MUTUALITÉ
Réfléchir sur notre rapport au travail  pour préparer demain

Dans les nouveaux locaux de Groupama, à Saint-Priest-en-Jarez (Loire), la Confédération régionale de la mutualité, de la coopération et du Crédit agricole (CRMCCA) a organisé, début juillet, une conférence qui tendait à réfléchir sur l’évolution du rapport au travail de la société.

Réfléchir sur notre rapport au travail  pour préparer demain
Le 3 juillet, à Saint-Priest-en-Jarez, Bruno Roche (à droite) a tenu une conférence sur le thème « Les transformations de notre rapport au travail : évolutions ou révolutions ? » organisée par la CRMCCA, présidée par Philippe Panel (à gauche).

La Confédération régionale de la mutualité, de la coopération et du Crédit agricole (CRMCCA) a organisé une conférence sur le thème « Les transformations de notre rapport au travail : évolutions ou révolutions ? » Un choix de sujet qui « répond à un enjeu majeur auquel toutes nos entreprises sont confrontées en matière d’emploi, de recrutement et de fidélisation des collaborateurs », a expliqué Philippe Panel, président de la structure.
Animée par Bruno Roche, professeur de philosophie en classes préparatoires au Collège supérieur à Lyon, cette conférence se voulait « sans langue de bois et percutante », ont confié les organisateurs. « On s’est dit qu’il fallait être ouverts et montrer que la CRMCCA contribue à apporter des éléments de réflexion. C’est à destination des RH (ressources humaines, NDLR), mais aussi des professionnels qui ne sont pas élus au sein de la confédération, ainsi que des partenaires institutionnels. »

Mutations sociologiques

Le conférencier a découpé son exposé en cinq temps forts, entre contexte et conséquences sur fond de sociologie. En résumé, l’orateur du jour a commencé par imager le changement de paradigme, qui s’expliquerait par des ruptures générationnelles dans l’idéal de vie, où l’intensité l’emporterait sur la durée : « La génération X (gens nés entre les années 1965 et 1980 - ndlr) renvoie à l’ordre et au progrès, alors que les ”millenials” (jeunes âgés entre 25 et 35 ans - ndlr) sont dans l’intensité des moments, dans l’instant ».
Avec ce « triomphe de l’intensité ,  l’histoire s’efface derrière l’évènement », constatant que seul le moment présent compte, a indiqué Bruno Roche. On devrait alors « jouir sans entrave » en prenant compte de l’évolution des intensités du loisir, de la volonté forte de réduction du travail, de la fin du modèle familial où l’individu prioriserait les opportunités à la vie de famille...

Crise Covid et conscience écologique

Deux leviers auraient fait office d’accélérateurs à ce changement : le premier, inattendu, est la crise sanitaire de la Covid-19 ; le second, prévu, est ce que Bruno Roche a appelé « le triomphe de la conscience écologique », qui aurait « remplacé les droits de l’Homme ».
Il s’est intéressé ensuite à la mutation du rapport à l’emploi, qui se traduit par de nombreux éléments : taux de rotation du personnel ; recherche de sens en plus de l’utilité dans le travail ; besoin de preuve, d’efficience et d’efficacité ; dominance du freelanding (91 % des ”millenials” pensent ne pas rester plus de trois ans à un poste) et des reconversions...
Bruno Roche a terminé son exposé en évoquant les incidences que de telles transformations avaient sur le management des organisations et entreprises : fin des rentes et création continue ; passage du marché de l’emploi employeur au marché du travail candidat ; naissance du manager coopérateur ; ubérisation des fonctions exécutives ; idéal de la communauté choisie, etc.

Axel Poulain