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Aviculture

Valérie du Retail et son poulailler mobile

A Die, depuis juillet 2019, Valérie du Retail élève des poules pondeuses dans un poulailler mobile, dont elle apprécie la conception, les astuces... Mais c’est un investissement.

Valérie du Retail et son poulailler mobile
D’une surface utile de 37,5 mètres carrés, le poulailler mobile de Valérie du Retail peut loger 225 poules.

Installée à Die depuis 2009, Valérie du Retail a une activité diversifiée. Elle élève des chevaux de race Shagyas, est guide de tourisme équestre, accompagnatrice en montagne, cultive des framboisiers, un verger qui entrera en production l’an prochain… Elle élève aussi, depuis juillet 2019, des poules pondeuses bio dont les œufs sont vendus en direct. Ainsi, comme qu’elle le dit, elle ne met pas tous ses œufs dans le même panier.

Des astuces, options


Valérie du Retail, son poulailler et ses poules rousses. Crédit photo : Julie Berger.

Valérie du Retail a opté pour un poulailler mobile Hühnermobil (équipé de roues et d’un timon), le plus petit modèle commercialisé par ce constructeur allemand. D’une surface utile de 37,5 m2, il peut loger 225 poules. « Ce poulailler est très bien conçu, dans le respect de l’animal, avec des astuces, des options que l’on peut prendre ou non, explique l’éleveuse. Par exemple, pour aérer le bâtiment quand il fait chaud, on peut enlever le bas de la porte et laisser uniquement la grille. Des aérations sont placées en partie haute. Grâce à des aimants, on peut aussi entrebâiller les pondoirs pour laisser passer un filet d’air.... Comme option, j’ai pris deux étagères très pratiques pour poser les alvéoles à œufs lors du ramassage dans les pondoirs... » 

Valérie du Retail a pris en option deux étagères pour poser les alvéoles à œufs lors du ramassage dans les pondoirs. Crédit photo : Julie Berger.

Automatismes et autonomie énergétique

Ce poulailler est autonome en électricité grâce à deux panneaux solaires posés sur le toit. On accède à l’intérieur par un escalier. A l’étage supérieur, sont installés des mangeoires et abreuvoirs automatiques, perchoirs et quatre nids de ponte. La lumière aussi s’éclaire automatiquement, le matin à 5 heures 30 et le soir un peu avant la fermeture des trappes d’accès au parcours puis s’éteint à 21 heures 30. Toujours à l’étage supérieur, les poules marchent sur des caillebotis et les fientes tombent sur un tapis placé dix centimètres au-dessous. « Avec la lame d’air, les crottes sèchent bien surtout l’été (un peu moins l’hiver), il n’y a pas d’odeur d’ammoniac. »

A l'intérieur du poulailler : l'étage supérieur où sont installés des mangeoires et abreuvoirs automatiques, perchoirs et quatre nids de ponte.

Les pondoirs sont fermés manuellement le soir et s’ouvrent automatiquement à une heure du matin. A cette heure-là car « plus tôt, des poules iraient y dormir et, plus tard, des œufs pourraient être pondus sur les caillebotis ». Peu d’œufs sont d’ailleurs pondus en dehors des nids : « maximum deux ou trois par jour mais parfois aucun. Les poules ont vite compris qu’il fallait aller dans les pondoirs, qui sont sombres et confortables (remplis de balle d’épeautre). Cela s’est fait naturellement ». Les œufs sont ramassés depuis l’extérieur. Les quatre coffres à aliment et le tank à eau sont remplis tous les huit à dix jours.
Au niveau inférieur du poulailler, se trouvent une aire de grattage, également avec un tapis (posé sur un plancher métallique) et de la litière (mélange de paille et de copeaux de bois) et les trappes de sortie dans le parcours, dont l’ouverture est elle aussi automatisée. Valérie nettoie le tapis du haut en moyenne une fois par semaine et, selon le salissement, celui du bas tous les un mois et demi à quatre mois. Une tâche qu’elle considère facile.

Facilement déplaçable

Déplacer le poulailler prend seulement dix minutes.

Dans le parcours, « le comportement des poules se rapproche du naturel. C’est un bénéfice pour elles et la qualité des œufs », confie Valérie. Elle déplace le poulailler environ tous les 10 à 15 jours, maximum trois semaines (mais moins souvent l’hiver quand les terrains sont gras), le matin lorsque les poules sont encore dedans. Durée : seulement dix minutes avec un tracteur. Par contre, déplacer les 150 à 300 mètres de filets est bien plus long (jusqu’à trois heures à une seule personne).
Cette éleveuse a fait le choix de garder ses poules « assez longtemps ». Elle renouvellera son premier lot qu’en février 2021. Elle a eu « un peu de mortalité, quelques attaques de rapaces (l’élevage étant au pied de la montagne) mais pas trop de renards grâce aux filets entourant le parc ». Outre le poulailler, pour se protéger des prédateurs, les volailles peuvent se réfugier dans des petits abris.
Valérie a payé son poulailler mobile 32 000 euros, plus 3 500 euros de transport. Elle a perçu une aide à hauteur de 52 % dans le cadre du PCAE (plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles). « C’est sûr, c’est un investissement, reconnaît-elle. Mais je me suis dit que, si je devais arrêter, je pourrais le revendre ; il a l’avantage d’être mobile. »

Annie Laurie

Poulailler mobile : des innovations intéressantes mais...

Poulailler mobile : des innovations intéressantes mais...
Lors de la rencontre autour du poulailler mobile de Valérie du Retail, organisée par l’association de volailles fines du Dauphiné et la chambre d’agriculture de la Drôme.

Le 26 octobre, l’association de volailles fines du Dauphiné et la chambre d’agriculture de la Drôme ont organisé une rencontre autour du poulailler mobile de Valérie du Retail. Cette visite s’adressait au groupe technique « pondeuses » de cette association mais était ouverte à tous. « Une dizaine de personnes y a pris part : des éleveurs déjà installés ou porteurs de projet venus se renseigner, s’inspirer de ce système, chercher des éléments techniques… », précise François Gaudin, conseiller « productions volailles et porcs » à la chambre d’agriculture.

Coût, durée de « vie »
Les participants se sont, entre autres, posé la question de la rentabilité de ce type de poulailler, bien plus cher qu'une cabane mobile (elle revient entre 4 000 à 5 000 euros départ usine pour une taille équivalente). Certains se sont interrogés aussi sur le nettoyage du poulailler, l’usure des tapis des fientes... « Ce poulailler mobile comporte des innovations intéressantes, souligne François Gaudin. Mais, au total, le bilan est-il positif ? On manque de recul. Il serait intéressant de refaire une visite dans cinq ans pour voir ce qu’il en est ».

A. L.

Poulailler mobile de Valérie du Retail