Désherbage mixte en tournesol : une technique qui fait ses preuves
Dans le contexte actuel, le désherbage mixte, combinaison de leviers chimiques classiques à des techniques alternatives, apparaît comme une évidence. Cependant, cette technique est à réserver à des situations bien particulières et est soumise à des règles d’usage incontournables. Les explications de Terres Inovia.

Il existe plusieurs itinéraires mixtes de désherbage en tournesol.
• L’herbi-semis puis binage. La technique de l’herbi-semis consiste à appliquer un herbicide racinaire localisé sur une bande de 25 à 30 cm au moment du semis grâce à des buses spécifiques adaptées sur le semoir. Seule une fraction de la surface est désherbée chimiquement ce qui permet de diminuer largement la dose utilisée à l’hectare. L’inter-rang peut être soit travaillé mécaniquement soit non-travaillé dans le cadre d’une technique simplifiée du travail du sol (utilisation du strip-till par exemple). La performance de l’herbi-semis puis binage est régulièrement égale ou supérieure à la référence de désherbage en plein. Tout en faisant l’économie d’un passage de pulvérisateur en plein, l’herbi-semis permet une diminution de l’usage d’herbicides (jusqu’à 66 %) et une totale maîtrise des coûts de production. Compte tenu du coût élevé des herbicides de prélevée (80 à 90 €/ha) et du coût estimé d’un binage (environ
25 €/ha - matériel, traction et main-d’œuvre compris), il devient possible d’envisager un voire deux binages sans alourdir le poste désherbage du tournesol. De plus, cette technique permet d’envisager la maîtrise des flores non-contrôlables par la seule voie chimique (ammi majus, mercuriale, liseron…).
• Le désherbinage. Cette technique consiste à désherber mécaniquement l’inter-rang et à détruire chimiquement les repousses sur le rang qui ne peuvent être atteintes mécaniquement. Cette technique est utilisée sur des semis de culture sarclée : maïs, tournesol, soja, colza. Réalisé au stade 4-6 feuilles du tournesol (variété tolérante), le désherbinage donne des résultats tout à fait corrects, à peine inférieurs à la post-levée en plein. Toutefois, la souplesse d’intervention sera réduite pour pouvoir répondre à la fois aux exigences du chimique et du mécanique en post-levée. Outre les conditions climatiques, un stade avancé des adventices sur le rang peut poser problème au moment du passage car elles sont plus difficiles à détruire. Pour ces raisons, le désherbinage semble moins fiable et sécuritaire que l’herbi-semis suivi d’un binage.
• Le binage seul. Par son action exclusive sur l’inter-rang, le binage seul, même répété deux fois, peut s’avérer insuffisant pour aboutir à un désherbage acceptable. En fonction du salissement attendu, un traitement adapté à la flore dominante pourra sécuriser le désherbage en évitant la compétition des mauvaises herbes pour l’eau et les éléments nutritifs sur le rang.
En résumé
L’efficacité du traitement localisé de prélevée couplé au semis (herbi-semis) succédé par le binage est clairement supérieure à celle du traitement localisé de post-levée couplé au binage (désherbinage sur variété tolérante). L’herbi-semis présente l’avantage de sécuriser précocement la ligne de semis, à condition de choisir le ou les produit(s) adapté(s) à la flore. Le binage de l’inter-rang du tournesol élimine en tendance plus de 80 % des adventices présentes. L’association des deux, herbi-semis puis binage, procure des résultats globalement supérieurs au traitement de référence en prélevée en plein et à peine inférieurs au traitement de post-levée en plein (imazamox ou tribénuron-méthyle).
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Alexis Verniau, Terres Inovia
