ÉCHOS DE CAMPAGNE
Pêches et nectarines : marché actif et prix correct

En Drôme, des opérateurs confirment que le marché a été porteur en pêches et nectarines. Les fruits étaient de qualité et la concurrence espagnole peu présente.

Pêches et nectarines : marché actif et prix correct
La qualité des fruits mis sur le marché cette année a satisfait les consommateurs.

« En pêches et nectarines, le marché a été très fluide du début jusqu’à la fin », constate Laurent Favel, arboriculteur et gérant de la SARL Grande Île à Donzère. Plusieurs phénomènes ont selon lui contribué à cette fluidité. En premier lieu, une récolte française qui n’était pas pléthorique, puisque certains vergers ont souffert du gel en 2022. C’est le cas chez Laurent Favel où, selon les parcelles, des pertes de 40 à 100 % des volumes ont été enregistrées sur les variétés précoces. « Au total, en pêches-nectarines, nous sommes 30 % en dessous du potentiel de production », précise-t-il. En second lieu, la très faible production en Espagne où les vergers ont été fortement touchés par le gel. « Nous avons eu très peu de concurrence espagnole. Le marché français est donc resté actif avec des prix très corrects, décrit Laurent Favel. À l’export également [Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse, pour la SARL Grande Île, ndlr], les marchés ont été fluides. » Les valorisations à l’export ont d’ailleurs été selon lui « optimums », car les prix n’ont pas été tirés vers le bas par l’offre espagnole. Un bémol tout de même : ces prix satisfaisants pourraient tout juste couvrir l’explosion des coûts de production (engrais, énergie, main-d’œuvre, emballages…). Le producteur donzérois estime en effet que les coûts de revient ont augmenté cette année de 25 à 30 centimes d’euro par kg.

Bon potentiel en pêches, décevant en abricots

Chez Rhoda-Coop à Saint-Rambert-d’Albon, Christophe Claude, directeur général, annonce que la coopérative a quasiment atteint son potentiel de production cette année en pêches et nectarines. « Nous dépassons les 6 000 tonnes, avec cependant une petite déception sur les calibres, précise-t-il. Mais nous avons mis sur le marché un très bon produit. Le taux de sucre, les qualités gustatives étaient là. Le consommateur a été satisfait. » Il confirme que la campagne commerciale s’est correctement déroulée. « La faiblesse de l’Espagne » et « une très belle saison en matière de météo et de dégustation » ont été selon lui les ingrédients de cette réussite.

En abricots, il annonce en revanche « une très grande déception, une de plus. Nous sommes loin du potentiel, à 4 000 tonnes au lieu de 6 000. » En cause, le gel, sur les Baronnies essentiellement mais aussi de façon plus diffuse sur d’autres territoires. « Le marché n’a cependant pas été à la hauteur du déficit de production que nous avons connu dans la vallée du Rhône », estime Christophe Claude. Il rappelle que, globalement, la production française d’abricots n’était pas déficitaire cette année. L’Italie a aussi été très présente, « perturbant le jeu à l’export », indique le directeur de Rhoda-Coop.

Sophie Sabot

A lire également, l'interview de Bruno Darnaud, arboriculteur drômois et président de l'AOP pêches et abricots de France.

Pénurie de main d’œuvre

« Un vrai drame pour le verger français »

« Je pense qu’il est plus dur aujourd’hui de trouver du personnel que des clients », résume Christophe Claude, directeur de Rhoda-Coop. Pour faire face à cette pénurie de main-d’œuvre, Rhoda-Coop a fait le choix d’investir dans des équipements de calibrage en pêches-nectarines qui limitent l’intervention humaine. « Ainsi nous pouvons faire face aux pointes d’activité et répondre à la demande de nos clients », indique le directeur. Mais il redoute ce qui se passe en ce moment sur les exploitations. « Certains de nos adhérents sont en train d’adapter leur verger à leurs possibilités de trouver de la main-d’œuvre. Ils ne replanteront pas. C’est un vrai drame pour la production française parce qu’une fois que vous avez perdu ce potentiel, c’est pour une ou deux décennies voire générations. La preuve, la pêche marche bien depuis deux ou trois ans, ce n’est pas pour ça qu’elle se replante.» Un message que Christophe Claude a eu l’occasion de transmettre au ministre du Travail, Olivier Dussopt, en visite en Ardèche début septembre. 

S.S.