Apiculture
Ruchers : la visite de printemps, c’est maintenant

Grosse journée technique mais à distance le 30 mars pour les apiculteurs et les passionnés des abeilles. Organisée par l’ADA Aura1 et la FRGDS2, cette journée a traité d’une série de sujets précis. Parmi eux, la visite de printemps.

Ruchers : la visite de printemps, c’est maintenant

La visite de printemps va prévenir beaucoup de choses dans la ruche au cours des semaines suivantes, explique Adeline Ponnau, vétérinaire au GDS 63. « Cette période de transition qui varie dans le temps selon les années et les emplacements géographiques des ruchers, en raison des expositions et de l’altitude, connaît la coexistence des dernières abeilles d’hiver et celles de printemps qu’il faut chouchouter ». Le temps très changeant en mars-avril impose de prendre des précautions. « La première observation se fait à distance, décrit Renato Pelizzaro, du GDSA 633. Les ruches sont-elles tournées vers le levant, les branches d’arbres touchent-elles les parois, l’herbe passe-t-elle à travers ? » Autant d’éléments qui pourraient perturber le développement des colonies par du stress. Puis « on soupèse les ruches pour évaluer leurs besoins en nourriture », avant l’ouverture. Car s’il fait moins de 16° ou qu’il y a du vent, il vaut mieux éviter d’ouvrir la ruche. Seul un apport de sirop ou de sucre candi est réalisable, sans ouvrir l’enveloppe protectrice. Si les conditions sont réunies, on ouvre mais rapidement, pour ne pas refroidir le couvain en cours, toujours très fragile. « On examine alors l’occupation du volume intérieur de la ruche. Selon les cas, on peut être amené à resserrer ou alors à ajouter des cadres. Il faut que le volume des cadres occupés par les abeilles soit adapté à la population », explique Renatto Pelizzaro.

L’observation

L’examen des cadres sera utile pour appréhender la dynamique de la colonie : un couvain arrondi, serré, entouré de pollen et de miel signe une reine en bonne santé et une colonie qui démarre bien.
« On estime qu’il faut pour une ruche dix cadres, un à deux cadres de pollens et cinq kilos de miel, avance Adeline Ponnau. Un cadre compte 4 kg de miel. » Toutes ces estimations se font en examinant les différents cadres et une addition des surfaces occupées. La bonne proportion entre développement de la colonie et nourriture est essentielle. Un déficit va provoquer de la mortalité. Au contraire, l’abondance de provision va entraîner une abondance de couvain. C’est à ce stade d’examen que l’on change aussi deux cadres anciens (sur les bords) pour en mettre deux neufs pour éviter les accumulations de déchets, virus ou résidus de traitement dans les cires. Pendant l’inspection des cadres, on examine également les abeilles pour déceler des troubles possibles : voit-on des varroas, des tremblements, quel bruit produit la colonie ? En cas de doute, il vaut mieux faire appel à un technicien sanitaire apicole (TSA) bénévole du GDS, rattaché au territoire.

Le varroa

La visite de printemps est aussi le moment de procéder à un décompte varroa, soit par chute naturelle au travers du grillage de fond sur la plaque de protection que l’on aura légèrement graissée au préalable. La méthode plus efficace est celle du comptage au sucre glace dans lequel on plonge 100 grammes d’abeilles. (voir les explications  sur https://www.ada-aura.org/lutte-contre-varroa/evaluer-linfestation/). Si le dénombrement dépasse cinq varroas pour 100 abeilles par jour, il est nécessaire de traiter rapidement la colonie. Au moment de la visite, on peut aussi placer des cadres à jambage ou des cadres de hausse sur les bords. Les premières alvéoles bâties seront pour des mâles dans lesquelles vont les varroas en priorité. Mais il faut éliminer ce couvain de mâle avant le 24e jour après la ponte, afin d’éviter une désoperculation dans la ruche. En cas de présence de teigne (sous forme de larve à cette époque), il suffit de gratter et d’enlever la partie atteinte, ou de changer tout le cadre. Si des parties sont moisies sur les cires de cadre, il faut les éliminer. 
Jean-Marc Emprin
1 Association pour le développement de l’apiculture en Auvergne Rhône-Alpes.
2 Fédération régionale des groupements de défense sanitaire.
3 Groupement de défense sanitaire apicole.