L’ail semence certifié, une filière dynamique autour de Prosemail
Avec 82 % de la production nationale de plants certifiés d’ail semence, la Drôme se démarque une nouvelle fois comme étant un leader incontesté en la matière. La filière est encadrée par l’association Prosemail, qui regroupe l’ensemble des établissements producteurs français de plants certifiés d’ail et d’échalote.

Les plants certifiés d’ail semence sont de plus en plus plébiscités par la profession, en atteste le maximum de surfaces mises en terre atteint en 2020, avec 570 hectares en France. La Drôme est d’ailleurs le plus gros bassin de production avec 463 ha. Et c’est d’ailleurs dans le département qu’exerce Raphaël Reboul, producteur d’ail à Grâne, mais aussi président de Prosemail. « Cette association loi 1901 regroupe seize établissements français producteurs de plants certifiés d’ail et d’échalote, depuis les années 1970 », déclare-t-il.
A son origine, l’association avait pour objectif de communiquer sur les plants certifiés d’ail semence et de collaborer avec l’INRA dans un souci de recherche variétale. Il en revient désormais aux établissements affiliés à Prosemail de se concentrer sur le sujet.
« Prosemail s’est dotée d’une nouvelle mission, avec la mise en place d’actions techniques », souligne Raphaël Reboul, président depuis 18 ans. Avec 120 000 € de budget annuel, l’association travaille notamment en coordination avec la fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (FNAMS) basée à Etoile-sur-Rhône.
La phytotoxicité des produits à l’étude
« Depuis six ans, nous mettons en place des expérimentations sur les herbicides, fongicides et biocontrôles, afin de tester les produits sur différentes modalités. Des essais BPE (bonnes pratiques environnementales) sont notamment en cours pour trouver de nouvelles molécules efficaces contre la rouille », indique Raphaël Reboul.
A ce titre, Prosemail s’appuie sur le groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis) pour l’homologation de ces nouvelles molécules auprès de la direction générale de l’alimentation (DGAL). Des expérimentations sur la phytotoxicité sont également réalisées, « dans l’optique que les productions d’ail consommation aient accès à des produits homologuées », rappelle-t-il. D’ailleurs, le président rappelle que tout ail sortant des entrepôts est analysé dans des démarches de zéro pesticides, Global Gap et HVE. « C’est une nécessité pour avoir des cultures rentables et pérennes. »
Autre dossier phare porté par Prosemail, en partenariat avec l’INRAE PACA-Avignon, la coopérative Alinéa et le syndicat de l’ail rose de Lautrec, celui de la lutte contre la fusariose. Cette maladie, qui provoque une pourriture des bulbes lors de la conservation, impacte directement la production. Encore mal connu, ce pathogène fait l’objet d’une thèse (2018-2021) sur la caractérisation des agents responsables des pertes de la filière ail.
La fusariose, au cœur d’une thèse
A l’heure actuelle, aucun moyen de protection n’est disponible contre l’apparition des symptômes. « Des tests sont effectués afin de déterminer ce qui peut engendrer la fusariose », note Raphaël Reboul. « L’objectif de cette thèse est de clarifier l’étiologie de la maladie, de caractériser les souches fongiques et de mettre au point une méthode de détection afin de progresser vers la définition d’une méthode de protection de l’ail efficace et respectueuse de l’environnement », peut-on lire sur le site internet de l’Inrae. Des missions de recherche et développement qui font le dynamisme de la filière française, qui prennent en considération les problématiques actuelles et tentent de répondre aux exigences de l’évolution du marché. Pour approfondir ses travaux, Prosemail participe à des rencontres avec les pays européens. « Deux fois par an, nous échangeons avec des représentants d’Espagne, d’Italie et du Portugal sur les problématiques que nous pouvons rencontrer au niveau européen pour essayer de les gérer. Cela va du sujet des produits phytosanitaires à la gestion des importations chinoises », révèle Raphaël Reboul, alors que ces réunions existent depuis 1991. Et d’avouer : « Les Espagnols veulent un label européen de l’ail, chose que nous refusons. Notre label français est le seul moyen de garder notre marché en l’état ».
Enfin, Prosemail met en œuvre les moyens de faire connaître les différentes variétés de plants certifiés d’ail semence, auprès des agriculteurs et des jardiniers amateurs. Par le biais de ces actions promotionnelles, dont la gestion est en grande partie confiée au GNIS, les ventes de plants certifiés d’ail sont passées de 6 000 quintaux en 1980 à 42 000 en 2018-2019.
Pour rappel, la France est le seul pays à disposer d’une certification officielle (étiquette bleue), délivrée par le service officiel de contrôle et de certification (SOC). Encore un gage de qualité pour la filière des plants d’ail semence.
Amandine Priolet
Un point sur la campagne 2020
Trésorier du GIE L’Ail Drômois et administrateur de l’Unisem Drom (marque commerciale de plants d’ail et d’échalote certifié de l’Ail Drômois), Raphaël Reboul dresse un bilan plutôt satisfaisant de la saison 2020. « La récolte 2020 a été convenable, aussi bonne qu’en ail conso », prévient-il. Avec un prix de vente stable (seulement 0,10 € de plus), l’offre est toutefois inférieure à la demande. « Nous faisons face à une demande exponentielle à l’export et en France ». Alors que près de 40 000 tonnes d’ail sont consommées chaque année en France, les producteurs nationaux n’en cultivent que 20 000 tonnes. « C’est pour cette raison que la filière attire davantage », conclut le président de Prosemail.