Rebondir 26 : un appui pour sortir des difficultés
Le dispositif Rebondir 26, qui associe la MSA et la chambre d’agriculture, accompagne plus de 360 agriculteurs en Drôme. Objectif : aider ces personnes à passer un cap difficile de la vie de leur exploitation, qu’il s’agisse de difficultés professionnelles ou personnelles.

Crise sanitaire, confinements, gel, hausse du coût des matières premières… Les deux années écoulées ont encore fragilisé les exploitations agricoles. L’impact est d’autant plus important que ces différents évènements ont touché à la fois les sphères professionnelle et privée. Dans un tel contexte, le dispositif Rebondir 26, mis en place depuis 2010 par la MSA Ardèche-Drôme-Loire (ADL) et la chambre d’agriculture de la Drôme, avec le soutien du Département, a démontré une nouvelle fois son utilité. « En 2020, 365 situations ont été accompagnées et 367 sont en cours d’accompagnement en 2021. Cela représente un cas par jour », signale Henry Jouve, président de la MSA ADL.
150 à 200 situations détectées chaque année
Les objectifs de cet accompagnement sont multiples : aider les personnes concernées à se repositionner sur leur projet de vie, à clarifier leur priorité, à rompre l’isolement, redonner un nouveau souffle à l’exploitation ou, si besoin, accompagner le changement vers de nouvelles orientations professionnelles.
« Les personnes qui entrent dans le dispositif ont soit fait la démarche d’appeler elles-mêmes la MSA ; soit nous avons eu connaissance de leur situation par un réseau de partenaires en contact direct avec les exploitations », indique Cécile Ranc, responsable adjointe du service d'action sanitaire et sociale à la MSA ADL. Ainsi sur les cinq dernières années, entre 150 et 200 nouvelles situations nécessitant un accompagnement ont été détectées annuellement. Certaines sont accompagnées sur plusieurs années, portant ainsi à plus de 360 le nombre de personnes aujourd’hui suivies.
Identifier les filières fragilisées
Pour les partenaires, cette étape de détection, avant que les exploitants ne basculent dans des difficultés insurmontables, est essentielle. « C’est une de nos priorités », souligne Cécile Ranc. Exemple récent : le travail réalisé auprès des producteurs d’abricots des Baronnies, une filière touchée de plein fouet par des épisodes de gel successifs et qui, avant même le gel d’avril 2021, rencontrait déjà de grosses difficultés. « Fin 2020, le travailleur social de la MSA du secteur et les deux conseillers de la chambre d’agriculture se sont relayés pour contacter l’ensemble des arboriculteurs du territoire. Nous avons ainsi pu identifier des situations aujourd’hui suivies dans le cadre de Rebondir 26 », détaille la responsable.
Cette année, la MSA ADL a également réalisé une vaste opération d’appels en direction des exploitants concernés par le gel du printemps 2021. « 1 300 agriculteurs ont été appelés en Drôme pour leur indiquer qu’ils étaient éligibles à la prise en charge de cotisations et leur expliquer les démarches à effectuer via le site internet », signale Henry Jouve. Une action qui a aussi permis de détecter d’éventuelles situations critiques, tant d’un point de vue professionnel que personnel.
L’isolement, un facteur de fragilisation
D’un point de vue territorial, les nouvelles situations détectées en 2020 se sont concentrées à part presque égales sur les territoires « Vallée de la Drôme - Diois » et « Tricastin - Nyonsais - Baronnies ». L’action menée sur les Baronnies a certainement contribué à la hausse des accompagnements sur ce territoire. D’une façon générale, depuis plusieurs années, le territoire Vallée de la Drôme - Diois représente près de la moitié des accompagnements.
L’isolement est par ailleurs un critère qui revient fréquemment et tend à s’accentuer. En 2015, à peine plus de la moitié du public accompagné ne vivait pas en couple. En 2020, les personnes isolées représentent presque 70 % des situations accompagnées par Rebondir 26, et près de la moitié d’entre elles ont également des enfants à charge. « On sent bien que le début de la vulnérabilité d’une exploitation agricole est aussi liée à ces questions », souligne le président de la MSA ADL. Des situations souvent complexes qui nécessitent un travail important des assistantes sociales pour établir « un diagnostic pertinent et sincère ». Sans oublier chaque fois que nécessaire un suivi technique, économique, stratégique réalisé par un conseiller de la chambre d’agriculture pour redresser le cap de l’exploitation.
Prévenir le mal-être
« Je tiens à cette approche en binôme MSA et chambre d’agriculture, insiste Henry Jouve. C’est une bonne approche et nous pouvons être fiers de ce dispositif de prévention, même si, au bout d’une décennie d’engagement dans celui-ci, je suis quand même un peu amer que notre métier d’agriculteur ne génère pas autant de bonheur qu’il le devrait ». La prévention du mal-être en agriculture demeure hélas un sujet essentiel. « Nous devons rester engagés sur ce sujet et trouver les moyens pour mener ces actions. C’est l’objet de notre partenariat notoire avec le Département », affirme le président de la MSA.
D’autant que les résultats sont là : au premier semestre 2021, quarante-et-une personnes accompagnées ont pu sortir du dispositif grâce à un redressement de leur situation et à une augmentation de revenus.
Sophie Sabot
Contact : service d’action sanitaire et sociale de la MSA Ardèche-Drôme-Loire au 04 75 75 68 95.
Les actions proposées par Rebondir 26
L’accompagnement est d’abord individuel. Il va porter à la fois sur la dimension agricole via une expertise technique et économique par un conseiller de la chambre d’agriculture et sur la dimension sociale et familiale avec les travailleurs sociaux de la MSA. Ainsi, l’exploitant concerné pourra être accompagné sur des questions de santé, pour accéder à ses droits sociaux, pour une éventuelle reconversion professionnelle, une recherche d’emploi à temps partiel… La dimension familiale est aussi au cœur du dispositif, notamment pour offrir un peu de répit à l’exploitant et son entourage, grâce à des journées de remplacement, l’accès à des dispositifs « vacances ». Dans certains cas, une aide financière sera proposée pour une prise en charge psychologique. Dix-sept situations ont ainsi pu être accompagnées en 2020.
Rebondir 26 propose par ailleurs des actions collectives, qui permettent de sortir de l’isolement. En 2021 par exemple, une formation « vente directe et numérique » a été organisée pour des producteurs fermiers à Cléon-d’Andran, afin de répondre aux besoins exprimés suite au confinement. Une action « récupérer et aller à l’essentiel » a également été proposée pour aider les personnes concernées à se poser et à fixer leurs priorités.