Accès au contenu
Ressource en eau

Guy Luneau, mémoire de l’évolution de l’irrigation

Petit-fils de paysans, devenu lui-même agriculteur, Guy Luneau a voué une passion sans fin au monde agricole tout au long de sa carrière. A 74 ans, l’ancien président du syndicat intercommunal d’irrigation Rhône-Montélimar a longtemps œuvré pour permettre aux agriculteurs drômois d’avoir accès à la ressource en eau.

Guy Luneau, mémoire de l’évolution de l’irrigation

«Mon rêve de gamin, c’était d’être paysan, de vivre de la terre. Pour moi, c’est le métier le plus noble qui existe. L’agriculture est utile à la société, elle est en permanence en création », affirme Guy Luneau, agriculteur retraité en polyculture-élevage à Allan. Pour ce Breton d’origine, diplômé d’un lycée agricole option arboriculture fruitière, le chemin était tout tracé. Après diverses expériences professionnelles dans l’Aisne et en Haute-Garonne, Guy Luneau a découvert la Vallée du Rhône au début des années 1970, en devenant salarié agricole des pépinières Darnaud, à Montélimar. Ses preuves faites, il a envie d’évoluer et de s’installer pour réaliser son rêve. Il reprend dix ans plus tard une ferme à Allan, en plein cœur du hameau des Ferreints, où il cultivera 24 hectares (ha) de terre : céréales, production de semences, puis élevage avicole en fin de carrière.
A cette époque, Maurice Pic est maire de Montélimar. Homme politique bien connu dans la région, il s’est emparé dès les années 1960 du sujet de l’irrigation. Le premier réseau - l’ASA* de Montélimar au nord de la ville - est construit à La Coucourde en 1962 et recouvre 800 ha. « C’était un visionnaire », souligne Guy Luneau. A tel point que pour trouver des financements et avoir des garanties, l’ancien édile crée les syndicats intercommunaux en France. L’ASA devient alors le syndicat intercommunal d’irrigation Rhône Montélimar (SIIRM) et englobe une dizaine de communes de la plaine.

Maurice Pic, précurseur dans le domaine

En 1985, après plusieurs épisodes de sécheresse, Maurice Pic lance le projet du réseau sud, à Châteauneuf-du-Rhône pour alimenter 1 800 ha. A ce moment-là, le SIIRM abrite donc 2 600 ha de surface agricole irriguée. Guy Luneau rejoint l’équipe dirigeante du syndicat quelques années plus tard, d’abord en tant que vice-président, puis président en 1995.
C’est sous sa direction qu’a pris fin le contrat d’affermage avec la SAUR en 2010, avec la création d’une régie autonome, puis le rapprochement avec les syndicats d’irrigation d’Allex-Montoison, de Crest nord et de Crest sud, du sud Valentinois et de La Bourne au sein du Syndicat de gestion de la ressource en eau dans la Drôme (Sygred). « Nous avons réuni nos compétences techniques pour prendre les meilleures décisions et parler d’une seule voix », relate Guy Luneau. 
De fil en aiguille, rejoint par d’autres syndicats drômois, l’idée de créer une structure autonome de ressource collective émerge, dans l’unique but de protéger l’outil agricole. On assiste donc à la naissance du Syndicat d’irrigation drômois (SID). « L’objectif était avant tout de préserver la ressource agricole », explique Guy Luneau, tout premier vice-président dans l’histoire de ce syndicat qui englobe aujourd’hui plus de 29 000 ha de surfaces irriguées. Depuis avril 2020, il a laissé sa place à Anne-Claire Vial et intervient comme consultant référent pour les réseaux de la plaine de Marsanne. « J’ai suivi l’évolution technique des moyens d’irrigation, jusqu’aux systèmes de goutte-à-goutte », se souvient-il. 

« Cette ressource, il faut savoir la partager »

Avec du recul, il insiste sur l’importance de la ressource en eau pour toute personne voulant aujourd’hui s’installer en agriculture. « Les jeunes en désir d’installation doivent impérativement avoir accès à la ressource en eau et connaître leurs besoins sur les dix prochaines années. Il faut absolument avoir cette garantie pour éviter d’aller droit dans le mur. Car ici, sans eau, nous ne faisons rien », déclare-t-il.
Pour l’avenir, Guy Luneau estime d’ailleurs qu’une réflexion sur la gestion de la ressource doit être menée, au plus vite. « Il est important de revoir les pratiques agricoles, de revoir l’assolement pour des productions moins consommatrices d’eau », alerte-t-il. Une prise de conscience qui apparaît désormais comme un enjeu fort de la profession agricole. Terre et eau sont indissociables certes, mais la ressource a ses limites…

Amandine Priolet
*Asa : association syndicale autorisée.

Des travaux réalisés il y a plusieurs années