Patrimoine
Sur les rives du lac de Paladru

Grâce aux nombreux vestiges découverts sous les eaux du lac de Paladru en Isère, le nouveau musée archéologique propose aux visiteurs un voyage dans les temps du Néolithique et de l’an Mil.

Sur les rives du lac de Paladru
Le lac de Paladru, connu aussi sous le nom de lac de Charavines, est le cinquième lac naturel d’origine glaciaire de France. D'une longueur légèrement supérieure à 5 km et d'une largeur maximale d’1,5 km, il a une profondeur de 26 mètres et une superficie de 3,9 km2. ©Flickr

Cela faisait plus de 50 ans que les acteurs locaux du territoire de Paladru dans les Terres froides de l'Isère avaient en tête la création d’un musée qui exposerait les vestiges remontés des eaux du lac depuis les années 1970. Ce projet a vu le jour en 2023 et renforce la dimension touristique du secteur. Ce nouveau musée, original par sa forme, permet de découvrir grâce à ses collections composées de 600 objets, la vie qu’il y a eu aux époques du Néolithique et de l’an Mil, dans les sites des Baigneurs et de Colletière. De part et d’autre du musée, deux allées, deux époques, deux territoires correspondants aux deux sites implantés sur les rives du lac, éloignés de quelques kilomètres l’un de l’autre. L’une présente les vestiges datant de 4 600 ans avant notre ère, soit de l’époque du Néolithique, l’autre ceux de l’an 1040. L’ensemble de ces découvertes a permis grâce à une enquête menée par des archéologues et historiens, de raconter l’histoire, la vie de ces hommes, qui ont vécu sur les rives du lac durant ces périodes. S’il demeure encore de nombreuses interrogations, les visiteurs peuvent tout de même découvrir de nombreux aspects du quotidien de ces premiers habitants.

Le Néolithique

Le site des Baigneurs, au travers de la découverte d’un alignement de pieux, a révélé la sédentarisation d’une quarantaine de personnes qui étaient jusque-là des nomades, mais qui cherchaient un site nourricier pour s’installer. 
« La fouille complète des lieux a permis de reconstituer avec précision les cinq maisons et la vie quotidienne de ces familles, entre chasse, pêche et élevage, cueillette et cultures, fabrication d’outils en silex et de poteries, tissage et vannerie », explique Laurence Pinzetta, guide conférencière au musée. Les outils trouvés laissent penser que ces hommes et ces femmes savaient aussi coudre, travailler le bois, la pierre, tisser… La terre argileuse du territoire leur a permis de confectionner de nombreuses poteries, cuites sans four, simplement avec de la pierre chaude. Ces hommes ont dû partir précipitamment à cause de la montée des eaux du lac qui a enseveli le site. Les objets abandonnés en témoignent.

L’an Mil

Le temps a passé. Des périodes de réchauffement climatiques ont entraîné la montée des eaux du lac puis ont été suivies de refroidissements. Après cette première occupation, des populations gallo-romaines ont investi sporadiquement les rives du lac pour pêcher, récolter le chanvre ou les roseaux. La deuxième collection du musée présente les vestiges de l’époque de l’an Mil, où une nouvelle population s’est installée, dans un autre site que celui des Baigneurs, dénommé Colletière. « Nous sommes au Moyen Âge, dans une période de croissance démographique et d’émergence des pouvoirs féodaux. Le royaume dirigé par Rodolphe III est constitué de trois zones avec trois capitales : Genève, Lyon et Vienne. Le maillage religieux est également bien en place avec les archevêchés de ces mêmes villes et de Grenoble. Un puissant seigneur commande à un groupe d’une soixantaine de personnes de s’installer sur les bords du lac. Ce sont des éleveurs et des pêcheurs qui pratiquaient la tonnellerie et travaillaient le cuivre. L’implantation des maisons montre qu’il y a une hiérarchie sociale entre eux », indique Laurence Pinzetta. « Les vestiges retrouvés (lambeaux de tissus, peignes, parures, fers à chevaux) ont fait dire aux historiens que l’on était en présence d’une élite, pas de paysans », ajoute la guide. Une nouvelle montée des eaux en 1040 oblige ces hommes à quitter ce site de Colletière pour aller s’installer en hauteur. La visite guidée autour des objets exposés permet de bien s’imprégner de l’histoire racontée avec précision et force détails. Un joli voyage dans le temps dans un petit coin de l’Isère. 

Isabelle Brenguier

Le musée archéologique du lac de Paladru (MALP) a vu le jour en juin 2023. ©Malp

Fouilles subaquatiques

Restés dans les eaux du lac pendant des millénaires, les objets récoltés grâce à des fouilles subaquatiques commencées en 1972, ont été protégés du temps qui passe. Les fouilles du site Néolithique ont été dirigées par Aimé Bocquet et celles du site médiéval par Michel Colardelle et Éric Verdel. La création en 1973 du laboratoire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de  Grenoble, qui a vu la mise au point de procédés innovants, a permis la conservation hors de l’eau de ces objets en matériaux organiques.

Le MALP en pratique

51 rue du musée, 38850 Les Villages du lac de Paladru (Paladru)
Tél. : 04 56 26 16 16 musee.archeologique (@) paysvoironnais.com

Horaires

Période estivale
Avril à octobre : du mardi au dimanche : de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
Juillet, août : du mardi au dimanche de 10h à 18h
Période hivernale
Novembre à mars : samedi et dimanche : de 10h à 12h30 et de 14h à 17h
Pendant les vacances scolaires de la Zone A du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 17h.

Suivre une visite guidée (payante) permet de mieux comprendre les sites fouillés.