La FDSEA en première ligne pour accompagner les transitions
« Changement climatique et solutions numériques au profit de l’agriculture », la FDSEA de la Drôme en a fait le thème central de son 76e congrès à La Chapelle-en-Vercors le 11 mars.

Alors que le spectre du gel d’avril 2021 est encore bien présent et que le manque d’eau commence à se faire sentir pour certaines productions, le changement climatique était à l’ordre du jour du 76e congrès de la fédération des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Drôme. Son président, Hervé Roux, a accueilli les représentants de deux structures : l’Acta (association qui regroupe 18 instituts techniques agricoles) et la chambre d’agriculture de la Drôme. Objectif : aborder les solutions numériques qui s’offrent aux agriculteurs pour relever ces nouveaux défis climatiques. « Nous n’avons pas attendu pour travailler sur ces questions de l’adaptation au changement climatique. Mais il va falloir aller vite, encore plus vite », a souligné Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme. La structure a lancé un vaste chantier avec les collectivités territoriales et les filières pour préparer l’agriculture du département à ce qui l’attend dans 20, 50 ou 70 ans. En parallèle, elle propose des outils d’aide à la décision (lire ici), qu’a présentés Yves Tindon, responsable du pôle développement et transition des systèmes agricoles.
Mehdi Siné, directeur scientifique de l’Acta, a rappelé comment les nouvelles technologies peuvent apporter des réponses aux agriculteurs. Qu’il s’agisse de surmonter des contraintes réglementaires, climatiques, environnementales, économiques ou tout simplement réduire la charge mentale, des outils d’aide à la décision (OAD) ont été développés « mais encore peu adoptés » par les exploitants, a souligné Mehdi Siné.
Sécurité des données avec la charte Data-Agri
Autre enjeu : ces outils s’appuient sur des données collectées en temps réel sur les exploitations, il faut donc en assurer la sécurisation. Ce à quoi s’emploie la FNSEA, a indiqué Henri Bies-Péré, son deuxième vice-président. « Nous travaillons sur une charte Data-Agri pour labelliser les outils d’aide à la décision. Elle garantit que l’agriculteur reste propriétaire de ses données et qu’il les récupère s’il arrête l’outil », a-t-il expliqué. La FNSEA demande également que ces données soient standardisées pour être compatibles entre différents fournisseurs. Autre message passé par Henri Bies-Péré : « halte à l’obscurantisme ». Il répondait ainsi à certains mouvements qui dénoncent « une course au toujours plus » via l’utilisation du numérique en agriculture. Arguant que c’est « pour faire toujours mieux », il a estimé qu’utiliser les nouvelles technologies face au changement climatique « est un mariage de raison pour préparer l’avenir. »
Dépendance énergétique
Parmi les autres sujets abordés durant cette matinée, celui du coût de l’électricité. En Drôme, comme dans plusieurs autres départements, les prix de l’électricité dédiée au fonctionnement des réseaux d’irrigation ont explosé. Une situation vraisemblablement liée au fait que les nouveaux fournisseurs d’électricité vers lesquels se sont tournés les syndicats d’irrigation ou les irrigants individuels depuis l’ouverture du marché ont « joué à la bourse ». Anne-Claire Vial a indiqué qu’Irrigants de France1, dont elle est vice-présidente, vient de s’emparer du sujet et d’alerter les pouvoirs publics.
