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Z, un système zéro intrant en test

En assemblée générale de la Société des agriculteurs de la Drôme, a été présenté un projet d'étude inédit mené à l'Inra de Gotheron, le projet Z.
Z, un système zéro intrant en test

Créée le 10 messidor de l'an VI, autrement dit le 28 juin 1798, la Société libre d'agriculture, du commerce et des arts de la Drôme n'a cessé, depuis 220 ans, d'encourager le progrès. Dissoute au début du 19e siècle avant de renaître en 1839 sous le nom de Société d'agriculture de la Drôme (SAD), ses membres successifs ont promu de nouvelles filières (comme la betterave sucrière, la sériciculture...), l'organisation de comices, la pratique de nouvelles techniques, la création de grandes organisations agricoles... Depuis 1963, les activités de la SAD sont essentiellement liées au rôle de bailleur du domaine de Gotheron à Saint-Marcel-lès-Valence. Un site qui abrite aujourd'hui l'unité d'expérimentation et de recherche intégrée (UERI) de l'Inra. La vocation de la SAD d'accompagner l'évolution de l'agriculture perdure ainsi. Et cette évolution porte essentiellement aujourd'hui sur la réduction des intrants. En assemblée générale le 25 mai au lycée hôtelier de Tain-l'Hermitage, le président de la SAD, Jacques Barnaud, a mis en avant les recherches de l'Inra de Gotheron en la matière depuis une quinzaine d'années.

Un projet sur vingt ans

Vincent Mercier, directeur de l'UERI Inra de Gotheron.
© Journal L'Agriculture Drômoise

La dernière expérimentation lancée se nomme « projet Z ». Z comme zéro phytosanitaire et très bas intrant. « C'est un projet d'aménagement agroécologique destiné à voir comment un écosystème peut s'équilibrer », a expliqué Vincent Mercier, directeur de l'UERI de Gotheron. Dix hectares seront aménagés pour favoriser la biodiversité. Prévu sur une durée de vingt ans, le projet a démarré en février dernier avec l'implantation d'un premier module de 1,5 hectare (ha). « Il s'agit d'analyser ce que les arbres fruitiers peuvent produire sans intrant. Toutes les connaissances actuelles sont mobilisées », a précisé le chercheur.
Conçu de manière circulaire pour limiter l'arrivée des bioagresseurs, ce premier module comprend une haie extérieure. En allant vers le centre, des arbres fruitiers sont implantés en spirale. S'y trouve le « rang muesli » pour les petits fruits et le rang « multifruits » pour les espèces à noyaux et à pépins. Les variétés ont été minutieusement choisies pour leur résistance. Au centre du dispositif, une mare de différentes profondeurs - afin de créer un courant - a pour objectif de favoriser la biodiversité et donc la gestion des bioagresseurs. Pour les accès, s'ajoutent trois chemins et corridors.

Une envergure internationale

« C'est un projet d'envergure internationale, extrêmement innovant, conduit avec des experts, chercheurs, techniciens agricoles, agriculteurs », a souligné Vincent Mercier. Le financement se fait actuellement - et pour les six années à venir - dans le cadre du programme Ecophyto 2. Un second module est d'ores et déjà en cours de réflexion. Ces travaux de recherche de bio-régulation, sont menés au sein d'un réseau de plusieurs sites européens ainsi qu'en complémentarité avec les essais de la plateforme des techniques alternatives et biologiques (Tab) de la chambre d'agriculture, située à Etoile-sur-Rhône.
Ainsi que l'a souligné le président de la SAD - qui a annoncé sa décision d'arrêter son mandat l'an prochain - après l'agriculture biologique, d'autres évolutions sont en cours. « Encore faut-il laisser du temps au secteur agricole pour changer, sans excès réglementaires et sans opposer les systèmes de production. »

Christophe Ledoux

Repères /
L'Inra de Gotheron

A Saint-Marcel-lès-Valence, le domaine de Gotheron compte 85 hectares. L'unité implantée par l'Institut national de recherche agronomique (Inra) comprend une vingtaine d'agents et dispose d'un budget de 280 000 euros (hors salaires). Son projet scientifique porte sur la diminution des intrants en arboriculture. En 2016, ce projet a passé haut la main une évaluation menée par l'Inra. Par ailleurs, le site de Gotheron a obtenu la certification Iso 14001, norme qui définit une série d'exigences spécifiques à la mise en place d'un système de management environnemental au sein d'une organisation. Et l'unité a été labellisée par l'Inra. « D'excellentes nouvelles avant la fusion annoncée pour 2020 de l'Inra et de l'Irstea (institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture) », a indiqué Vincent Mercier.

 

Les membres de la Société des agriculteurs de la Drôme, le 25 mai à Tain-l'Hermitage. A leurs côtés, entre autres, le sénateur Gilbert Bouchet et le vice-président du conseil départemental chargé de l'agriculture, André Gilles.Michel Jolland, membre de l'Académie delphinale, a présenté ses recherches sur l'histoire de la Société d'agriculture de la Drôme.
© Journal L'Agriculture Drômoise