Machinisme
Cuma la Quintoune : un service de moisson en zone de montagne

Dans la vallée de la Drôme, de Vercheny à la vallée de Quint, la Cuma la Quintoune propose un service de moisson à moindres frais. À la fois pour ses adhérents et quelques prestations extérieures, la coopérative a investi dans une moissonneuse-batteuse adaptée aux zones de montagnes, pas toujours accessibles aux entrepreneurs.

Cuma la Quintoune : un service de moisson en zone de montagne
Pour cette petite partie de la vallée de la Drôme, la machine, déjà conçue pour les zones de montagne, a dû être adaptée.

Moissonner en zone de montagne n’est pas une mince affaire. Et les adhérents de la Cuma la Quintoune en savent quelque chose. Située entre Aurel, Vercheny, Pontaix, la vallée de Quint, jusqu’à Marignac-en-Diois, la vingtaine de membres de la Cuma a longtemps profité d’une moissonneuse-batteuse adaptée. Mais au moment de la changer, ils se sont posé des questions sur les moyens de financer ce nouvel équipement. « Nous avons pris notre bâton de pèlerin pour trouver des aides financières », explique David Vieux, président de la Cuma et agriculteur à Saint-Julien-en-Quint, au Gaec de Villeneuve. Pour acheter cette New Holland TC 5.90 Hillside d’occasion, au prix de 150 000 euros, ils se sont adressés à la fédération départementale des Cuma pour monter un dossier auprès de financeurs. C’est finalement grâce à une aide de l’Etat qu’ils ont pu remplacer leur machine. « Sans cette aide, on n’aurait pas pu l’acheter », témoigne le président de la cuma.

Un agenda flexible

Sur le territoire de la coopérative, 130 hectares environ sont moissonnés par an : des céréales, du blé, du triticale, de l’orge, de l’avoine, du petit épeautre ainsi que des légumineuses, pois chiches, lentilles et graines de luzerne. Même si la Cuma n’a pas de salarié, trois conducteurs sont embauchés via un Tesa (Titre emploi simplifié agricole) géré par la MSA, pour conduire la moissonneuse-batteuse pendant la saison. Un choix qui facilite la charge administrative des adhérents. Deux sont en apprentissage et un est confirmé.
Les moissons se passent durant quinze jours à un mois, selon la météo. Être en coopérative permet d’ajuster les agendas et d’inverser les jours de chacun si besoin. « Il ne faut pas que ça traîne non plus mais on n’est pas dans un agenda strict, c’est l’intérêt du travail en commun », précise David Vieux.
Cette flexibilité est bienvenue, ce qui n’est pas forcément possible quand on fait appel aux d’entrepreneurs. « Quand un entrepreneur vient pour la moisson, c’est tel jour et pas un autre. Les entrepreneurs ont souvent déjà leurs clients et n’ont pas forcément de moissonneuse spécifique aux zones de montagne. » Les membres de la Cuma se prêtent aussi des bennes pour éviter d’avoir à en acheter pour chaque exploitation.

Un coût abordable

David Vieux précise que le service est réservé en grande majorité aux adhérents de la Quintoune, même s’il est possible de faire appel à la Cuma en prestation de services. Par exemple, un agriculteur de Pontaix a fait réaliser l’an dernier ses moissons par la coopérative et adhère depuis cette année car le service lui a convenu. « L’intérêt de notre service n’est pas de partir quinze jours ailleurs non plus, donc on priorise les adhérents afin qu’ils y aient accès au bon moment, détaille David Vieux. S’il y a des demandes extérieures on les analyse ».
Pour ce service de moisson en zone de montagne, la Cuma propose un prix accessible : 120 euros par hectare, calculé pour amortir le coût de la machine. « Nous avons calculé le prix par rapport à l’achat de la machine, les frais d’assurance, les salaires des chauffeurs et nous anticipons aussi les frais d’entretien de la moissonneuse-batteuse d’ici deux ans », explique le président de la coopérative.

Adapter la machine

Pour cette petite partie de la vallée de la Drôme, la machine, déjà conçue pour les zones de montagne, a dû être adaptée. En effet, la largeur standard des machines est de 3,50 mètres. Or, elles ne passent pas sur certains ponts de la vallée de Quint qui sont à 3,20 mètres de largeur. La Cuma la Quintoune a donc réfléchi en concertation avec le vendeur pour adapter les roues à 3,20 mètres de largeur. Malheureusement, il reste encore des problèmes : « Avec les roues, la machine est encore à 3,30 mètres de largeur, explique David Vieux. Ça nous a coûté 8 000 euros de plus pour adapter la moissonneuse mais deux ponts sont trop petits. On ne pourra pas résoudre le problème ». Les agriculteurs doivent alors s’adapter en plantant les mêmes céréales de l’autre côté des ponts pour que la moissonneuse ne passe qu’une fois. La manœuvre nécessite que le conducteur soit guidé et il n’est pas possible de mettre des roues plus petites sur la machine car la sécurité pourrait ne plus être garantie.
Cette réalité pose la question de constructions de moissonneuses-batteuses spécifiques pour les zones de montagne. La Cuma la Quintoune avait d’ailleurs été sollicitée pour une trentaine d’hectares de moissons à Saint-Nazaire-le-Désert, mais après étude, là aussi la machine ne passait pas. « On a dû tout analyser pour cette demande, mais finalement ça n’a pas pu se faire », indique David Vieux. 

Elodie Potente

Pour contacter la cuma la Quintoune : David Vieux au 06 70 42 03 37 ou Jochen Haun au 07 87 03 01 90

La Quintoune, une cuma historique   

C’est par de l’entraide historique dans la vallée de Quint qu’est née la Cuma la Quintoune. « Au départ, les gens de la vallée travaillaient un peu ensemble, notamment sur des chantiers comme l’épandage de fumier », raconte David Vieux. Pour l’agriculteur, l’entraide fait partie de l’ADN de la vallée de Quint et de la vallée de la Drôme. « Nous sommes un peu excentrés des axes routiers et les entrepreneurs spécialisés dans les moissons ne pouvaient pas forcément venir car ils n’avaient pas le matériel. » De ce constat est née la Cuma dans les années 1980. Une première moissonneuse-batteuse spéciale montagne a été achetée, remplacée ensuite par une moissonneuse traditionnelle vite revendue après deux saisons. La Cuma possède aussi un épandeur à compost, une herse étrille, une fendeuse de bûche, un déchaumeur à disque et un à dent ainsi qu’une benne monocoque.