Evénement
Saoû : cinquante ans d’existence  pour la Fête du Picodon

La renommée de la Fête du Picodon à Saoû n’est plus à faire, et ce bien au-delà des frontières du département de la Drôme. Ce 17 juillet, elle fête son cinquantième anniversaire.

Saoû : cinquante ans d’existence  pour la Fête du Picodon
La Fête du Picodon est devenue au fil du temps une fête culturelle du village de Saoû (Crédit photo : http://fetedupicodon.com/).

Avec près de 10 000 visiteurs chaque année, la Fête du Picodon de Saoû n’en est plus à son coup d’essai. Cette année, c’est un événement quelque peu exceptionnel puisqu’au-delà de fêter sa notoriété grandissante, la Fête du Picodon souffle ses cinquante bougies d’existence. Devenue capitale du Picodon par la force des choses, et non pas pour avoir abrité la naissance de cette spécialité fromagère caprine drômardéchoise, la municipalité de Saoû s’est attachée à véhiculer les valeurs et la garantie du goût de cette fabrication locale.
À travers son mémoire de master, Jean-Baptiste Montard, étudiant en études rurales, a retracé l’histoire de cette fête qui débute au début des années 1970. « Alors que le mouvement de mondialisation et de standardisation des produits s’accélère depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les réactions se multiplient en faveur de la “diversité” de la production alimentaire. Par la célébration d’un “produit de terroir”, la Fête du Picodon - dont le succès ne fait qu’augmenter lors des premières années de sa mise en place - répond à des préoccupations économiques mais aussi culturelles et identitaires », explique-t-il. 
Organisée par un syndicat d’initiative créé en 1972 (et désormais pilotée par un comité d’organisation), la manifestation - auparavant intitulée « La fête à Saoû » - prend sa place dans le calendrier, le troisième week-end de juillet.

Une reconnaissance pour le Picodon

C’est en 1974 que la première foire au Picodon voit le jour, avec la présence de sept producteurs. Acteur majeur de l’événement, le Syndicat caprin de la Drôme organise alors un premier concours de dégustation de fromages de chèvre.
Mais ce rendez-vous, qui allait devenir incontournable au fil du temps, prit une nouvelle ampleur en 1975 sous l’impulsion du maire Henry Fuoc, journaliste de formation et parfait communicant. C’est de lui que vient la dénomination « La fête du Picodon ». Dans le mémoire de Jean-Baptiste Montard, il raconte : « J’ai expliqué que “la fête à Saoû” ça n’attirait absolument personne parce que c’était très local. Si on fait la fête d’un fromage de chèvre qui était particulièrement “typé”, ça devenait, médiatiquement, beaucoup plus vendeur. » Une médiatisation qui vaut aux habitants de Saoû de recevoir pour l’occasion la visite, entre autres, de Marielle Goitschel (médaillée d’or aux jeux olympiques de Grenoble), Jean-Pierre Foucault (animateur de radio et de télévision) ou encore Michel Galabru (acteur).

Une tradition de village

La fête prend encore un nouveau tournant au début des années 1980, à l’époque où les acteurs du Picodon revendiquent une appellation d’origine contrôlée, qui identifie les liens entre le fromage, son territoire et le savoir-faire des producteurs. Orchestrée par le Syndicat du Picodon, créé en 1975 (lire par ailleurs), l’obtention de l’AOC apporte une meilleure valorisation de ce produit du terroir, petit par la taille mais grand par le goût. La Fête du Picodon de Saoû devient alors un lieu de défense du Picodon, puis s’ouvre vers de nouveaux horizons en laissant place aux autres produits du terroir. Des spectacles culturels viennent peu à peu compléter le programme d’une manifestation qui se veut avant tout festive, conviviale et solidaire. Au fil des années, la commune de Saoû est donc devenue un lieu de promotion et de célébration de cette production fromagère locale. Mais il semblerait que le Picodon déserte peu à peu les étals du marché… « Au début, c’était la fête du petit fromage rond. Mais petit à petit, nous avons eu de moins en moins d’exposants fromagers. L’an passé, ils n’étaient plus que quatre », regrette cependant le président du comité d’organisation de la fête depuis 2018, Christophe Servent, alors qu’il existe plus de 150 picodoniers en Drôme et Ardèche (lire par ailleurs). Aujourd’hui, la fête permet donc de faire plus largement la promotion des produits du terroir et d’apporter des animations culturelles à la commune (concerts, acrobates, magiciens, circassiens, fanfare, etc.).

