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Viticulture

Coteaux des Baronnies : les producteurs inquiets

Le syndicat des producteurs des Coteaux des Baronnies s’est réuni le 4 mai dernier en assemblée générale. L’occasion pour les viticulteurs de l’IGP de faire le point sur le millésime 2022 et d’évoquer la situation économique compliquée.

Coteaux des Baronnies : les producteurs inquiets
Les producteurs des Coteaux des Baronnies vont mener des actions de communication pour faire davantage connaître leur vin IGP. (©Stéphanie Gentilhomme)

Créé en 1974, le syndicat des producteurs de l’IGP Coteaux des Baronnies regroupe une cinquantaine de viticulteurs des vallées de l’Ennuyé, de l’Eygues et de l’Ouvèze, pour une superficie d’environ 315 hectares. « La production de 2022 a baissé de 10 % par rapport à 2021, avec 14 000 hectolitres de vin (contre 19 000 hl en 2021, une année exceptionnelle en termes de pluviométrie, ndlr). La qualité était au rendez-vous, tant au niveau acidité que fraîcheur, pour nos blancs et nos rosés. Concernant les rouges, nous avons battu des records de degré moyen en raison de la forte sécheresse que nous avons traversée », a stipulé Sébastien Dupoux, président du syndicat, à l’occasion de l’assemblée générale le 4 mai dernier, durant laquelle un hommage a été rendu au regretté Raymond Gras, co-fondateur du syndicat et membre jusqu’en 2003. Dans un secteur où l’irrigation se fait très rare, les plants de vignes sont relativement adaptés aux conditions sèches. « Les jeunes vignes ont tout de même souffert », poursuit le président.

Les caves coopératives en difficulté

Bien que le bilan de la production soit plutôt satisfaisant pour les vignerons des Baronnies, le contexte de commercialisation inquiète beaucoup. « Si les domaines particuliers arrivent à maintenir leurs activités commerciales - malgré la hausse du coût des matières sèches (bouteilles, cartons, transport...) -, les caves coopératives, portées sur le négoce, sont à la peine. Nous n’avons pas chiffré le déficit des ventes mais elles sont très en dessous de ce que nous pouvions espérer », souligne Sébastien Dupoux, ajoutant que le plus gros opérateur était la cave coopérative du Nyonsais. « Les caves sont touchées à différents niveaux, avec des ventes loin d’être homogènes », ajoute-t-il. L’excès des stocks, connu depuis la crise de la Covid-19, pose problème. 
« Nous sommes relativement inquiets pour l’avenir, face à un contexte de dépression. Nous avons l’impression que nous nous enfonçons dans une crise plus longue que celle que nous avions connue par le passé, face à des changements d’habitude de consommation. C’est à nous de nous adapter à une consommation différente du vin, en ciblant une nouvelle clientèle. Il va être primordial de relancer une petite dynamique pour maintenir à flot nos exploitations. Même si nous sommes nombreux à être en polyculture, la vigne apportait toujours une valeur ajoutée, face aux cultures d’abricotiers ou de lavandin, propres à notre secteur… Il ne faudrait donc pas que cette situation économique dure trop longtemps », alerte Sébastien Dupoux.

Miser sur la communication

Pour tenter d’inverser la tendance, le syndicat des producteurs des Coteaux des Baronnies travaille depuis deux ans sur un audit communication. « L’idée est de développer quelques outils pour se réapproprier la communication, via les réseaux sociaux et le site internet. Nous sommes plutôt un petit marché de niche, c’est pourquoi nous devons réactiver le levier de la communication et de la promotion pour faire connaître notre petit territoire », annonce le président du syndicat.
Malgré le contexte très délicat, les producteurs ont les yeux rivés sur la prochaine campagne. Face à la rareté des précipitations (150 mm en moyenne depuis le début de l’année, selon les secteurs), les vignes ne souffrent d’aucune pression sanitaire. « Le stress hydrique ne se ressent pour l’instant pas trop sur la vigne, mais les déficits de pluie risquent de limiter les rendements. On peut cependant imaginer que ça se ressentira sur la qualité. Pour l’heure, nous assistons à une sortie de raisins assez moyenne, conclut Sébastien Dupoux, mais il reste tellement d’aléas possibles jusqu’aux vendanges. »

Amandine Priolet