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Meunerie

Liban : " Il était de notre devoir de répondre à cette urgence humanitaire "

Jean-François Loiseau est le président de l'Association nationale de la meunerie française (ANMF) et d'Axéréal. A la suite de la tragédie qui s'est produite à Beyrouth, le 4 août dernier, les meuniers français ont offert 500 tonnes de farine de blé pour la population libanaise.
Liban : " Il était de notre devoir de répondre à cette urgence humanitaire "

Pourquoi avez-vous pris cette initiative ?

Jean-François Loiseau : « Le Liban est un pays lié historiquement à la France. Pour preuve, le président de la République, Emmanuel Macron, s'est rendu sur le champ à Beyrouth. Sur place, il a prononcé un discours très fort sur cette tragédie. Avec mes collègues meuniers nous avons été interpellés et nous avons décidé de faire un geste fort pour répondre à cette urgence humanitaire, en lien avec le cabinet du ministre de l'Agriculture et la cellule de crise du quai d'Orsay. »

Jean-François Loiseau est le président de l'Association nationale de la meunerie française (ANMF) et d'Axéréal.

Y avait-il un risque de rupture d'approvisionnement en denrées alimentaires ?
J-F.L. : « C'est difficile à dire. En tout cas l'explosion de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium conservées dans des conditions précaires dans le port de Beyrouth a détruit les entrepôts où sont stockées les céréales importées. Ce qu'il faut savoir également, c'est que la moitié de la population de ce pays vit sous le seuil de pauvreté. La destruction du silo n'a fait qu'ajouter des difficultés supplémentaires à une situation déjà dramatique. »

 

Combien d'entreprises se sont associées à cette opération et comment s'est-elle déroulée ?
  J-F.L. : « La farine offerte provient de vingt meuniers répartis sur tout le territoire et de toutes tailles. Les plus petits ont pu offrir un demi-camion, les plus grands jusqu'à trois camions. Quelles que soient leurs tailles, ces entreprises ont conditionné et transporté la farine en sacs de 25 kg en un temps record. Arrivées sur la base navale de Toulon, les cargaisons ont été prises en charge par la Marine nationale, qui les a installées dans les bateaux. Arrivés à Beyrouth, les lots de farine ont été récupérés et gérés par l'Ambassade de France qui les distribue dans des réseaux sécurisés. »

 

Allez-vous prendre d'autres initiatives en ce sens ?
J-F.L. : « Comme dans tous les pays qui vivent de tels drames, la priorité est au médicament, à l'alimentation et à la reconstruction. Il y aura des demandes en céréales, en lait pour les enfants notamment à satisfaire. Notre intention est bien d'y répondre à notre niveau en relation avec la cellule de crise du quai d'Orsay et de nous associer au programme alimentaire qui a été mis en place par les Nations Unies pour venir en aide aux populations sinistrées. »

Propos recueillis par Actuagri

 

Liban /

La FAO craint une pénurie alimentaire

Parce que le Liban importe 80 % de ses denrées alimentaires et que parce 60 % des importations du Liban transitent par le port de Beyrouth, l'un des plus importants de la Méditerranée orientale, qui a été totalement détruit par une gigantesque explosion le 4 août, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) craint que la sécurité alimentaire du pays ne soit compromise. Bien que les silos de blé du port n'étaient pas en pleine capacité (120 000 t), ils ont en effet quasiment tous été éventrés par l'explosion. Le pays est plongé en plein marasme économique avec une inflation qui a atteint 56 % en mai dernier avant de se stabiliser autour de 50 % en juin. Les prix à la consommation ont augmenté de 90 % entre juin 2019 et juin 2020. Le Liban compte en outre 40 % de sa population active au chômage. Cette catastrophe vient aggraver une situation déjà très précaire.