Couverts végétaux
De la bonne santé des noyers

Dernièrement, Nicolas Revol, nuciculteur à Chatte, a accueilli la chambre d’agriculture de l’Isère, la Senura et la Cuma du Piedmont pour la tenue d’une après-midi technique au sujet des couverts végétaux sous noyer.

De la bonne santé des noyers
Une démonstration du modèle Kverneland 3P1006NT de Great Plains a été réalisée chez Nicolas Revol, à Chatte.

« En 2011, la filière a commencé à s’interroger quant au problème du tassement du sol », explique Olivier Gamet, producteur de noix et de céréales à Chatte. Un travail à grande échelle a donc été mené par la chambre d’agriculture de l’Isère, qui a effectué des essais de couverts végétaux sous noyers.Afin que les résultats de ces expérimentations soient délivrés, Nicolas Revol, nuciculteur à l’EARL de Champ Raillet, à Chatte, a accueilli la Chambre d’agriculture de l’Isère, la Cuma du Piedmont ainsi que la Senura et de nombreux nuciculteurs le 30 mai.

Des objectifs précis

Les couverts végétaux doivent avant tout être composés de variétés différentes, dont une quantité conséquente de légumineuses – leur système racineux travaille bien le sol, l’objectif étant de produire suffisamment d’azote.Les couverts végétaux sont importants pour les noyers car ils servent à améliorer la vie biologique des sols. « Ils apportent de la matière organique labile », explique Ghislain Bouvet, conseiller nucicole à la Chambre d’agriculture de l’Isère. Ils permettent également de « lutter contre le tassement de sol ». Ils limitent la lixiviation des nitrates et les pertes de potasse. Il s’agit également de ne pas déstructurer le sol enherbé.Les couverts végétaux permettent ainsi de faire pousser de la biomasse sous les noyers, surtout dans les vergers les plus intenses, mais ils permettent également d’obtenir un « effet azote », explique Ghislain Bouvet, « avec pour objectif, à terme, de réduire le dernier apport d’azote ».

Il faut néanmoins compter sur des contraintes, à la fois agronomiques et matérielles. En Isère, afin de ne pas déstructurer le sol en faisant ressortir des pierres, il convient d’utiliser des semoirs sou couverts à disques, inclinés ou droits, mais surtout pas à soc. « Il est très important de broyer les feuilles avant les semis pour lutter contre l’anthracnose », ajoute le technicien. Il est également important d’avoir du matériel adapté : il vaut mieux éviter d’utiliser un semoir trop lourd car ses capacités de relevage sont limitées. « Les semoirs de moins de deux mètres de largueur posent moins de problème », précise le conseiller. De la même façon, mieux vaut éviter d’utiliser du matériel trop long s’il est traîné et d’avoir des trémies trop hautes.

Les techniques employées

Il convient tout d’abord de prendre en compte différents critères pour composer son mélange. Plus il y a d’espèces, plus les chances de réussir son couvert végétal seront élevées. « La féverole est d’ailleurs une légumineuse plus résistante que les autres car les graines sont plus grandes », précise Ghislain Bouvet. En ce qui concerne les semis, il faut que les céréales soient plantées entre 2 et 4cm de profondeur, la féverole entre 7 et 8cm et le pois entre 4 et 5cm dans un sol argilo-calcaire.« Il faut aussi quatre graines au minimum pour que le mélange soit homogène », ajoute Nicolas Revol. Les graminées sont dites « structurantes » grâce à leur système racinaire – c’est tout particulièrement le cas de l’avoine – mais elles sont très demandeuses d’azote en cas de broyage tardif. Les légumineuses, quant à elles, sont plus riches en azote car elles créent des nodosités.
Pour quels résultats
Nicolas Revol possède 30 hectares de noyers. Il a choisi cette technique car ses sols sont limoneux, caillouteux et aussi parce qu’il s’inquiétait pour la vie du sol. « J’ai au départ essayé le système airway, mais il n’est pas très utile dans le temps », ajoute-t-il. Chez lui, les résultats ont été plutôt bons et il espère que cette technique améliorera la vie de ses sols. Il explique avoir utilisé environ 100kg de méteil ainsi qu’une quinzaine de kilos de féverole.
Morgane Poulet

Le différents types de semoirs

Différents types de semoirs peuvent être utilisés en nuciculture :

- Semoir à soc de type Aïtchison, Simtech 3m. Ses avantages : son poids limité (1 500kg en 3m) et son coût modéré. L’inconvénient : il ferait sortir du sol un volume conséquent de pierres.
- Semoir à disques inclinés ou droits. Ses avantages : il ne marque pas le sol et ne fait pas sortir de pierre. Ses inconvénients : il est lourd et est donc préférable en version traînée mais des manœuvres sont nécessaires et il est plus cher qu’un semoir à soc. Il est également difficile à amortir uniquement en nuciculture, sans surface suffisante en grandes cultures, par exemple.
- Semoir en lignes classiques. Ses inconvénients : il ne peut être utilisé qu’une fois les feuilles au sol déjà broyées afin d’éviter les bourrages et il ne faut pas qu’il y ait de poids sur les éléments semeurs.

MP

Le semoir de semis direct de la Cuma du Piedmont 

Raphaël Gaillard, de la Cuma du Piedmont, explique qu’il était nécessaire pour la Cuma de « trouver un semoir qui puisse fonctionner à la fois dans les grandes cultures et sous les noyers ». En 2018, un semoir Great Plains Kverneland 3P1006NT a été acheté pour un coût total de 38 000 euros. 30 000 euros ont été subventionnés par le programme Tepos (Territoires à énergie positive) et 8 000 euros par la Cuma du Piedmont. Il s’agit là d’un semoir à disque droit, qui soulève peu de pierres et qui sème bien les graines.Raphaël Gaillard regrette néanmoins que le semoir n’ait pas été beaucoup utilisé jusqu’à présent, malgré de très bons résultats. « Nous ne couvrons pas assez de surface, l’an dernier, nous n’avons fait aucun hectare », appuie-t-il. Pourtant, le coût de l’utilisation du semoir reste raisonnable : il faut compter environ 100 euros par hectare, chauffeur compris.
MP