Agneaux de plein air et laine mérinos en vente directe
Le label Agriculture biologique, la mention Nature & Progrès et la marque Valeurs parc naturel régional des Baronnies provençales caractérisent la production d’un couple de bergers et éleveurs installés à Ballons.

À Ballons, petit village du canton de Séderon aux confins de la Drôme et des Hautes-Alpes, Claire Lapie et Yann Rudant élèvent un troupeau de brebis de races mérinos d’Arles et mourérous. Elle, ingénieure agronome originaire de Chalons-en-Champagne, ex-cheffe de projet « protection d’espaces naturels » en vallée de la Somme puis en Ariège, est arrivée dans la Drôme en 2012 pour se lancer dans une nouvelle orientation, le pastoralisme. Elle crée en 2015 « La colline aux moutons », une exploitation sur laquelle elle élève un troupeau de 200 brebis qui pâturent toute l’année sur les versants de la Montagne de Chabre, autour des trois hameaux de la Calandre, le Vesque et les Granges, profitant sur 300 hectares de la végétation sauvage et diversifiée évoluant au fil des saisons et garantissant une viande douce et savoureuse. Le foin et les céréales consommés en hiver proviennent de fermes bio situées à moins de 15 kilomètres de l’exploitation. Les agneaux grandissent lentement à leur rythme, les femelles sont sélectionnées pour le renouvellement du troupeau.
De la viande de qualité
Les mâles, eux, sont valorisés pour leur viande vendue sous forme de colis, directement sur place ou livrés à domicile par Chronofresh. « Depuis deux ans, nous avons créé avec douze autres producteurs un micro-abattoir coopératif situé à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze, car nous voulions que cette étape d’abattage, qui n’est pas anodine mais nécessaire, ne soit pas déléguée à une structure ou une personne extérieure », précise Claire Lapie. Son troupeau est labellisé agriculture biologique par Ecocert, et il bénéficie de la mention Nature & Progrès ainsi que de la marque Valeurs Parc naturel régional des Baronnies provençales. Le 6 avril dernier, L'agneau des Baronnies était à l’honneur dans l’émission culinaire de M6 « Top Chef ». Claire Lapie a présenté son exploitation et vanté la qualité de cette viande qu’elle commercialise.
La viande d’agneau est vendue sous forme de colis, directement sur place ou livrés à domicile par Chronofresh. ©JMP
De la vraie laine mérinos
La race ovine mérinos d’Arles présente une bonne adaptation aux zones sèches ou de montagnes du sud de la France. C’est l’animal type de la grande transhumance. Leur laine de haute qualité forme une toison très étendue et épaisse, aux mèches fines, longues, souples, résistantes et fortement ondulées. C’est un barrage naturel contre les agressions climatiques que sont la pluie, le froid ou la canicule. La laine de mérinos d’Arles est, avec ses 21,5 microns, la plus fine d’Europe tout en étant aussi l’une des plus gonflantes au monde. Le poids moyen des toisons est de 2,5 kg pour les brebis et de 5,5 kg pour les béliers. À la Colline aux Moutons, la tonte annuelle permet de rassembler plus de 300 kg de laine, laquelle est valorisée en pelotes, cônes ou écheveaux, vendue aux particuliers ou aux ateliers de tissage tel celui tout proche des Barjavaux à Lachau produisant sous-pulls, bonnets et chaussettes.
La laine peignée ou cardée est vendue en pelotes, cônes ou écheveaux. ©JMP
Le loup, une menace
Il y a deux ans, après une attaque du loup, le couple d’éleveurs a perdu une quinzaine de brebis. La pose de clôtures électrifiées mobiles sur les zones de pâturage et la présence de dix chiens (patous et Cão de Gado Transmontano) ont fortement réduit les risques d’attaque du troupeau. Le couple s’est aussi rapproché d’une association dont le programme Pastoraloup forme des bénévoles pour surveiller ponctuellement les troupeaux et tenter la cohabitation entre les deux espèces. « Cela nous coûte une énergie et un stress fou de penser à la protection du troupeau, mais il ne faut pas baisser la garde car on n’a pas droit à l’erreur face au loup ! » confie Claire Lapie. Avec leur salarié Arnaud, ils posent plus de 2 km de clôtures, soit près d’une trentaine d’heures de travail par semaine ! « Il va falloir trouver une solution moins chronophage car rentrer les animaux en bergerie ce n’est pas notre conception du métier. » Cependant, la menace d’une razzia lupine nocturne n’a pas encore eu raison de la détermination exemplaire du couple installé durablement au village avec leurs deux enfants.
J-M. P.
L’un des plus petits abattoirs de France

À Saint-Auban-sur-l’Ouvèze, la cuma de la Haute-Ouvèze, longtemps axée sur la distillation des plantes à parfum aromatiques et médicinales, s’est ouverte à d’autres horizons début 2020 avec la création d’un micro-abattoir. Objectif : diminuer les temps de trajets vers les abattoirs existants géographiquement éloignés, et donc les coûts de transport et les risques d’accident sur les petites routes montagneuses. Les douze éleveurs se situent dans un rayon de 30 kilomètres, le plus près étant à 600 mètres de l’abattoir.
La mairie a pris en charge la construction du bâtiment de 120 m² (450 000 euros), ce qui a permis de bénéficier de subventions (État 70 000 €, Région Aura 200 000 €, commune 87 500 €). S’ajoutent la participation des éleveurs (78 000 €) ainsi que 13 632 € de réserve parlementaire de la sénatrice Marie-Pierre Monier. La cuma paie une redevance annuelle qui permet de rembourser sur quinze ans la participation de la commune. Le bâtiment communal géré par la Cuma est ainsi l’un des plus petits abattoirs de France. La capacité maximale d’abattage a été fixée jusqu’à 1 500 têtes par an. à noter, les éleveurs tâcherons ont dû passer une formation de « responsable protection animale » (RPA) en abattoir, afin de préconiser le bien-être animal de son arrivée jusqu’à sa mort.
