SEMIS

Colza 2023 : démarrer l’implantation  au lendemain de la moisson

La réussite du colza repose en premier lieu sur la réussite de l’implantation. Il s’agit en effet d’obtenir un colza suffisamment développé à l’automne lorsque les premiers ravageurs arriveront dans les parcelles. Pour cela, il faut que le colza ait atteint le stade quatre feuilles avant le 20 septembre, date d’arrivée des grosses altises adultes en région Auvergne-Rhône-Alpes, et qu’il soit bien enraciné. Plusieurs étapes clés permettent desécuriser la levée du colza et d’obtenir un « colza robuste » qui restera en croissance active durant l’automne. Sa biomasse à mi-octobre est au minimum de 20 g/plante et de 45 g/plante début décembre.

La préparation des sols

Le colza a besoin d’un sol fissuré en profondeur, sans rupture de structure (tassement, compaction) et affiné en surface lors du semis. L’objectif premier de la préparation du sol sera de garder le maximum l’humidité pour assurer une bonne installation de la culture. Le travail du sol sera donc réduit au strict nécessaire et réalisé aussitôt après la récolte du précédent afin d’éviter les dessèchements de surface. Chaque passage d’outil mécanique sera suivi d’un passage de rouleau pour rappuyer le sol et préserver l’humidité (hors sol battant). Le semis combiné avec une herse rotative ou un autre outil animé est à proscrire : le risque de dessèchement du sol par évaporation accompagné souvent d’un excès de terre fine et/ou de micro-mottes selon la texture du sol est important. De plus, ces passages forment souvent une zone de compaction autour de 5 cm de profondeur qui pénalise l’enracinement à l’automne. Il faut éviter la formation de mottes en intervenant dans des conditions d’humidité adaptées.

Le semis

Le déclenchement du semis sera conditionné par la préparation en amont du lit de semence et par l’annonce d’une pluie durant le mois d’août. La période de semis doit se raisonner prioritairement à partir de ces éléments. Pour les secteurs Auvergne et nord Rhône-Alpes la période s’étend du 5 au 15 août, voire au 20 pour les sols profonds à forte disponibilité en azote. Pour les secteurs plus au sud (vallée du Rhône), la période s’étend du 10 au 25 août. Passée cette période conseillée notamment lors d’absence totale de pluie annoncée, la mise en place de la culture est bien entendu toujours possible mais il faudra être très vigilant aux dégâts de grosses altises adultes de la levée et jusqu’au stade quatre feuilles. Semer avant une pluie d’une dizaine de millimètres, même dans le sec à condition que le sol soit prêt, est le schéma idéal. La graine de colza se conserve très bien dans un sol sec. Attendre la pluie pour semer ensuite, c’est assécher le sol au niveau de la graine par l’élément semeur mais c’est également courir le risque de passer à côté de celle qui fera lever la culture au plus tôt. Dans les situations où l’irrigation est possible, il ne faut pas se priver. En effet, un apport d’une quinzaine de millimètres d’eau suffit, c’est l’assurance de faire lever le colza dans les meilleures conditions, sans perte de pieds et au bon moment. Évitez les surdensités qui pénaliseraient le développement du colza à l’automne (concurrence entre plantes). Respectez une dose de semis comprise entre 30 et 40 graines/m² pour une implantation au semoir monograine à soixante centimètres d’écartement 
(35-45 graines/m² pour un écartement de 35-45 cm). La profondeur de semis doit se raisonner en fonction de l’humidité dans les premiers centimètres du sol. Si le sol est sec sur les trois ou quatre premiers centimètres mais reste frais en dessous, semez jusqu’à trois ou quatre centimètres, afin de positionner la graine au contact de la fraîcheur. Si le sol est sec sur cinq centimètres et plus, semez à deux centimètres dès lors qu’une pluie de 7 à 10 millimètres est annoncée pour favoriser une germination rapide : la graine germera dès que le sol sera réhumecté. On considère que 1 à 1,5 mm de pluie est nécessaire pour réhumecter 1 cm de sol. Si les précipitations sont inférieures aux 7 à 10 mm annoncés et s’il n’y a pas de relais de pluie dans les jours qui suivent, il y a un risque de dessèchement du grain en cours de germination. Cette situation peut conduire à la perte de pieds : c’est la configuration la plus délicate.

La fertilisation en phosphore et en azote

Un sol bien pourvu en éléments minéraux dès le semis est décisif pour l’avenir du colza. La culture est exigeante en phosphore dès la germination et l’apport d’azote au semis permet un gain de biomasse aérienne en entrée d’hiver d’environ 550 g/m². Les sols peu pourvus en phosphore sont fréquents, notamment sur le sud de la région, un apport au semis est donc recommandé car des carences, même modérées, contribuent à une réduction de croissance. Cet amendement doit être raisonné en fonction de la teneur du sol en phosphore, de l’objectif de rendement et de l’historique des apports antérieurs. Seule une analyse de terre déterminera si le sol de la parcelle est pauvre ou bien pourvu en phosphore et permettra d’adapter la dose. Dans les parcelles à faible disponibilité en azote à l’automne, il est conseillé de réaliser un apport avant le semis, qu’il soit organique (fientes, lisiers, digestats, fumiers peu pailleux) ou minéral. Pour l’azote minéral, viser dix unités d’azote en localisé ou trente unités en plein, en veillant au respect de la directive nitrates.

Le choix de la variété

Les variétés testées par Terres Inovia sont maintenant toutes évaluées sur leur vigueur au départ, c’est-à-dire leur cinétique de croissance de la levée jusqu’au stade trois feuilles. Choisir une variété avec une bonne vigueur au départ, couplée avec l’ensemble des leviers évoqués ci-dessus, contribue à partir du bon pied pour les prochains semis. 

Quentin Lambert, Terres Inovia
3 Votre contact régional, Alexis Verniau : [email protected]