En matière d’énergie, Henri Bies-Péré a aussi rappelé que l’agriculture est une chance pour la France. « Nous savons faire du gaz vert, de l’électricité avec de l’agrivoltaïsme ou en couvrant nos bâtiments, des carburants verts... », a-t-il résumé. Sur la question de la dépendance du pays aux énergies fossiles importées, il a invité, un brin provocateur, à poser la question aux citoyens : « Est-ce que vous préférez un méthaniseur à l’entrée du village ou la dépendance à Monsieur Poutine ? » Le vice-président de la FNSEA a également adressé un message clair aux adhérents drômois : « Nous voulons de la croissance durable. Nous sommes les premiers conscients qu’une utilisation raisonnée des moyens de production est source de résilience. » Enfin, il a affirmé que « la construction du prix en marche avant semble enfin engagée » avec la loi Egalim 2 même s’il faut encore que cela « entre dans la tête de tous les maillons de la chaîne » pour garantir la rémunération des agriculteurs. « Nous restons vigilants et attentifs à tous ceux qui ne joueront pas le jeu, a averti de son côté Sandrine Roussin, vice-présidente de la FDSEA 26. Notre réseau est prêt à se mobiliser à nouveau si besoin. »
Sophie Sabot
1 Irrigants de France rassemble 43 associations départementales d’irrigants et sections « irrigation » de FDSEA, ainsi que les associations spécialisées en grandes cultures, pommes de terre, légumes de conserve et producteurs de semences.
La FDSEA 26 affirme ses priorités
Si le 75e congrès de la FDSEA 26 en 2021 s’était tenu en visioconférence et à huis clos, elle n’en a pas moins travaillé tout au long de l’année pour défendre les droits des agriculteurs du département. Serge Guier et Brice Maret, secrétaires généraux de la FDSEA 26, l’ont rappelé à l’occasion du rapport d’activité.
Et 2022 ne s’annonce pas moins ardue. Sandrine Roussin, vice-présidente, l’a confirmé dans le rapport moral, véritable feuille de route des combats à mener [qu’elle présentait à la place du président Hervé Roux, victime d’une extinction de voix, ndlr]. L’accès à l’eau d’abord. « En cas d’arrêté sécheresse, le 100 % de restriction en situation de crise est inenvisageable et inacceptable », a-t-elle réaffirmé. La FDSEA 26 demande aussi « une augmentation des volumes prélevables », condition sine qua non pour garantir la souveraineté alimentaire. La création, collective ou individuelle, de réserves collinaires reste une priorité.
Du côté de la prédation, la FDSEA 26 affiche son soutien aux éleveurs avec un objectif « zéro attaque ». Le syndicat revendique notamment le classement de l’ensemble du département en cercle 11.
Troisième axe de travail, la rémunération des agriculteurs. Le syndicat s’est mobilisé avec ses collègues des autres départements en février dernier pour peser sur les négociations commerciales en cours avec la grande distribution. Enfin, parmi les sujet prioritaire en Drôme : le recrutement de personnel sur les exploitations. La FDSEA 26 poursuivra sa mission dans le cadre des contrats Ofii2 et travaillera sur toutes les pistes pour trouver « des bras » pour les exploitations.
S.S.
1 Cercle 1 : Zone où la prédation sur le cheptel domestique a été constatée une ou plusieurs fois au cours des deux dernières années.
2 Ofii : office français de l’immigration et de l’intégration.
Ils ont dit
- À propos du plan Eco’Azot, prévu par la loi climat et résilience pour réduire les émissions de protoxyde d’azote et d’ammoniac, la députée Célia de Lavergne a déclaré : « La question n’est pas d’utiliser ou non les engrais azotés mais d’utiliser la bonne dose ». Si les objectifs de réduction des émissions fixés pour 2030 ne sont pas atteints, la loi préconise la mise en place d’une redevance sur l’usage des engrais. Mais pour l’instant, c’est avant tout la flambée du cours de ces engrais qui préoccupe les agriculteurs.
- « Toutes les voies et moyens qui permettront de faire reculer le loup seront des solutions à accompagner, y compris les plus radicales », a affirmé Henri Bies-Péré, deuxième vice-président de la FNSEA.
- « Nous sollicitons l’État afin de contenir l’inflation car nous ne serons pas en mesure d’encaisser la hausse de prix exponentielle des intrants sans mettre en péril nos structures déjà fragilisées. L’État doit agir vite pour assurer la continuité des livraisons dans le secteur alimentaire et réguler le prix du GNR », a insisté Sandrine Roussin, vice-présidente de la FDSEA 26.