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GIE L'ail drômois : une année plutôt normale

Une production dans la moyenne, des prix encourageants, un export qui se développe sont quelques-unes des caractéristiques de la dernière campagne du GIE L'ail drômois.
GIE L'ail drômois : une année plutôt normale

Les années 2016 et 2017 avaient été « exceptionnelles en production et commercialisation » de plants d'ail et d'échalote certifiés (semences). L'année 2018, elle, peut être qualifiée de « normale, voire inférieure en termes de quantité produite ». Tel est le constat dressé à l'assemblée générale du GIE L'ail drômois par Philippe Besset, son vice-président chargé du collège « production de plants ». Cette assemblée, qui s'est tenue le 4 avril à Eurre, était présidée pour la dixième et dernière fois par Jean-Luc Judan. Il a en effet passé la main, le 15 avril, à .... (voir ci-...).

L'export de plants croît

En plants d'ail et d'échalote certifiés, globalement, les rendements sont inférieurs de 15 % par rapport à ceux des deux campagnes précédentes. D'où une baisse des volumes commercialisés sur le marché national, ainsi qu'à l'export (où il aurait pu s'en vendre plus). A noter, la part des exportations est passée de 17 % en 2010 à 25 % en 2018. Autre point positif sur le marché international : un nombre croissant de clients et surtout de pays pénétrés. La production de plants bio est, elle aussi, inférieure (5,8 tonnes à l'hectare contre 7,6 en 2017) est néanmoins jugée « satisfaisante ». Philippe Besset a encore signalé des demandes en plants d'ail d'automne restant constantes sur le marché français, de nouvelles opportunités à l'export. Et aussi de plus en plus de demandes en plants d'ail de printemps. Il reste des sujets à travailler pour pérenniser la filière, des efforts à accomplir en matière de recherche sur certains phénomènes comme sur le waxy breakdown et surtout la fusariose, a observé Philippe Besset. Mais il se dit confiant pour l'avenir en termes de qualité et de développement de nouvelles variétés.

Ail consommation : des prix encourageants

En ail de consommation conventionnel, le vice-président chargé de ce collège, André Piallat, a estimé l'année « normale » et les prix « encourageants ». La commercialisation a démarré fin juin-début juillet, avec l'ail en fanes dont le prix a plutôt été stable (1,70 à 2 € le kilo). Mais cette production est en baisse car coûteuse en main-d'œuvre (travail manuel) alors que la demande pour le marché forain est forte. La production ayant reculé d'environ 20 %, servir les clients habituels a été difficile. Et, bien que correct (de 2,40 à 2,70 € le kilo selon les calibres et la qualité), le prix n'a pas suffi pour compenser la perte de volume et les charges en constante augmentation. André Piallat a signalé que, du 20 juillet 2018 à fin février 2019, le groupement avait conditionné 171 tonnes d'ail. La volonté est d'augmenter ce volume car il est un moyen de valoriser la production. De l'ail brossé a aussi été commercialisé. Réservé aux petits et moyens calibres, ce créneau apporte une valorisation intéressante pour de l'ail violet auparavant écoulé auprès de l'industrie.

Deux pistes de valorisation

En ail de consommation bio, les rendements étaient moins élevés qu'en 2017 mais l'ail stocké en chambre froide a pu être valorisé toute la saison, a expliqué Michel Thibaud, responsable du collège bio (plants et ail de consommation). Le prix moyen de vente a progressé de 29 % (5,76 € contre 4,48 en catégorie 1). 174 tonnes ont été commercialisées en catégorie 1. Les perspectives 2019 en bio sont de 32 hectares de plants et 47 d'ail consommation, une surface en hausse liée à l'arrivée de trois nouveaux adhérents commençant sur de petites surfaces mais ayant l'intention de développer leur production à l'avenir. 10 hectares supplémentaires sont annoncés pour 2020.
Côté orientations commerciales, le GIE L'ail drômois a deux pistes pour trouver de la valeur ajoutée, que donne Jean-Luc Judan : « développer nos ventes directes à la distribution - qui sont d'ailleurs en train de monter crescendo - et travailler au maximum sous contrats ». Et de préciser : « Certains de nos clients historiques ont souhaité contractualiser avec nous à partir de cette année 2019. Ils veulent du produit français. C'est très important pour nous car cela nous permet de connaître la valorisation de nos produits avant la saison et de ne pas être soumis à la concurrence étrangère. »