L’avenir de la fête en jeu ?

Mais si la renommée de la Fête du Picodon de Saoû n’est plus à faire, les membres du bureau du comité d’organisation sont inquiets. « L’équipe, en place depuis huit ans, s’essouffle peu à peu. Nous ne trouvons pas de jeunes qui veulent se joindre à nous et reprendre progressivement le flambeau. Aujourd’hui, nous sommes inquiets sur le devenir de la plus grosse fête du village, confie Christophe Servent, aussi éleveur de brebis. C’est une fête incroyable qui nous tient beaucoup à cœur mais qui demande beaucoup de temps et de préparation. Nous aimerions passer la main et voir perdurer cet évènement majeur dans la vie de la commune de Saoû. »
Pour cette édition 2022 toute particulière, le président et son équipe fidèle de bénévoles mettent le paquet en termes d’animations de rues, concerts, etc. Plus de 150 exposants (créations, produits du terroir) sont attendus. En espérant que ce cinquantième anniversaire ne sonne pas le glas d’une fête historiquement reconnue.
Amandine Priolet

Le syndicat AOP du Picodon moteur pour la filière
Lors de cette fête, les picodoniers peuvent présenter leurs meilleurs produits au concours du Picodon. (Crédit photo : http://fetedupicodon.com/).

Le syndicat AOP du Picodon moteur pour la filière

« Cette fête est toujours un moment important, une animation attendue, qui fait l’histoire de l’AOP », annonce Karine Mourier-Duvignaud, présidente du syndicat de défense et de promotion du Picodon. Depuis sa création en novembre 1975, le syndicat a toujours marqué de sa présence la fête à Saoû, à travers le défilé de la confrérie, le concours des fromages fermiers jusqu’en 2000 puis le concours réservé au meilleur Picodon. « Ce concours permet d’apporter de la notoriété à notre fromage, à notre savoir-faire, mais aussi d’apporter une belle reconnaissance aux picodoniers primés », poursuit-elle. Depuis l’obtention de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) en 1983, qui s’est étendue en appellation d’origine protégée (AOP) en 2009, le Picodon ne cesse d’accroître sa notoriété. « Gage de qualité, l’AOP Picodon garantit l’origine du produit, les conditions de production et les caractéristiques du fromage. C’est aussi un argument commercial intéressant », souligne Karine Mourier-Duvignaud. Depuis tant d’années, le travail que fait le syndicat AOP sur le territoire se veut moteur pour la filière : « Par ricochet, toute la filière caprine et fromagère en profite », assure la présidente. Parmi les missions de l’institution, celle de veiller au maintien de la qualité originelle du fromage à travers le respect du cahier des charges. Aujourd’hui, 156 producteurs de Drôme et d’Ardèche font près de 530 tonnes de Picodon AOP.  

  A. P.

Une confrérie dédiée à la défense du picodon

Une confrérie dédiée à la défense du picodon
Recette : Tiramisu fraises  et Picodon

Recette : Tiramisu fraises  et Picodon

Ingrédients (pour 6 personnes) :
1 picodon jeune râpé.
5 cl de crème fraiche.
250 g de Mascarpone.
80 g de sucre.
3 œufs.
12 biscuits à la cuillère.
250 g de fraises.
4 cl de sirop de fraise + 3 cl d’eau.
1 branche + quelques fleurs de romarin.

Préparation (35 minutes + 12 h au frais)
Dans une casserole, porter la crème à ébullition avec la branche de romarin. Couvrir et laisser infuser 15 mn hors du feu.
Ôter la branche de romarin, ajouter le Picodon râpé et faire fondre à feu doux. Laisser tiédir, puis ajouter le mascarpone et le sucre. Bien mélanger.
Séparer les jaunes d’œufs des blancs, les ajouter à la crème Mascarpone/Picodon. Monter les blancs en neige ferme, les incorporer délicatement.
Laver, équeuter et couper les fraises en lamelles.
Dans un saladier, mélanger le sirop de fraise et l’eau.
Tremper rapidement les biscuits et les disposer au fond des verrines.
Recouvrir jusqu’à mi-hauteur de crème, déposer les lamelles de fraises et terminer par une couche de crème.
Laisser reposer 12 h au réfrigérateur.
Juste avant de servir, décorer avec un peu de sucre coloré et quelques fleurs de romarin.
Déguster bien frais.
Recette proposée par le site https://www.picodon-aop.fr/