Idées cadeaux
Artisanat : la richesse du travail manuel

À l’approche de Noël, il est de coutume de partir à la recherche du cadeau idéal. Alors pourquoi ne pas se tourner vers nos artisans d’art régionaux, tous aussi passionnés les uns que les autres ? Voici notre sélection.

Artisanat : la richesse du travail manuel
©pixabay

Maël Miranda, forgeron coutelier en Drôme

Fils d’une famille d’agriculteurs à la tête d’un troupeau de brebis mérinos dans le Sud de la Drôme, à Valouse, Maël Miranda a grandi au cœur de la ferme où il s’est découvert une passion pour les outils. « L’outillage était très présent sur la ferme. Un jour, par hasard, j’ai touché un bout de fer. J’ai tout de suite vu l’intérêt et l’aspect technique de la matière », indique-t-il. « À force, j’ai appris qu’on pouvait chauffer la matière, la modeler. Cela m’a ouvert un champ des possibles. » À 11 ans, avec son âme d’enfant, Maël Miranda s’amuse donc à confectionner ses premiers couteaux, « un outil qui allie le bois et le métal ». Une passion qui deviendra en quelques années une véritable vocation professionnelle : « j’ai arrêté mes études en classe de seconde car le système scolaire ne me correspondait pas, et, pratiquant déjà ce métier de la forge et de la coutellerie depuis six ans, je savais que je ne lâcherais pas ».
Un compagnon de vie
Après avoir approfondi son savoir-faire auprès de Ferdinando Nava, maître de forge – et de vie -, il s’est donc lancé à la tête de son entreprise. « J’ai fait le choix d’utiliser, de manière presque exclusive, du bois local que je sélectionne, collecte, fait sécher et débite en carrelets ou en plaquettes. Ensuite, je stabilise le bois dans de l’huile et de la cire d’abeille afin de limiter la sensibilité de l’outil fini à la chaleur et à l’humidité », explique Maël Miranda. Le forgeron coutelier utilise pour ses créations une vingtaine d’essences de bois, en prenant soin de choisir le sens du veinage du bois. Ainsi, le Drômois propose à la vente des couteaux artisanaux, de poche, de table ou de cuisine. « Je ne fais pas de couteaux à proprement dit d’art. Je fais de belles pièces, mais pour moi, les couteaux sont avant tout des outils et des compagnons de vie », souligne-t-il. Le coutelier a fait des couteaux de cuisine sa spécialité et travaille notamment pour des cuisiniers en gastronomie. Maël Miranda vend également ses créations à des particuliers, sur demande.

Charline Meyer, céramiste en Ardèche

Traductrice dans l’audiovisuel et professeur de français langues étrangères, Charline Meyer a choisi de faire de sa passion pour la céramique son métier. « J’ai toujours pratiqué cette activité en loisir. En 2012, quand j’ai eu 30 ans, j’ai décidé de faire une formation professionnelle de plasticien céramiste en Lorraine, avant de m’installer pendant deux ans en Ardèche à Pépit’Art, une pépinière de métiers d’art. Depuis, mon atelier est installé dans les montagnes de Saint-André-Lachamp. » 
Des pièces uniques et éthiques
Pour créer ses pièces, Charline Meyer achète de la terre à grès et récolte certaines de ses matières premières dans la nature. « Une partie de ma production est réalisée à partir de roches que je prélève, essentiellement en Ardèche, qui me servent à fabriquer mes émaux et mes engobes », explique-t-elle. Ses pièces, uniques, révèlent ainsi son attachement particulier à la nature, au paysage et à l’Ardèche. « Cela a du sens pour moi : c’est important de savoir ce que l’on ramasse, de savoir dans quelles conditions les matériaux ont été extraits, etc. C’est une question éthique. Et cela m’a aussi permis d’en apprendre beaucoup plus sur mon métier et sur la matière. C’est elle qui a le dernier mot ! » insiste Charline Meyer.
Au quotidien, elle conçoit principalement des objets utiles, pour la table notamment, mais aussi des pièces décoratives et des sculptures. « Lorsque j’étais traductrice, j’ai travaillé au Mexique où l’artisanat est très présent dans la vie quotidienne. Cela a été une révélation pour moi », se souvient-elle. Aujourd’hui, elle consacre également un temps précieux à la transmission de son savoir-faire, en proposant des stages ou des cours. « Pour moi, la transmission est vraiment importante, d’autant plus sur des métiers millénaires comme celui-ci. Je me sens totalement investie pour faire en sorte que le métier perdure », déclare-t-elle. L’artisane aime d’ailleurs évoquer son métier auprès des gens de passage dans deux boutiques collectives spécialisées en artisanat d’art en Ardèche, ou lors de Salons de potiers ou de marchés.

