Vignerons indépendants : un rôle stratégique dans l’économie

Après deux années marquées par une pandémie, des accidents climatiques majeurs (gel et grêle) et désormais une guerre aux portes de l’Union européenne, la présidente de la Fédération des vignerons indépendants de la Drôme avait la lourde tâche de redonner de l’espoir à ses troupes lors de l’assemblée générale. « Nous avons appris à nous recentrer sur l’essentiel : la survie de nos domaines. Les heures étaient graves mais nous sommes toujours là », a souligné Sylvie Chevrol Michelas. Pour insuffler de l’énergie, elle a pu compter sur le président national, Jean-Marie Fabre (vigneron dans l’Aude). Celui-ci rentrait tout juste du Salon international de l’agriculture où le stand des vignerons indépendants de France (VIF) a vu passer en une semaine onze ministres, deux cents parlementaires, six candidats à la présidentielle… Autant d’interlocuteurs auprès desquels VIF a fait valoir son programme pour la filière.

60 % de la surface viticole française

« La filière viticole génère 15,5 milliards d’euros d’exportations [vins et spiritueux, chiffre 2021 ndlr], a rappelé Jean-Marie Fabre. Le secteur viticole embellit le paysage, représente une valeur patrimoniale mais c’est d’abord un secteur stratégique de l’économie française. » Les vignerons indépendants y occupent une place majeure. « Nous représentons 60 % de la surface viticole française, 58 % de la production, 60 % du chiffre d’affaires et 68 % des emplois à temps plein de la filière, a précisé le président national. Peu de politiques de territoire peuvent se mettre en place sans nous. Nous devons être porteurs de propositions pour faire bouger les lignes. » Parmi celles défendues en vue des prochaines échéances électorales : la nécessité d’un choc de simplification administrative. « Dans nos TPE/PME artisanales, le temps alourdi en gestion administrative, c’est du temps qu’on ne passe pas à être compétitif », a martelé le président. Autre enjeu pour les entreprises : les questions environnementales. VIF défend la mise en place de zones de transition obligatoires entre les espaces habités et agricoles, à la charge de tout aménageur. En résumé, pas question que de nouvelles constructions imposent des zones non traitées au vigneron, pénalisant son capital et son potentiel de production.

Sécurisation des marchés et revenus

VIF milite également pour la mise en place d’outils « réellement efficients » pour gérer les aléas climatiques et faciliter la résilience économique. Jean-Marie Fabre estime par exemple que la déduction pour épargne de précaution (DEP) est un « bel outil mais qui trouve ses limites », donc à recalibrer en cohérence avec la taille économique des entreprises. Les règles fiscales concernant les stocks, « réel dispositif de sécurisation des marchés et des revenus », devront être revues, indique-t-il aussi. Enfin, il plaide pour que la réforme de l’assurance récolte prenne en compte les spécificités des vignerons indépendants - « nous n’assurons pas une matière première mais l’ensemble de la chaîne de production », a-t-il rappelé - et que le nouveau dispositif s’affranchisse de la règle du calcul de la moyenne olympique.

Dernier point : le développement de l’œnotourisme, qui reste un axe fort. « «Attention, ce n’est pas juste un complément de revenu. Ça doit être un boosteur économique de votre activité principale », a insisté Jean-Marie Fabre. De son côté, Sylvie Chevrol Michelas a fixé un objectif à l’adresse des élus : que  la vigne ne soit jamais oubliée de tout dépliant, animation, brochure touristique en Drôme. Après deux années très éprouvantes pour les vignerons indépendants, leurs fédérations, départementale et nationale, ont en tout cas souhaité montrer le 7 mars que les chantiers et initiatives ne manquent pas pour défendre la profession.

Sophie Sabot