La charte à l’installation en caprin laitier, un outil efficace
En 2017, la filière laitière caprine s’est engagée, sur proposition de Jeunes agriculteurs (JA), pour l’installation en élevage caprin laitier à travers une charte. Retour sur les avancées qu’elle a apportées en quatre ans.

Le renouvellement des générations s’avère crucial pour dynamiser et maintenir en bonne santé la filière caprine. Pour ce faire, la charte à l’installation prévoit un gros travail d’accompagnement en amont de l’installation des éleveurs, notamment en proposant des conseils techniques ou sanitaires sur les troupeaux. Cette charte permet également de conseiller les futurs éleveurs sur la viabilité de leur projet mais aussi de faire le relais entre les chambres d’agriculture et les laiteries. Un relais qui s’avère utile puisque les éleveurs peuvent souvent bénéficier d’aides financières dont ils n’ont pas toujours connaissance.
Rassurer les investisseurs et les laiteries
La charte à l’installation caprine permet également d’instaurer un meilleur dialogue entre tous les acteurs de la filière en diffusant des données économiques sur les performances des exploitations. Mieux informées sur les garanties que peut offrir cette filière, les banques sont plus enclines à accompagner financièrement les éleveurs.
Gérer les volumes de lait avec les laiteries apparaît comme un autre point important de la charte pour éviter tout excédant ou pénurie. Une gestion intelligente des stocks de lait qui permet aux futurs éleveurs de s’installer plus sereinement avec des prix stables fixés sur le long terme. Cette charte qui dynamise la filière depuis 2017 a porté ses fruits puisque le nombre des livreurs de lait de chèvre en Rhône-Alpes est en hausse de 0,4 % sur la période 2019-2021.
Baptiste Vlaj
Benoît Guinand : « La charte à l’installation caprine apporte une certaine sécurité »

Benoît Guinant et son épouse envisagent de s’installer en caprin lait en 2023. Non issus du milieu agricole, la charte à l’installation est une aide précieuse dans leur parcours à l’installation.
Pouvez-vous nous présenter votre situation ?
Benoît Guinand : « J’ai 33 ans et avec ma femme Alice nous avons décidé de nous installer en élevage caprin laitier à l’horizon 2023. C’est vraiment un changement de vie car nous ne sommes pas issus du monde agricole. Après avoir signé une rupture conventionnelle avec nos anciens employeurs, nous avons commencé un stage test en exploitation caprine. Nous avons effectué trois mois de stage pendant lesquels nous avons été indemnisés par Pôle emploi. Nous allons reprendre une ferme dans les monts du Lyonnais avec un troupeau de 250 chèvres. »
De quel accompagnement avez-vous bénéficié ? Et étiez-vous au courant de la charte à l’installation caprine ?
B.G : « Depuis le début, nous sommes suivis par la chambre départementale d’agriculture du Rhône. Le plan de professionnalisation personnalisé (PPP) nous permet aussi d’avoir un bon accompagnement. Aujourd’hui, nous en sommes au stade de l’étude comptable. Notre dossier est en cours de validation afin de pouvoir prétendre aux aides. Concernant la charte, nous étions au courant de son existence. J’ai d’ailleurs participé au comité caprin du Criel AMC qui s’est tenu le 12 octobre dernier. Cela m’a permis de prendre un peu le pouls de la filière, d’être en contact avec des représentants d’organisations techniques ou économiques et aussi de discuter et recevoir des conseils d’éleveurs. Cette charte nous apporte une certaine sécurité notamment parce que des prix ont été négociés avec les laiteries. Ce qui fait qu’à notre installation, on pourra vendre notre lait à la laiterie Agrial à un prix stable pendant cinq ans. C’est vraiment une grosse garantie qui nous permet de mettre les banques en confiance et de pouvoir réaliser des investissements. »
Quelles difficultés rencontrez-vous pour vous installer ?
B.G : « Comme nous faisons une reprise d’exploitation en hors cadre familial, nous partons de zéro. L’exploitation que l’on reprend était spécialisée en élevage ovin laitier, nous devons donc réaliser de gros investissements, autour de 650 000 euros. La plus grande difficulté, c’est l’incertitude qui plane toujours un peu autour des aides financières. D’ici à notre installation, les règles peuvent changer ou les enveloppes diminuer et compromettre notre plan d’investissement et notre projet. »
Propos recueillis par Baptiste Vlaj