Face à une défiance croissante des consommateurs, l’Agence bio et le ministre de l’Agriculture veulent miser sur le local. De leur côté, des chercheurs de l’Inrae mettent en avant le levier du différentiel de prix entre bio et conventionnel.
Plus d’un sur deux. Selon le baromètre réalisé par l’Obsoco pour l’Agence bio, près de 57 % des consommateurs déclarent ne pas acheter de bio en raison de doutes sur l’application du cahier des charges. « La méfiance est nourrie par le manque d’informations », analyse Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, soulignant que la moitié des consommateurs estiment ne pas avoir assez de connaissances sur le bio. HVE, zéro résidu de pesticides : « L’image a été brouillée par d’autres allégations », regrette de son côté Loïc Guines, président de l’agence. Pour la campagne de promotion qu’elle lancera en 2023, l’agence prévoit de valoriser l’aspect local du bio, en plus des atouts environnementaux. « Près de 85 % des produits bio consommés en France sont français », rappelle Laure Verdeau. Mais au-delà des 750 000 € promis par le ministre de l’Agriculture début décembre, rien ne garantit cependant que l’agence aura un budget aussi conséquent que le 1,20 M€ mobilisé en 2022. « Ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique ou de la Santé, agences de l’eau, interprofessions : nous devons nous mettre autour de la table pour sécuriser quatre à cinq millions d’euros par an de manière durable », défend Loïc Guines.
Réduire la différence de prix
L’Inrae a dévoilé une autre piste pour relancer la consommation de bio. Selon les résultats du chercheur Mathieu Lambotte, une réduction de 10 % des prix du bio augmenterait de 20 % environ le volume de consommation. « Nous observons également des phénomènes de substitution : si le prix du conventionnel augmente, les consommateurs auront aussi tendance à acheter plus de bio », souligne Mathieu Lambotte. Augmenter les achats bio, observe-t-il, pourrait alors passer « par des taxes supplémentaires sur le conventionnel ». Mais les modélisations du chercheur soulignent les limites de ce levier. Comme il le rappelle, les achats alimentaires bio représentent 7 % environ de la consommation totale (chiffres Insee). Augmenter la surface bio de 10 à 25 % de la SAU comme le prévoit le Green deal supposera, non pas une augmentation de 20 %, mais un doublement du volume de consommation, à 15 % des achats totaux. Le financement de la promotion demandé par l’Agence bio pourrait alors aider à doper les achats, selon le chercheur. « Il reste une grande partie de facteurs non économiques dans les arbitrages des consommateurs, analyse Mathieu Lambotte. Mieux les informer sur les atouts du bio par des campagnes de promotion ou de l’affichage sera tout aussi important pour relancer les achats. »