Bactériose du kiwi : où en est-on ?

A l'initiative de la Sefra, une réunion d'information sur la bactériose du kiwi s'est tenue le 10 décembre à la ferme expérimentale d'Etoile-sur-Rhône. Cette rencontre a fait le point sur les résultats des travaux réalisés dans le cadre d'un projet d'étude Casdar(2) portant sur les années 2013 à 2015. Des résultats présentés par la coordinatrice de ce projet, Marie-Lisa Brachet, ingénieur au CTIFL(3) et Lise Chevallier, chargée d'expérimentation à la Sefra sur le programme Casdar kiwi entre autres. Ont aussi été abordés l'état sanitaire des vergers et les aspects réglementaires, avec la FDGdon(4) et le Sral(5).
Mieux connaître PSA
De dimension nationale, ce projet Casdar a été financé par le ministère de l'Agriculture et le Bik(6). Il cible l'amélioration des moyens de lutte contre pseudomonas synringuae pv. actinidia (PSA), la bactérie responsable de cette maladie du kiwi. Plusieurs structures ont été mobilisées. Côté recherche, il s'agit de l'Inra(7) et de l'Anses(8). Côté expérimentation, ce sont le CTIFL, la Sefra, la Fredon(9) Aquitaine et Invenio(10).
La recherche a été axée sur la connaissance de la biologie de PSA, l'évaluation du pouvoir pathogène de ses différentes souches et de la sensibilité du matériel végétal, ainsi que sur les techniques d'identification de la bactérie. Concernant le deuxième point, « la recherche est limitée au matériel végétal auquel elle a accès, constate Lise Chevallier. Cette observation est surtout faite par le CTIFL, qui a un programme d'étude variétale. »
L'efficacité du cuivre
Le projet d'étude comporte deux autres axes de travail, sur lesquels la Sefra est intervenue. L'un est l'évaluation de l'efficacité de stratégies de traitement. L'autre est l'identification de facteurs pouvant favoriser le développement de PSA.
En vue d'évaluer leur efficacité, différentes stratégies de traitements cupriques et de stimulateurs de défenses naturelles ont été essayées dans un verger à Saulce (de 2013 à 2015 ) et d'autres du Sud-Ouest. A ce sujet, Lise Chevallier explique : « Il n'y a pas eu de contamination sur la parcelle de Saulce. Dans le Sud-Ouest, une bonne efficacité des cuivres est ressortie mais sans différences entre les formules testées ».
Des facteurs favorables à PSA
Pour identifier des facteurs pouvant favoriser le développement de PSA, une enquête a été effectuée auprès de 48 producteurs au plan national dont 16 en Rhône-Alpes. Elle a fait ressortir que les conditions pédoclimatiques et l'environnement peuvent influencer l'expression des symptômes de PSA : rôle important du pH du sol et de sa structure, état sanitaire du milieu entourant la parcelle. PSA étant transmis par l'eau et le vent, l'intérêt de la protection des vergers par des haies a aussi été montré, surtout en zones ventées (pour limiter la casse des lianes et le transport de cette bactérie par des vents humides). A aussi été mis en évidence une plus forte sensibilité du végétal au PSA en période de débourrement et à l'automne. Les hivers froids et les fortes pluviométries au cours de l'année sont favorables au développement de la bactériose du kiwi.
Des recommandations
Vis-à-vis de la bactériose du kiwi, la vigilance est de mise. En secteurs non contaminés, Lise Chevallier prône la surveillance afin d'être réactif en cas d'expression de symptômes. Dans les plantations où la bactériose du kiwi est présente, des mesures prophylactiques s'imposent : supprimer les organes contaminés et les retirer du verger, désinfecter le matériel de taille, appliquer des traitements cupriques pour limiter le développement de la maladie...
Ce projet d'étude Casdar arrive à son terme. Pour l'instant, rien n'est fixé quant à la suite concernant la thématique de la bactériose du kiwi. Aussi, la Sefra et le CTIFL délivrent un message aux producteurs : ils se tiennent à l'écoute de leurs besoins.
Annie Laurie
(1) Sefra : station d'expérimentation fruitière Rhône-Alpes.
(2) Casdar : compte d'affectation spéciale développement agricole et rural.
(3) CTIFL : centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.
(4) FDGdon : fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.
(5) Sral: service régional de l'alimentation.
(6) Bik : bureau interprofessionnel du kiwi.
(7) Inra : institut national de la recherche agronomique.
(8) Anses : agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
(9) Fredon : fédération régionale de lutte et de défense contre les organismes nuisibles.
(10) Invenio : centre de recherche et d'expérimentation de la filière fruits et légumes d'Aquitaine.
PSA fait des dégâts

La bactériose du kiwi peut causer des dégâts conséquents. Elle est responsable de chancres bactériens pouvant entraîner la mort de charpentières, voire même d'arbres entiers.Les blessures, portes d'entréeLa maladie se manifeste sous forme de taches sur les feuilles ainsi que d'écoulements de gomme de couleur blanc crème à orange le long des charpentières et des troncs. En situations très contaminées, des nécroses de bourgeons peuvent aussi être observées.
Les portes d'entrée de PSA sont les blessures du végétal : lors du débourrement, de la chute des bourgeons, des feuilles mais aussi lors de la taille, de la récolte, et plus généralement de blessures accidentelles (vent, câbles...) Une fois à l'intérieur de l'arbre, la bactérie se propage dans le système vasculaire et obstrue les vaisseaux, empêchant ainsi la sève de circuler. Elle est véhiculée dans l'eau, par le vent, la pluie, les instruments de taille...A.L.
Bactériose du kiwi
La prospection et la réglementation

A la réunion du 10 décembre, Jean-Yves Couderc, du Sral, est revenu sur l'arrêté préfectoral de lutte contre la bactériose du kiwi dans la Drôme. Cet arrêté rend obligatoire l'arrachage total d'une parcelle lorsque plus de 25 % des arbres sont contaminés. Chiffre donné par Jean-Yves Couderc, 73 hectares sont actuellement concernés par l'arrachage sur le secteur Nord-Valence. Pris pour la première fois cette année, cet arrêté sera reconduit en 2016. A noter aussi, l'Union européenne prendra en charge une partie des indemnisations versées par le FMSE(*).A.L.(*) FMSE : fonds de mutualisation sanitaire et environnementale.