Inauguration
Dans les Baronnies,  le parcours exemplaire d’un passionné 

La France a perdu plus de 100 000 exploitations agricoles entre 2010 et 2020, soit la disparition de 27 fermes par jour. L’installation d’un jeune agriculteur devient alors un évènement à saluer. C’est pourquoi le syndicat Jeunes Agriculteurs 26 a organisé l’inauguration de l’installation d’Aloïs Bec à Saint-Auban-sur-Ouvèze.

Dans les Baronnies,  le parcours exemplaire d’un passionné 
Les élèves de la MFR de Richerenches (84) ont participé à ces échanges avec Aloïs Bec, en présence de : Yvan Jarnias, président de JA 26, Pascale Rochas, conseillère départementale, Véronique Chauvet, maire de Saint-Auban, Marie-Hélène Bouvet, conseillère à la chambre d’agriculture. Des représentants du Crédit Agricole étaient également présents. ©JMP

À 26 ans, Aloïs Bec perpétue la passion pour l’élevage de moutons héritée de trois générations d’agriculteurs éleveurs installés à la ferme du Pouzet sur les hauteurs de Saint-Auban-sur-Ouvèze. Sa sélection, à deux reprises, pour représenter la région PACA aux Ovinpiades du Salon de l’Agriculture de Paris pour décrocher le titre de « meilleur jeune berger de France » a démontré l’ambition et les convictions de cet ancien élève du lycée agricole de Dignes Carjane (04). Entre 2010 et 2013, il y a préparé un Bac Pro CGEA puis un BTS analyse et conduite des systèmes d’exploitation (Acse) en alternance, avant de poursuivre comme salarié pendant trois ans au lycée. En janvier 2020, il a concrétisé son installation. Il avait toujours dit : «  diplôme en poche, je m’installerai sur l’exploitation familiale du Pouzet en lançant, parallèlement à la production fruitière et lavandicole de mes parents, l’élevage ovin viande avec un troupeau d’une centaine de brebis ! ». Son père, Franck, avait en effet arrêté l’élevage dans les années 1980. Aujourd’hui, Aloïs travaille conjointement avec son père sur 40 ha de lavande maillette, lavandin grosso et sauge, 12 ha de vergers produisant cerises, abricots, prunes et pommes ainsi qu’un hectare de vigne. Ils disposent aussi de 16 ha de prairie et 7 ha de terres consacrés aux céréales et semences. Aloïs élève également un troupeau d’une soixante de brebis mourerous. 

Circuits de vente diversifiés

Les lavandes et lavandin sont commercialisés à 90 % en fleurs mondées, via les grossistes et négociants. Environ 10 000 bouquets de lavandin bleu sont également confectionnés chaque année. Du côté des vergers, les pommes sont exclusivement destinées à la vente directe, alors que les autres fruits (cerises, abricots, prunes) sont écoulés principalement via les grossistes. Les écarts de tri sont transformés en jus et compote et vendus en direct. La production des vignes est destinée à la cave coopérative. 
Côté troupeau, le jeune éleveur envisage de passer prochainement à quatre-vingts têtes. Les bêtes pâturent sur les terres de l’exploitation et entretiennent les rangs entre vignes, vergers et lavandes. Du 15 juin au 15 septembre, le troupeau est confié à un collectif pastoral et monte dans les pâturages de montagne sur les hauteurs du Lautaret au-dessus de Briançon. Une trentaine d’agneaux sont vendus en carcasse, en direct ; le reste de la production est écoulé via un grossiste à Sisteron. Quelques bêtes sont également vendues comme reproducteurs. Aloïs Bec envisage prochainement la construction d’une bergerie. 
La diversification de la production entre l’arboriculture, les plantes aromatiques et l’élevage permet à l’exploitation de compenser en cas de difficultés liées aux aléas climatiques ou au marché. Aloïs Bec met aussi en avant le soutien et les conseils de sa famille dans son travail quotidien qui lui permettent de vivre sa passion de l’élevage malgré une charge accrue de travail et les menaces de prédation. 

Retenue collinaire en projet

Lors de cette rencontre, a aussi été abordé le projet porté par Aloïs et Franck Bec de développer une nouvelle retenue collinaire pour satisfaire les besoins en eau, augmenter l’autonomie alimentaire du troupeau et sécuriser les autres productions . Les deux exploitants ont déjà mis en place un goutte-à-goutte enterré dans les pommiers et différents systèmes le plus économe possible en eau dans les vergers. Deux retenues collinaires (12 000 m3) ont été créées par Franck Bec il y a quelques années. Mais cela n’est plus suffisant. Comme l’a rappelé Vladimir Gauthier, en charge du dossier eau pour JA26, « nous allons de plus en plus vers des périodes de grand sec, suivies de gros orages. La seule solution est donc celle des retenues collinaires ». Et Aloïs Bec d’argumenter : « L’idée n’est pas d’augmenter les surfaces de cultures à arroser, mais bel et bien de sauver les cultures en place. » Pascale Rochas, conseillère départementale, a souligné qu’il devient primordial d’améliorer la gestion de l’eau bassin par bassin, afin que chaque agriculteur puisse vivre et continuer à nourrir les populations. Et d’ajouter : « Quand on retient l’eau ici, on évite les inondations en bas. » 

J.-M. P. avec JA26

Aloïs Bec installé à la ferme du Pouzet à St Auban sur Ouvèze  © jmp