Une bineuse inter-plants à guidage par caméra couleur Archives Salon Tech&Bio 2023

Malgré les contraintes de la situation sanitaire, une quinzaine de producteurs et techniciens de la Drôme et de l'Isère ont répondu présents à l'invitation lancée par la chambre d'agriculture de la Drôme, le 26 mai à Lapeyrouse-Mornay. Ce jour-là, ils ont pu voir en démonstration une bineuse inter-plants Garford InRow, matériel acquis par Frédéric Nivon pour le désherbage de ses cultures de plantes à parfum, aromatiques et médicinales bio.
Un enjeu financier
Le binage est le poste le plus important pour la réussite des cultures spécialisées conduites en bio. Et le plus coûteux ! Ainsi, avec ses 80 hectares de Ppam bio, et une problématique importante de souchet (adventice très invasive) dans les cultures, Frédéric Nivon consacre près de 200 000 euros par an en frais de désherbage (temps de ses salariés plus la main-d'œuvre saisonnière). Un montant qui a justifié l'acquisition d'une bineuse inter-plants Garford InRow (84 000 € HT pour la version frontale avec trois rotors). « J'ai recherché une solution pour biner entre les plants, explique-t-il. J'ai hésité un temps avec un robot de désherbage mais ce dernier n'offre pas de réelle capacité de désherbage entre les plants, contrairement à la Garford InRow, qui m'a convaincu ».
Un système de détection de la couleur des plants
Vincent Burens, commercial Sud-Est chez Novaxi, le distributeur exclusif de la marque Garford en France, a détaillé les caractéristiques du système de détection de la couleur des plants. « La caméra détecte des lignes de cultures afin d'assurer le guidage gauche-droite et repère également la position des plants sur les rangs. Les images sont analysées trente fois par seconde, afin de permettre un avancement de 2,7 plants par rang et par seconde, voire plus dans certaines conditions ». Plusieurs paramètres sont à renseigner au préalable : couleur de la culture, écart des rangs, écart théorique inter-plants. Ensuite, la bineuse va rechercher la position réelle des plants puis faire tourner autour les disques rotatifs. La précision de binage est ainsi de l'ordre du centimètre. Le chauffeur du tracteur visualise les plants détectés par la caméra, au fur et à mesure, sur une console couleur en cabine. Cette technologie existe depuis 2008 et est désormais largement éprouvée : « Plus de 60 bineuses InRow tournent en France sur une grande diversité de cultures, a indiqué le commercial. Et il y a une machine en Espagne qui bine chaque année 900 hectares ! ».

«
Biner tôt pour une efficacité maximale
Pour Frédéric Nivon, l'idéal est « de passer une première fois cette bineuse cinq à six jours après la plantation, dès que les plants (des mini-mottes) tiennent un minimum mais pas assez pour supporter un passage de herse-étrille, et alors que les adventices sont entre le stade filament et cotylédons ». Frédéric Nivon se dit satisfait de cette bineuse. Elle permet de bien nettoyer la large gamme de ses cultures durant le mois qui suit la plantation et elle remplace le travail de trois saisonniers, qui binent manuellement l'inter-plants à l'aide d'une bineuse à cardans (bineuse type tabac). L'agriculteur conserve toutefois un porte-outils et sa bineuse à cardans pour compléter son parc d'outils de binage, au regard de ses surfaces importantes en Ppam.

Cédric Yvin

Une exploitation spécialisée en Ppam
Quand Frédéric Nivon a arrêté de cultiver du tabac, à la fin des années 1990, il s’est diversifié avec des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam). Situé loin des distilleries traditionnelles de lavande, il ne s’est logiquement pas tourné vers un débouché huiles essentielles mais vers l’herboristerie (plantes sèches) et les plantes médicinales. Désormais, sur 130 hectares, 80 sont consacrés aux Ppam, avec une large gamme d’espèces : menthe, mélisse, échinacée, cassis, mauve, guimauve, angélique… Excepté pour le cassis, les cultures sont toutes conduites en planches de trois rangs espacées de 40 cm et certifiées bio pour répondre à la demande importante. Frédéric Nivon sèche les plantes et les commercialise lui-même à une trentaine de clients (herboristes, laboratoires).

Données techniques /
La bineuse InRow
- Montage en frontal ou en latéral.
- Nombre de rotors variable.
- Entraînement hydraulique ou électrique des disques rotatifs (quatre diamètres différents).
- Ecart minimum entre plants : 17 cm.
- Contrôle de stabilité par rapport à la planche ; contrôle de la profondeur de travail des disques rotatifs.
- Peut aussi fonctionner en mode « éclaircissage » sur des lignes de semis trop denses.

Utilisation
Sur lavandes et lavandins, la bineuse InRow est utilisable une fois le premier écimage réalisé, l’année de plantation, puis la deuxième, voire la troisième année, tant que les plants ne se touchent pas. L’enjeu reste la reconnaissance précise des jeunes plants, l’année de plantation, car la couleur du feuillage n’est pas homogène sur tous les plants selon leurs stades de développement (nuances de gris puis progressivement de vert), notamment pour les plants racines nues. Vincent de Novaxi espère que ces cultures pourront bientôt être nettoyées plus tôt en post-plantation car des essais sont actuellement en cours.
A noter, la Garford InRow peut s’utiliser sur diverses cultures, du moment que l’écart entre plants est d’au moins 17 cm : Ppam, légumes de plein champ (salades, choux, oignons…) et même sur betteraves sucrières.