Sylviculture
Attirer des jeunes dans les métiers du bois et repenser la forêt

En assemblée générale le 1er octobre à Lens-Lestang, l’association Drôme des collines Forestière a mis l’accent sur la pénurie de main-d’œuvre dans les entreprises du bois et évoqué la nécessité de repenser la forêt à l’heure du changement climatique.

Attirer des jeunes dans les métiers du bois et repenser la forêt
A Lens-Lestang, l’assemblée générale de l’ADCF s’est déroulée en présence d’élus locaux et de représentants d’associations, groupements et entreprises des secteurs du bois et de la forêt.

Les forestiers, comme les agriculteurs d’ailleurs, font face à une succession d’années difficiles (sécheresse, vents violents, neige lourde, grêle, maladies), ce qui provoque de nombreux dépérissements d’arbres. S’ajoute « la crise des scolytes » sur les résineux. « La chance du territoire de la Drôme des collines, c’est d’avoir 18 000 hectares de forêts d’une large diversité avec des chênes, châtaigniers, robiniers faux acacias, hêtres, frênes, peupliers, résineux divers, souligne Jocelyne Chancrin, présidente de l’association Drôme des Collines forestière (ADCF). Mais cette diversité d’essence, essentiellement en feuillus, supportera-t-elle mieux le changement climatique ? » La question reste entière.

Attirer des jeunes pour contrer la pénurie de main-d’œuvre

Sur un plan conjoncturel, « la fin de l’année 2020 a été très favorable à la filière bois avec des demandes élevées des Etats-Unis et de la Chine », constate l’ADCF. Cette situation provoque des hausses de prix mondiales significatives et, en France, une pénurie de sciage. La demande est bien présente sur le territoire (piquets, bois constructions, menuiserie, bois déchiquetés) et les scieries tournent à plein. Seul bémol, la pénurie de main-d’œuvre pour bon nombre d’entreprises, quels que soient les secteurs (exploitation forestière, première et seconde transformations, bois d’œuvre, négoce). Afin d’attirer des jeunes, tous les acteurs de la filière sont unanimes pour que soit amplifiée la communication autour des métiers du bois. « Il faut démystifier les conditions de travail et dire que l’on peut gagner sa vie dans les métiers du bois », fait-on remarquer. Le travail réalisé par la charte forestière des Chambaran va dans ce sens. Son exposition itinérante est constituée de tableaux clairs et très faciles à comprendre par tous les publics, notamment les jeunes des collèges et lycées.

Sensibilisation des usagers de la forêt

Autre point évoqué, la sur-fréquentation des sites forestiers. Cela a conduit l’ACDF à sensibiliser les usagers au respect des propriétés ainsi qu’aux problématiques liées aux exploitations forestières. Ce travail a été mené avec, entre autres, la Charte forestière des Chambaran, Fibois, le centre régional de la propriété forestière (CRPF), les Départements de la Drôme et de l’Isère. Il a débouché sur la réalisation de plaquettes pédagogiques « multi-usages en forêt » à destination de tout public.
Malgré les difficultés liées au contexte de crise sanitaire Covid-19, l’ADCF a poursuivi ses travaux. L’accent a été mis sur la sécurité des intervenants lors d’une coupe : déclaration en mairie, état des lieux avec la mairie, panneau de chantier, vêtements de sécurité... « Beaucoup trop d’accidents pourraient être évités, estime l’ADCF. L’exercice “secours en forêt” initié par l’interprofession Fibois a pointé la nécessité de respecter toutes les réglementations. » Dans les projets de l’association, la neuvième Fête de la forêt et du Bois à Roybon, prévue initialement les 5 et 6 septembre 2020, est toujours d’actualité. L’ADCF espère qu’elle pourra se tenir en 2022. 
 

Pas de déforestation mais une “malforestation”

Si l’on se réfère aux derniers chiffres publiés par l’IGN, la situation française est plutôt satisfaisante avec une forêt française qui occupe aujourd’hui 31 % du territoire (+ 20 % en 35 ans) et un volume de bois sur pied en progression (+ 60 % en 35 ans). Avec cette expansion, la forêt constitue un puits de carbone absorbant chaque année 83 millions de tonnes de CO2. Les forêts métropolitaines présentent globalement un bon niveau de naturalité, avec 87 % de forêts à caractère semi-naturel (non issues de plantations). Les forêts issues de plantations représentent 14 % des forêts privées et 11 % des forêts publiques. Le pin maritime, le douglas et les peupliers cultivés constituent l’essentiel de ces forêts plantées. 
« On est loin de la déforestation ! Il faut parler de “malforestation”, estime l’ADCF. Il faut repenser la forêt car les châtaigniers, robiniers, chênes, acacias souffrent. Il faudra à terme se rapprocher des essences méditerranéennes. » Dans cette perspective, l’outil BioClimSol du CNPF est une méthode de diagnostic du peuplement intégrant le climat et ses extrêmes ainsi que les conditions de terrain qui aggravent ou compensent le climat (sol, topographie, exposition). 

Tout savoir sur la charte forestière

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Pour l’ADCF, la communication constitue un axe important de son activité.