Interview
Irrigation : «  Avoir  un droit d’eau n’est pas  un simple papier »

La chambre d’agriculture de la Drôme va désormais jouer un rôle plus important dans la gestion de l’irrigation. Explications avec son président, Jean-Pierre Royannez.

Irrigation : «  Avoir  un droit d’eau n’est pas  un simple papier »

Le mois dernier, cinq rencontres ont été proposées aux irrigants de la Drôme. Dans quel but ?
Jean-Pierre Royannez : « Effectivement, en tant que président de la chambre d’agriculture de la Drôme et du Sygred (syndicat de gestion de la ressource en eau dans la Drôme) et avec Bernard Vallon, président du Sid1 (réseaux collectifs), et Philippe Breynat, président d’Adarii2 (irrigants individuels), nous avons convié tous les irrigants de la Drôme à cinq rencontres en différents points du département : Saint-Thomas-en-Royans, Claveyson, Montélier, Chabrillan et Cléon-d’Andran. L’objectif était d’échanger sur les évolutions en matière de gestion des autorisations de prélèvement pour l’irrigation. »

« La chambre d’agriculture a accepté de reprendre les missions de l’OUGC de façon à garder la main sur ce dossier très complexe mais indispensable pour pouvoir continuer d’irriguer », explique Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme et du Sygred.

Plus précisément, depuis votre arrivée à la tête du Sygred, qu’est-ce qui a changé ?
J-P. R. : « Pour les exploitation agricoles, les autorisations de prélèvement pour l’irrigation sont gérées par un “Organisme unique de gestion collective” (OUGC). Celui-ci est chargé de déposer la demande d’autorisation unique pluriannuelle (AUP) de tous les prélèvements d’eau pour l’irrigation, d’organiser la répartition des volumes d’eau prélevables, d’arrêter les règles pour adapter cette répartition en cas de crise, ainsi que de donner son avis au préfet sur tout projet de création d’un ouvrage de prélèvement.
Il y a une dizaine d’années, le choix avait été fait de confier au Sygred le portage de l’OUGC. Mais, début 2021, le Sygred a décidé de ne pas poursuivre cette mission. En concertation avec l’association Adarii, le Sid et le Sygred, la chambre d’agriculture a accepté de reprendre les missions de l’OUGC de façon à garder la main sur ce dossier très complexe mais indispensable pour pouvoir continuer d’irriguer. »

Ce sujet était à l’ordre du jour de la session chambre d’agriculture du 12 mars, n’est-ce pas ?
J-P. R. : « Bien entendu, en tant que président de la chambre d’agriculture de la Drôme je me réjouis de cette orientation car, dans la plupart des départements, ce sont les chambres qui gèrent les missions de l’OUGC. A la session du 12 mars, les élus ont majoritairement approuvé cette voie en validant la reprise des actifs du Sygred (qui restera désormais une coquille vide) et la création d’un poste. J’ajoute qu’une commission réunissant les acteurs de l’eau (Sid, Adarii, Asa, élus chambre) sera créée au sein même de la chambre d’agriculture. »

Qu’est-ce qui va changer pour les irrigants drômois ?
J-P. R. : « Sur le terrain, rien ne changera en 2021. Cependant, les aides de l’Agence de l’eau pour la mise en place d’une gestion collective de l’irrigation vont progressivement diminuer pour ne plus rien représenter en 2023. Avec moins de subventions et plus de travail à fournir, une augmentation de la cotisation au point de prélèvement est à envisager en 2022. Nous ferons en sorte qu’elle soit la plus faible possible en allant chercher des aides partout où c’est possible. Nous allons également remettre de l’ordre sur les autorisations de pompage et le respect des volumes autorisés et faire en sorte aussi que tous les règlements arrivent dans les délais impartis. C’est important pour ne pas pénaliser le collectif. Avoir un droit d’eau n’est pas un simple papier. Je rappelle que c’est le droit de prélever de l’eau qui a un coût. »
Propos recueillis par Christophe Ledoux

1 Sid : Syndicat d’irrigation drômois.
2 Adarii : Association drômoise des agriculteurs en réseaux d’irrigation individuels.

Conférence départementale de l’eau : un nouvel arrêté cadre sécheresse 

Le 9 mars, sous la présidence du préfet de la Drôme, la Conférence départementale de l’eau a été très largement consacrée à la révision de l’arrêté cadre départemental sécheresse, qui fixe les mesures de gestion des usages de l’eau en période sèche. « L’arrêté en vigueur, qui datait de 2012, nécessitait d’être révisé pour tenir compte de l’évolution des données climatiques et des usages de l’eau, tant domestiques qu’agricoles, indique le cabinet du préfet dans un communiqué du 10 mars. Le nouvel arrêté permettra une meilleure compréhension et application des dispositions sécheresse, d’être plus réactif et de faire des choix plus pertinents dans la mise en place des restrictions. » Avant sa prochaine entrée en vigueur au début de l’été, le texte est proposé à la consultation du public par internet pour une période de trois semaines.