Environnement
Qualité de l’air : les Français jugent qu’elle se dégrade

L’Ademe a dévoilé la neuvième vague de son baromètre d’opinion sur la qualité de l’air et l’énergie 2022. Voici les principaux enseignements à en tirer.

Qualité de l’air : les Français jugent qu’elle se dégrade
Les stations rurales nationales de surveillance de qualité de l’air permettent de mesurer la pollution atmosphérique. ©Atmo Bourgogne-Franche-Comté

Mandaté par l’Ademe, l’institut de sondage OpinionWay a réalisé une enquête auprès de 1 040 personnes, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, sur trois thématiques phares : les attitudes des Français à l’égard de la qualité de l’air, et de l’énergie. Selon l’étude, « la dégradation de la perception de la qualité de l’air entamée l’an dernier se poursuit. Plus d’un tiers des Français juge que la qualité de l’air est mauvaise en France (36 %) ». Les inquiétudes des Français se concentrent principalement sur la pollution de l’air extérieur, puisque 42 % des répondants ont évoqué des gênes ressenties à cause de la qualité de l’air extérieur. « La circulation routière (70 %) et les activités industrielles (58 %) demeurent en tête des sources de pollution de l’air identifiées par les Français. Moins d’un quart d’entre eux pointe du doigt les activités agricoles (23 %) », indique l’enquête. Concernés par l’impact de la mobilité sur la qualité de l’air, les Français soutiennent les mesures permettant de faciliter l’accès aux transports en commun (gratuité du réseau en cas de pic de pollution, développement des réseaux, mise en place de mobilités douces, etc.).

L’aspect financier en question

En revanche, les mesures entraînant un impact direct sur le pouvoir d’achat des Français (interdiction en ville des véhicules polluants, instauration des vignettes CRIT’Air, mise en place de péages dans les centres-villes ou à l’entrée des villes, etc.) ne font pas l’unanimité. « Dans un contexte d’inflation, l’enjeu économique sur les ménages des Français est important. Au cours de l’étude, nous retrouvons une approbation des Français sur la mise en place de mesures pour limiter la pollution de l’air (par l’industrie, par l’agriculture, etc.), mais lorsque nous arrivons sur des éléments qui vont les toucher directement comme la mobilité, ils se posent beaucoup de questions sur l’impact que cela pourrait avoir sur leur budget, mais aussi sur l’efficience de telle ou telle mesure », indique Charlotte Lepitre, responsable projets et partenariats à Atmo France. « On remarque d’ailleurs que lorsque des aides financières viennent accompagner le changement, les personnes sont moins réticentes à franchir le pas », poursuit-elle.
Par ailleurs, marqués par la crise énergétique de 2022, les Français semblent attacher un intérêt tout particulier aux énergies renouvelables. Les énergies éolienne (62 %) et solaire (57 %) jouissent d’une notoriété importante aux yeux du panel de répondants, largement devant l’énergie hydraulique (26 %). En revanche, les Français jugent à 43 % que l’énergie nucléaire est la plus performante.

Intérêt particulier pour l’énergie

« Après deux ans à un niveau historiquement bas, la part des Français prêts à payer plus cher leur énergie pour passer d’une énergie classique à une énergie renouvelable revient à un niveau médian (65 %, + 4 points). De plus, face aux craintes de pénurie d’énergie et de coupures de courant, les projets de production et de consommation de sa propre électricité n’ont jamais inspiré autant d’intérêt (69 %) », stipule l’enquête. Cependant, là encore, le coût financier trop élevé d’une telle installation freine les ménages. « Malheureusement, beaucoup sont arrivés à la conclusion que la rentabilité de la mise en place d’énergies renouvelables personnelles était trop longue », conclut Charlotte Lepitre. Si l’aspect financier semble présenter un frein à la prise en compte des mesures d’amélioration de la qualité de l’air, les Français sont de plus en plus sensibilisés sur le sujet.

Amandine Priolet

Ammoniac : des pratiques à revoir
©YARA

Ammoniac : des pratiques à revoir

« L’ammoniac (NH3) est un composé chimique émis entre 94 et 98 %* par l’agriculture. Les principales sources d’ammoniac sont l’application d’engrais minéraux à base d’urée, le stockage et l’épandage du fumier provenant de l’élevage. On observe ainsi une contribution importante de l’ammoniac aux pics de particules fines au début du printemps, période d’épandage de fertilisants et d’effluents d’élevage », prévient Charlotte Lepitre, responsable projets et partenariats à Atmo France.
La directive européenne sur la réduction des émissions nationales de certains polluants atmosphériques (directive NEC), en date du 14 décembre 2016, prévoit des quantités maximales annuelles et des objectifs de réduction des émissions. « L’objectif est de réduire les émissions nationales d’ammoniac de 13 % en 2030 par rapport à 2005, alors que les niveaux d’émissions reportés dans l’inventaire national ne montrent pas d’évolution notable depuis plus de 30 ans », alerte Charlotte Lepitre. Ainsi, la réduction des émissions d’ammoniac est un défi majeur pour les prochaines années.
A. P.

* Les autres émissions de NH3 provenant du transport routier.

Zones à faibles émissions un guide pour tout savoir

« La pollution atmosphérique est une cause majeure de décès et de maladies chroniques, et constitue, à elle seule, le plus grand risque sanitaire lié à l’environnement en Europe. » Cette déclaration de l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) permet de mettre en lumière la loi d’orientation des mobilités des zones à faibles émissions – mobilité (ZFE-m), promulguée fin 2019. Cette dernière permet à onze grandes agglomérations françaises (dont Lyon, Grenoble et Saint-Étienne) de limiter la circulation des véhicules jugés les plus polluants sur leur territoire. Selon le site du gouvernement, 32 ZFE-m supplémentaires seront créés dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025.
Pour accompagner les collectivités territoriales, l’Ademe a publié un guide pratique d’aide à l’élaboration et la mise en œuvre des zones à faibles émissions – mobilité. Pour rappel, ces zones à faibles émissions sont une opportunité pour accompagner la transition des mobilités sur leur territoire, réduire les inégalités et renforcer la cohésion sociale. 
A.P.
Le guide est à télécharger gratuitement