Viticulture : à la recherche d’une plante « couvre sol »
Dans le Beaujolais, un travail est mené pour constituer un herbier informatique à partir de cinq parcelles de vignes inspectées. L’objectif est de trouver des plantes résistantes à implanter sous le rang afin de diminuer le travail du sol et la mécanisation.

Organisée en différents sous-groupes de travail, l’association Vigneron·nes du vivant en Beaujolais (VVB) réfléchit au non-travail du sol afin de diminuer la mécanisation et de trouver des solutions pour des vignes non mécanisables. Pour avancer dans ce sens, la chambre d’agriculture du Rhône, accompagnée du botaniste Daniel Mathieu et de VVB, a posé une première pierre en commençant un recensement de la flore sous forme d’herbier informatique. « L’idée de ce travail est d’aller sur le terrain et d’identifier la flore spontanée présente dans les vignes, en faire un inventaire et voir quelles plantes seraient de bonnes candidates pour couvrir le sol », met en contexte Louane Gougeon, apprentie conseillère en viticulture à la chambre d’agriculture du Rhône. Cet inventaire de la flore a pour but de trouver une ou plusieurs plantes propices à implanter sous le rang, notamment pour pouvoir « retenir la terre ».
Une méthodologie précise
Pour cet exercice, cinq parcelles ont été passées au peigne fin. « Nous avons sélectionné des parcelles avec des contextes différents », poursuit Louane Gougeon. Le travail scientifique qui se fait actuellement consiste à consigner dans un tableau les 48 plantes trouvées, dont quinze qui se révèlent être plus tolérantes à la sécheresse, « avec leur nom scientifique, leur nom français, l’abondance de la plante et ses valences écologiques en termes de lumière, de température, d’humidité atmosphérique, d’humidité du sol, de pH, de nutriments et de texture du sol… », indique Daniel Mathieu. Sur l’herbier informatique, se trouvent une photo de la fleur et des feuilles et une description botanique des feuilles et des fleurs « et parfois même du fruit et de la graine ».
Premiers résultats
Avec cette première étape, viennent les constats du botaniste : « Le principal problème posé par les plantes, c’est la concurrence au niveau de l’eau. On recherche des plantes qui poussent à une autre saison que l’été pour qu’elles ne soient plus présentes pour pomper l’eau lors de la saison de la vigne. On note certains facteurs en fonction des territoires également. L’humidité du sol est plus faible sur Lantignié et Vauxrenard avec les arènes granitiques filtrantes. L’acidité est plus forte sur Vauxrenard et Chiroubles et on observe une richesse en nutriments importante sur Blacé avec des terrains plus riches en argile ».
Continuité des recherches
Si l’herbier sert essentiellement à lister les espèces observées sur les parcelles, « nous avons une grande diversité de plantes dans les vignes mais peu sont parfaites à implanter, constate Louane Gougeon. Les vignerons ont eu l’idée d’étendre le champ d’inventaire aux bordures de parcelles et aux prairies sèches du Beaujolais, car on y trouve des plantes qui vivent déjà dans des conditions difficiles avec peu d’eau et de nutriments. Les identifier nous aidera à se rapprocher de notre objectif ».