Orage
Des pluies diluviennes et des cultures emportées

Le 18 septembre, des pluies diluviennes ont causé des dégâts sur le Nord-Drôme. À Saint-Sorlin-en-Valloire, 250 mm de précipitations ont été relevés en quelques heures. Des exploitations agricoles sont impactées.

 

Des pluies diluviennes et des cultures emportées
Les pluies diluviennes ont inondés des habitations et des entreprises. Des routes et des terres agricoles ont été submergées, comme à Albon (photo). Des semis de colza ont particulièrement souffert. Mais le pire, expliquent les agriculteurs sinistrés, ce sont les graviers et les cailloux qui ont recouvert des parcelles. ©Facebook mairie Albon

En quelques heures lundi matin, dans la Drôme, des pluies diluviennes ont provoqué des inondations sur une diagonale allant de Tain-l'Hermitage à Saint-Sorlin-en-Valloire. L'orage, peu mobile, a d'abord frappé l'Ardèche. D'après les météorologues, un flux de sud a percuté la cellule orageuse venant du Sud-Ardèche, ce qui a provoqué un orage stationnaire. Selon les secteurs, il est tombé de 132 à 270 mm de pluie en seulement quelques heures. De nombreux commerces et maisons ont été inondés. À Saint-Vallier, l'eau a envahi le hall d'entrée de l'hôpital. Des écoles ont dû être évacués dans plusieurs communes du Nord-Drôme. Avec des routes coupées et l'autoroute A7 fermée quelques heures à hauteur d'Albon (chaussée inondée sous le col du Grand bœuf), la circulation a été particulièrement difficile.

Selon la préfecture de la Drôme, le service départemental d'incendie et de secours (Sdis) a mobilisé 110 sapeurs-pompiers de la Drôme et 90 en renfort des départements voisins, ainsi qu'une trentaine de gendarmes. Trois postes de commandement avancés (PCA) ont été activés à Saint-Vallier, Anneyron et Châteauneuf-de-Galaure, regroupant vingt-quatre communes. Treize d'entre elles ont déclenché leurs plans communaux de sauvegarde (PCS) : Anneyron, Albon, Saint-Sorlin-en-Valloire, Saint-Vallier, Châteauneuf-de-Galaure, Laveyron, Beausemblant, Moras-en-Valloire, Saint-Barthelemy-de-Vals, Saint-Jean-de-Galaure, Ponsas, Clérieux, Mureils. Les inondations ont également touchées Andancette et Saint-Martin-des-Rosiers, entre autres.

Du potentiel agricole perdu

Fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer. Les dégâts matériels sont importants. À Saint-Sorlin-enValloire, au quartier des Épars, la station météo d'Emmanuel Comte (Gaec Le Buis) a relevé 250 mm ! « Il a plu droit de 5 h à 10 h, ça tonnait dans les nuages, il n'y a avait pas de vent », raconte-t-il. Les choux de l'une de ses parcelles située le long du ruisseau L'Argentelle ont été couchés et les tuyaux d'irrigation emportés. « À première vue, mes maïs sont restés debout, ajoute-t-il. Et pour les pommes, je ne suis pas allé voir car tout avait été grêlé à la Pentecôte. »

Toujours à Saint-Sorlin-enValloire, quartier des Chimours, Damien Cros (Gaec des Chimours) a relevé au moins 210 mm. « À 7 h 30, il était déjà tombé 100 mm. La grosse radée est arrivée ensuite, entre 8 h et 9 h, précise-t-il. Un tiers de mes semis de colza, réalisés début septembre après la récolte du tabac, a été emporté. Soit une dizaine d'hectares », estime-t-il. À cela s'ajoute le ravinement de plusieurs parcelles de limons très souples. Deux ha ont été emportés entre Saint-Sorlin et Anneyron. « Non seulement on perd la récolte en cours mais en plus on perd du potentiel car ces parcelles ne sont désormais plus qu'un tas de cailloux », se désole Damien Cros.

À Saint-Sorlin, Florian Margarit, dont les semis de colza sont endommagés et des maïs couchés en bordure, fait le même constat. « Le pire, ce sont les tas de graviers et de cailloux sur les parcelles. Il va falloir les ramasser, c'est un énorme boulot, fait-il remarquer. En plus, c'est sujet à la casse de matériels avec ce possibles factures à quatre chiffres. »

Des semis de colza détruits

À Anneyron, Fabrice Curtil a relevé 190 mm de pluie. « À 7 h, il était déjà tombé 87 mm. Ça allait. Mais ensuite, ça a continué jusqu'à 10 h, indique-t-il. Mes semis de colza ont été emportés et mes parcelles de Cipan ainsi que des vergers sont envahies de cailloux, de troncs d'arbres... » Les maïs sont restés en place, « a priori car on ne voit pas les milieux de parcelles », précise-t-il. Il s'inquiète : « Pourra-t-on les récolter normalement ? ». L'exploitant constate aussi que des chemins et des routes sont défoncés, empêchant d'accéder à certaines parcelles. « Beaucoup de fossés se sont élargis, ajoute-t-il. Mon père qui a 75 ans n'avait jamais vu ça. »

Au Creux-de-la-Thine (commune d'Andancette), Éric Veyret (EARL du Creux) a relevé 75 mm de pluie. Son exploitation maraîchère n'a pas subi de dégâts. « En allant vers Anneyron, j'ai des pieds de fraises sous l'eau. S'il ne pleut pas à nouveau, ça devrait aller », espère-t-il. Sur le même secteur, Mathieu Chaleat a relevé 66 mm et jusqu'à 140 mm sur des parcelles situées près de Laveyron. A priori, les dégâts sont faibles hormis sur les semis de colza et les parcelles semées en engrais vert, situées à proximité de la rivière Le Bancel.

Plus au sud, à Mercurol, le président de l'appellation Crozes-Hermitage, Pierre Combat, a relevé 120 mm de pluie. « Quelques talus ont été emportés mais globalement il n'y a rien à signaler, dit-il. Les vendanges ont repris dès mardi matin. »

Christophe Ledoux