Une pailleuse oui, mais automatique !

C'est une première en Lozère. Fin novembre, après 15 jours de préparation au Gaec des Lacs de Sainte-Énimie, l'entreprise Tardif-Vassal est venue installer une pailleuse automatique. « Le système est assez simple, explique Hervé Tanguy, gérant de la société. On met la paille dans le caisson et elle va alors jusqu'au broyeur, il peut alors broyer et défibrer la paille. » Défibrer, c'est-à-dire, enlever les nœuds de la paille, ce qui augmente le pouvoir absorbant de cette dernière. Il ressort alors de la machine une paille fine, quasiment neigeuse. « C'est ce que l'on recherche, continue l'entrepreneur. Une paille fine a un pouvoir absorbant beaucoup plus important. La litière est donc plus sèche, l'ammoniac y est moins présent et pour les ovins, cela permet aussi de diminuer le risque de piétin. » Des atouts dus au broyage de la paille mais qui ne représentent qu'une partie du système. En effet, une fois broyée, la paille passe dans une unité de dépoussiérage avant d'être distribuée aux animaux. Une étape importante qui permet de filtrer la matière pour enlever les résidus et notamment la terre. « Balayer, charger le grain... Il y a déjà pas mal de tâches dans un élevage qui sont poussiéreuses alors si le paillage peut ne pas l'être, c'est toujours bon à prendre », confie Benoît Philippe, salarié sur l'exploitation.
« 30 à 40 % d'économies »
Une fois dépoussiérée, la paille broyée est donc distribuée dans les enclos. Pour cela, elle passe dans des tubes accrochés au plafond et garnis d'une chaîne à pastille. La paille tombe alors derrière les animaux quand ils sont en train de manger. « Elle tombe en neige, commente Maxime Tanguy, responsable du secteur pour Tardif-Vassal. Elle se place en tas derrière les brebis quand elles sont en train de manger, par exemple. Ensuite elles font le travail elles-mêmes et répartissent la litière sur toute la surface. » Distribuant la paille via de simples tubes, la structure installée sur place est donc assez légère et ne nécessite pas d'étude de charge. Un point qui a séduit l'éleveur. « Le système automatique et programmable permet un certain confort pour l'éleveur mais le broyage permet aussi de faire des économies de 30 à 40 % de paille », assure Hervé Tanguy.
Un système qui séduit de plus en plus
Si l'entrepreneur est aussi sûr de lui, c'est que le système n'en est pas à sa période d'essai. En effet, cela fait maintenant 15 ans que l'outil est utilisé en Autriche. « Nous avons découvert le système par hasard, expliquent Hervé et Maxime Tanguy. Sur les exploitations, la main-d'œuvre tend à se raréfier et les agriculteurs cherchent des solutions. » L'automatisation de certaines tâches peut répondre à ce manque de main-d'œuvre. Pour preuve, les ventes de l'entreprise sont de plus en plus importantes. « Nous en avons déjà installé une trentaine en Bretagne sur des exploitations bovines et porcines, continue Hervé Tanguy. Cependant le marché se développe de plus en plus pour les élevages caprins et ovins. »
Aurélie Pasquelin
A savoir
En dehors du Grand Ouest de la France, l’entreprise Tardif-Vassal partage la distribution de ces pailleuses avec la société MSE de Ruys, dans l’Isère. MSE travaille sur tout le Grand Est de la France. Ces deux entreprises ont déjà installé une dizaine de pailleuses sur leurs zones, en à peine deux ans. Elles équipent autant les élevages laitiers qu’ovins-caprins et des ateliers de veaux de boucherie. Après les mises aux normes des bâtiments, l’équipement en robots de traite, les éleveurs réfléchissent de plus en plus à ce nouvel équipement de pailleuse dans leurs élevages pour des raisons multiples : gain de temps, économie de paille, meilleure efficacité de la litière, quiétude des animaux… Selon les dirigeants de l’entreprise MSE, une dizaine d’installations devraient aboutir sur leur secteur en 2018.R.S-T.