Abricot des Baronnies : le dossier de reconnaissance IGP avance
Les aléas climatiques ont encore durement impacté les arboriculteurs des Baronnies l’an dernier. Cependant, tous saluent la réactivité des pouvoirs publics pour verser des aides indispensables à la survie des exploitations. Plus que jamais le dossier de l’IGP est d’actualité pour préserver l’avenir de cette production.

«L’IGP, une identité nécessaire pour les consommateurs. » C’est par ces mots que Franck Bec, président du Syndicat de valorisation de l’abricot de Baronnies, a ouvert l’assemblée générale pour 2020 et 2021, le 11 février à Buis-les-Baronnies devant une quarantaine de producteurs. Un point sur les deux dernières récoltes a mis en évidence la récurrence du gel sur les mêmes zones de production. L’an dernier, après un hiver clément, a succédé un printemps calamiteux avec des gels de printemps sur tout le territoire décimant de 90 à 100 % des récoltes, alors qu’une remarquable floraison promettait du mieux. Les volumes récoltés n’ont représenté que 20 % d’une année normale dont le potentiel monte à 15 000 tonnes sur les Baronnies provençales, la production française tournant autour des 157 000 tonnes.
« Malgré ce contexte, l’abricot des Baronnies en 2020 et 2021 fut d’excellente qualité, bien chargé en sucre et de belle coloration offrant un visuel attractif et un gustatif flatteur et incitatif », a fait remarquer Franck Bec. Depuis trois ans, au lieu des 75 % habituels seulement 30 % de la production sont écoulés à l’export - vers l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique et les Pays-Bas. C’est un constat inquiétant car avec plus de 250 000 tonnes, l’Italie est devenue le premier producteur européen d’abricots. Le reste de la production des Baronnies est vendu localement ou à travers le réseau des circuits courts.
Le dossier d’IGP examiné cette fin janvier
Le Syndicat de valorisation de l’abricot des Baronnies, avec le soutien de la chambre d’agriculture de la Drôme et du Parc naturel régional (PNR) des Baronnies provençales, accompagne la reconnaissance d’une indication géographique protégée (IGP) « abricot des Baronnies ». « Le dossier arrive en fin de processus de présentation », a expliqué Benoît Chauvin Buthaud, conseiller à la chambre d’agriculture de la Drôme. Les 25 et 26 janvier, il sera examiné par le comité national produits de l’INAO* avant l’ultime et décisive étape devant l’assemblée européenne, qui prendra de douze à dix-huit mois encore. « Une durée qui permettra d’ajuster auprès de tous les opérateurs les étapes de mise en place de l’IGP par une dynamique pertinente et appropriée. »
Les principaux points du cahier des charges ont été passés en revue. Le zonage regroupe 81 communes des cantons de Buis-les-Baronnies, Séderon, Rémuzat, Nyons et quelques-unes limitrophes du Vaucluse et des Hautes-Alpes. Le descriptif de cet « abricot de montagne » stipule une culture entre 200 et 1 200 mètres d’altitude avec douze variétés adaptées au terroir et au climat favorisant une qualité visuelle (coloration variant de l’orange au rouge) et gustative (concentration en sucre et en arômes) qui lui est propre. Avec une densité de verger limitée à 670 arbres à l’hectare, soit un rendement à l’ha de 25 tonnes de fruits, l’objectif est favorable à une production de qualité. Enherbement des rangs, désherbage chimique inférieur à 50 %, pas de travail des sols entre le 15 octobre et le 15 février complètent le cahier des charges. Pour la vente en frais, sera privilégiée la notion « d‘unité culturale », ce qui correspond à la récolte d’un jour sur une même parcelle. Un délai optimale entre la récolte et son expédition ne dépassant pas quatorze jours est aussi fixé. Des objectifs rigoureux visant la qualité comme identité de l’abricot des Baronnies.
Privilégier le goût
Le sélection des variétés les plus gustatives est prioritaire sur celles plus précoces ou tardives car les arômes sont déterminants dans le choix du consommateur. « Il faut que l’abricot ait du goût, c’est le principal enjeu pour pousser à un nouvel achat », a ajouté Benoît Chauvin Buthaud. Chaque ménage français en consomme 2,2 kg par an. L’abricot est d’ailleurs le deuxième fruit consommé l’été et le troisième produits en France, juste derrière la pomme et la pêche-nectarine. Une performance pour un fruit qui n’est disponible que quatre mois par an.
Venu de Corse, Vincent Marcadal, membre fondateur de l’IGP « clémentine de Corse », a présenté l’historique d’une success-story avec un fruit à l’agonie dans les années 2000 et dont les ventes n’ont cessé de progresser et de séduire la clientèle grâce à son identité IGP et un cahier des charges pertinent imposant la qualité. Autre intervention, celle de Regis Aubenas, arboriculteur à Châteauneuf-sur-Isère et président de Fruits Plus, venu présenter le projet de loi sur l’assurance multirisque climatique.
En clôturant l’assemblée générale, la conseillère départementale Pascale Rochas a salué le dynamisme du syndicat pour l’obtention de son IGP et manifesté sa grande satisfaction à vivre sur un territoire capable d’offrir de nombreux produits labellisés. Franck Bec s’est réjouit de constater au quotidien l’intérêt de nombreux producteurs devant l’assiduité du syndicat dans cette quête de l’IGP « abricot des Baronnies ».
J-M. P.
* INAO : Institut national de l’origine et de la qualité.