charlinemeyerceramique.fr

Vanessa Rodat, souffleuse et fileuse de verre au chalumeau dans le Rhône

Après l’obtention d’un brevet des métiers d’art, Vanessa Rodat s’est installée en tant que souffleuse et fileuse de verre au chalumeau à Lyon. « J’ai toujours été attirée par l’art, mais j’ai eu un véritable coup de cœur pour le verre suite à un stage. Cette matière a un côté magique, c’est un matériau chaleureux avec une lumière incroyable qui s’en dégage », dit-elle. 
Pour réaliser ses créations, Vanessa Rodat, qui a créé la marque Sillycat Glassblower, combine deux techniques : le soufflage et le filage du verre au chalumeau. « Cela me permet de faire de l’inclusion, c’est-à-dire de créer le décor à l’intérieur du verre en trois dimensions. » Dans son atelier lyonnais, elle créé des objets de décoration et des bijoux. « J’ai plusieurs univers qui représentent le ciel, la terre, l’eau et l’humain. Je crée par exemple toute une gamme de bijoux et d’objets qui font référence au monde fantastique de la forêt enchantée (pommes, fleurs, champignons, etc.) ». 
Une palette de verres 
Elle propose également des bijoux à l’univers abyssal, avec toute une gamme de colliers et de boucles d’oreilles avec des petites méduses. Une partie de ses créations représente aussi l’univers de la galaxie, avec des lampes veilleuses prêtes à nous faire voyager dans la voie lactée. Pour cela, elle joue avec les incrustations d’opales et de poudres d’or et d’argent. « Comme les peintres, je dispose de palettes… de verres. Les différentes superpositions me permettent de créer telle ou telle couleur. C’est une maîtrise subjective de la matière », définit-elle. En parallèle, l’artisane recycle des bouteilles de verre en les transformant en réservoirs d’eau - « C’était important pour moi d’ajouter une touche écologique à mes créations. Pour chaque réservoir vendu, je reverse un euro à l’association lyonnaise « Juste un geste » qui vient en aide aux personnes sans-abri ». De son métier passion, Vanessa Rodat souhaite en transmettre le maximum, en proposant régulièrement des stages de découverte. 
« Le savoir, c’est bien, le transmettre, c’est mieux ! » s’amuse-t-elle à dire. Aujourd’hui, la souffleuse de verre vend ses créations sur son site Internet ou au sein de la boutique Folies Douces à Lyon.  

sillycat-lasouffleusedeverre.com


Pierre Scanavino, tourneur sur bois en Savoie

Après des études dans la communication et le commerce, Pierre Scanavino a opéré une reconversion professionnelle à l’âge de 25 ans dans le bois. « Jusque-là, je n’avais jamais ni touché du bois, ni créé de choses avec mes mains, se rappelle-t-il. À l’âge de 8-10 ans, j’avais visité une menuiserie et j’avais eu le coup de foudre pour le métier du bois. Finalement, c’était resté en sommeil. Et puis un jour, lors d’un voyage au Canada, j’ai senti un appel vers le bois et j’ai eu la chance de croiser la route de Pierre Seignol, qui était alors tourneur sur bois en Chartreuse, proche de la retraite. Il m’a proposé de me transmettre son métier de A à Z avant de me céder son entreprise en 2014. Il a été un mentor pour moi », raconte Pierre Scanavino. Le néo-tourneur sur bois vit aujourd’hui pleinement de sa passion, sur la commune d’Entremont-Le-Vieux, en Savoie. 
Joueur de bois
À son tour, il voue un véritable engagement à la transmission de son savoir-faire, à travers des formations et des stages de découverte. « Pour moi, ce métier a été une révélation, un nouveau chemin de vie. J’aime être en lien avec la fonction organique du végétal, être en connexion avec la matière. J’ai l’impression d’être nourri par le bois que je travaille », déclare Pierre Scanavino, qui transforme uniquement des bois de récupération. L’artisan se focalise d’ailleurs sur les particularités du bois (ses formes et ses défauts) pour mettre en valeur l’unicité de la pièce qu’il crée. Il aime travailler le hêtre échauffé, un bois attaqué par des champignons que l’on trouve en forêt, et qui révèle des lignes assez japonisantes. « J’aime tous les bois présentant des défauts », s’amuse à dire Pierre Scanavino, avant d’ajouter : « mon but, c’est de révéler un bois, peu importe la technique utilisée (tournage, sculpture, etc.) ». Ainsi, à partir de cette matière brute, il confectionne vases, bols, planches, porte-couteaux, coquetiers, assiettes décoratives, etc. « Je me suis spécialisé en arts de la table et décoration », indique celui qui se définit comme un joueur de bois. Le nom de son entreprise, Peter Pan, est un joli clin d’œil au monde de l’imaginaire, de la création, de l’âme d’enfant. 

peterpanbois.com

Article rédigé par Amandine Priolet