric. L’été caniculaire et le manque d’eau ont fait chuter le résultat technique à 79 %. Un résultat sensiblement meilleur en tournesol puisqu’il a atteint 88 % sur une surface de mul­tipli­ca­tion de 1 193 ha (en baisse après une une année record). En colza, pour la troisième année consécutive, les surfaces ont continué à progresser pour atteindre 480 ha en 2022 et un résultat technique de 101 %.

Le 12 décembre, adhérents et responsables de Valgrain sont venus nombreux à Valaurie pour la dernière assemblée présidée par Philippe Almoric. ©AD26-CL

Sur le plan économique, une prime exceptionnelle de 500 euros par hectare de maïs a été accordée par Limagrain, maison mère de Valgrain. « Nous avions demandé 830 euros », a indiqué Philippe Almoric. « On peut penser que ce n’est pas assez mais l’effort fait au delà de l’accord contractuel n’est pas à négliger, a répondu Sébastien Vidal. Limagrain n’est pas riche, c’est une petite société semencière par rapport à d’autres et nous devons gérer au centime près. »

Dans son plan de pro­duc­tion pour 2023, Valgrain pré­voit des sur­faces stables en maïs (1 000 ha) et tour­ne­sol (1 200 ha) mais en augmentation pour le colza (600 ha). « Espérons que nous aurons l’irrigation en 2023 », a glissé Philippe Almoric, faisant référence aux actuelles incertitudes qui pèsent sur le Syndicat d’irrigation drômois confronté à une hausse explosive de sa facture d’électricité (lire nos précédentes éditions).

Christophe Ledoux

Limagrain : forte croissance en semences de grandes cultures
De gauche à droite : Sébastien Vidal, président de Limagrain, et Christophe Brasset, directeur de Limagrain Coop et de Valgrain. ©AD26-CL

Limagrain : forte croissance en semences de grandes cultures

Présent à la réunion d’information générale de Valgrain, le président de Limagrain, Sébastien Vidal, a présenté les résultats annuels du groupe coopératif.

C’est par la date du 24 février 2022 que le président de Limagrain, Sébastien Vidal, a débuté son intervention. Cette date, c’est celle de l’invasion russe en Ukraine et d’un nouveau bouleversement de l’économie mondiale. Pour Limagrain, elle marque aussi le début d’une vive inquiétude pour ses cent salariés basés dans le pays envahi. « Nous avons pris des mesures spécifiques pour les aider et sur les 80 millions d’euros (M€) de chiffre d’affaires escompté, 60 % ont pu être réalisés », a-t-il noté. Un exploit.

Plus globalement, sur son dernier exercice, le groupe coopératif (quatrième groupe semencier mondial) a réalisé un chiffre d’affaires de plus de deux milliards d’euros (en hausse de 6,2 %) : 228 M€ pour Limagrain Coop (+ 18 %), 179 M€ pour Limagrain Ingrédients (+ 13,4 %), 310 M€ pour la branche boulangerie pâtisserie (+ 0,7 %), 52 M€ pour les produits du jardin (- 12,8 %) et 1,5 milliard pour l’activité semencière.

Colza et tournesol dopent le chiffre d’affaires

En semences potagères (718 M€ de chiffre d’affaires, en hausse de 1,2 %), « nous confirmons notre position de numéro un mondial, a noté le président de Limagrain. Mais l’année a été en demi-teinte avec un marché assez “flat”, sans beaucoup de croissance. » En semence de grandes cultures (816 M€ de chiffre d’affaires, en hausse de 12,6 %), « notre stratégie d’innovation et d’internationalisation a été bénéfique, a expliqué Sébastien Vidal. La forte progression du chiffre d’affaires s’est faite grâce au colza (génétique performante) et au tournesol. » Et d’ajouter : « La croissance est soutenue en Amérique du Sud et nous faisons preuve d’une grande résilience malgré le conflit russo-ukrainien ». À noter, le groupe Limagrain a investi 275 M€ dans la recherche.

C. Ledoux

Gestion du risque climatique : il est temps de se renseigner

À compter du 1er janvier 2023, le nouveau dispositif d’assurance récolte effacera le régime des calamités agricoles pour faire place à un système public-privé à trois étages avec un partage du risque entre l’agriculteur, les assureurs et l’État. Jusqu’à 20 %, l’agriculteur assumera financièrement ses pertes. Au-delà, soit entre 20 et 50 %, les pertes seront prises en charge par les assurances privées. Lors de sinistres d’ampleur exceptionnelle, l’État interviendra avec le Fonds de solidarité national (FSN). « Les agriculteurs devront ainsi choisir entre la seule intervention de l’État via le FSN et une protection plus importante en souscrivant un contrat d’assurance récolte. Pour bénéficier du FSN, les agriculteurs non-assurés devront impérativement être référencés auprès du guichet unique », a expliqué Rémi Dubourg, chargé d’étude à Chambre d’agriculture France, invité à la réunion d’information de Valgrain.

Pour les semenciers, l’épineux problème de la moyenne olympique reste un « sujet inextricable ». Quoi qu’il en soit, il leur est vivement conseillé de faire réaliser sans tarder des simulations.