Brique de lait 
Le juste prix pour une juste rémunération des éleveurs

Mardi 16 mai, des représentants drômois et ardéchois de la FDSEA, des Jeunes agriculteurs et de la fédération des producteurs de lait ont contrôlé les prix du lait dans deux enseignes de la grande distribution. Pour eux, le litre de lait ne doit pas être vendu moins d’un euro au consommateur. En dessous, les éleveurs ne peuvent être correctement rémunérés.

Le juste prix pour une juste rémunération des éleveurs
Mardi 16 mai, des producteurs de lait drômois et ardéchois se sont rendus dans deux enseignes de la grande distribution pour contrôler le prix des briques de lait. ©AD26-S.S.

Ils étaient une vingtaine d’agriculteurs drômois et ardéchois ce mardi 16 mai dans les allées du centre commercial Leclerc de Bourg-lès-Valence. À l’appel des syndicats FDSEA et JA de la Drôme et de l’Ardèche et des fédérations départementales des producteurs de lait (FDPL 26 et 07), ils ont vérifié le prix du lait en rayon. « Si la brique de lait est vendue en dessous d’un euro par litre au consommateur alors la rémunération de l’éleveur ne peut pas être à la hauteur de ses coûts de production », ont rappelé les syndicats pour justifier cette action. 

« À l’automne dernier, nous avions déjà effectué des relevés de prix dans cinq magasins en Drôme. Nous y avions trouvé du lait en promotion à 67 cts le litre. À ce prix là, c’est impossible de rémunérer le producteur », a indiqué Sébastien Ageron, co-président de la FDPL 26. À l’époque, cette action menée dans de nombreux départements français avait, selon le responsable drômois, eu un impact. Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) confirmait, lors d’une conférence de presse en janvier dernier, que cette mobilisation, à la fois auprès des distributeurs et des transformateurs, avait permis d’atteindre l’objectif d’une brique de lait standard proposée entre 0,95 et 1,05 euro au consommateur dans 90 à 95 % des enseignes de la grande distribution. 

Ne pas être la variable d’ajustement

Quelques mois plus tard, les éleveurs laitiers n’ont pas baissé la garde. D’où ces nouvelles vérifications dans des grandes surfaces de l’agglomération valentinoise (après Leclerc, les éleveurs se sont rendus au Auchan de Guilherand-Granges, ndlr). Pourquoi maintenir la pression ? D’une part parce que les éleveurs laitiers sont toujours confrontés à une forte hausse du prix des intrants*. Dans ce contexte, tout recul du prix du lait affecterait fortement leur rémunération. D’autre part parce que tous redoutent que le lait ne représente une variable d’ajustement dans le cadre d’une politique de prix bas pour limiter l’inflation auprès des consommateurs. Si le ministre de l’Économie presse en ce moment les industriels de l’agroalimentaire de renégocier leurs tarifs à la baisse avec les distributeurs, Jérémy Jallat, responsable du dossier lait pour les JA au niveau national et membre du bureau de la FNPL, se veut toutefois rassurant. « Selon le cabinet du ministre, le lait serait exclu de ces renégociations », affirme le jeune responsable. 

Un indicateur symbolique

Côté Drôme, les éleveurs restent prudents. « Notre crainte, c’est que le lait nous soit payé en juin moins que l’année dernière, ceci alors que nos charges sont toujours aussi élevées », confie Sébastien Ageron. Si une bonne partie de sa production est valorisée en IGP Saint Marcellin, le prix de la brique de lait reste pour lui l’indicateur à surveiller. « C’est le plus symbolique. C’est le produit de base. Si son prix baisse alors les autres valorisations aussi », commente-t-il. 

En quittant le rayon produits laitiers de chez Leclerc, les producteurs avaient trouvé une seule référence à moins d’un euro par litre (0,95 € plus précisément), indique Jordan Magnet, vice-président de la FDSEA de la Drôme. Mais, les éleveurs restent vigilants. D’autant que Sébastien Ageron affirme que, quelques jours plus tôt, lors d’une première visite incognito, il y avait en rayon du lait à 0,85 €/l. « Si d’ici fin mai, nous trouvons encore du lait à moins d’un euro le litre en magasin, nous passerons à des actions plus fortes », prévient le co-président de la FDPL 26. 

Sophie Sabot

*D’après les données diffusées par l’Insee fin avril, l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa) a progressé entre mars 2022 et mars 2023 de presque 15 % sur les aliments, de plus de 6 % sur les produits et services vétérinaires, de plus de 10 % sur le matériel ou encore sur les semences et plants…

 

Des représentants drômois de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la Fédération des producteurs de lait se sont mobilisés pour cette action de vérification des prix. ©AD26-S.S.