Annie Laurie

Le GIE L'ail drômois en 2018

Au total : 64 adhérents.
Ail semence conventionnel : 313 hectares et 2 700 tonnes commercialisées.
Ail semence bio : 26 hectares et 120 tonnes commercialisées.
Ail consommation conventionnel : 190 hectares et 1 880 tonnes commercialisées.
Ail consommation bio : 32 hectares et 205 tonnes commercialisées.

 

 

Perspectives / Une évolution positive du marché de l'ail en 2018 rend Jean-Luc Judan optimiste, même s'il reste prudent car la situation peut « virevolter ».

 

Une préférence pour l'ail français...

 

« La conjoncture a évolué en 2018, note Jean-Luc Judan. Nous constatons la confirmation de l'attrait de la grande distribution pour l'ail français. Le prix de l'ail espagnol était inférieur de plus d'un euro. Cela n'a pas empêché les acheteurs de privilégier l'ail français. On n'a pas eu de mise en concurrence par le commerce comme avant. Il était plus que nécessaire que l'on tienne compte, pour établir un prix de vente, du coût de production. Du coup, nous avons pu écouler facilement notre production et obtenir des prix plus rémunérateurs qu'en 2017. C'est le côté très positif de la campagne écoulée. J'ai espoir que ce soit un début de situation stable mais je reste prudent. Nous devons continuer à faire connaître nos produits aux acheteurs, aux consommateurs et mettre en avant la qualité de notre travail qui, à mon sens, est bien supérieure à toutes offres hors Hexagone. »

Phytos : trouver des alternatives
Enfin, « concernant l'évolution vers le zéro résidus de produits phytosanitaires, le GIE est en passe de relever le défi, estime Jean-Luc Judan. Concernant le zéro phyto, l'urgence est de mettre en place des alternatives avant de prendre les décisions définitives. Conscients de la problématique et plutôt favorables à ce type d'évolution, nous constatons cependant que la réglementation française évolue parfois un peu trop vite. Les pratiques culturales seront amenées à évoluer ainsi que les cahiers des charges associés. La certification HVE* est dans l'air du temps. Le groupement a entamé des réflexions pour aller dans ce sens ».

 

Propos recueillis par Annie Laurie

 

HVE : haute valeur environnementale

 

GIE L'ail drômois /
Jean-Pierre Besson, nouveau président
Jean-Pierre Besson (à droite) et Jean-Luc Judan, le nouveau et l'ancien président du GIE L'ail drômois.
Le 15 avril, Jean-Pierre Besson a été élu président du GIE L'ail drômois. Cet agriculteur de 60 ans et son épouse, Catherine, ont une exploitation de 60 hectares à Allex. Ils cultivent 12 hectares d'ail consommation et le reste de la surface en blé, maïs, ainsi que tournesol semence. Ils adhèrent au GIE L'ail drômois depuis sa fondation. Jean-Pierre Besson a d'ailleurs participé aux réunions qui ont précédé sa création.
« J'ai donc suivi l'évolution du groupement, et elle va dans le bon sens, souligne-t-il. J'ai vu le nombre d'adhérents augmenter, de même que les surfaces de production. Aujourd'hui, heureusement que le GIE est là pour maintenir les prix de l'ail. Il y a trois ans, nous nous sommes équipés pour conditionner l'ail consommation et le vendre aux grandes surfaces. Ces ventes directes à la grande distribution sont en constante progression. Nous entendons continuer à les développer. Nous voulons également accroître notre activité en ail consommation bio (démarrée il y a dix ans et en augmentation d'année en année). Nous espérons aussi poursuivre notre avancée en ail semence, où notre GIE représente déjà une part importante du marché au plan national et européen. »
A. L.