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MOISSON

Le blé réduit à sa deuxième plus faible récolte depuis 2004

Le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) a annoncé le 7 juillet une moisson « en fort recul » pour les céréales à paille, notamment le blé tendre réduit à sa deuxième plus faible récolte depuis 2004.
Le blé réduit à sa deuxième plus faible récolte depuis 2004

La production de blé tendre est estimée à 31,3 Mt, soit nettement moins par rapport à l'an dernier (- 20,8 %) et la moyenne quinquennale (- 11,3 %), d'après une note Agreste qui souligne « de fortes hétérogénéités, en particulier entre les sols superficiels et les sols profonds ». Le rendement s'affiche à 71,1 q/ha, identique à la moyenne 2015-2019. À l'exception de l'Auvergne, qui voit sa moisson augmenter après une année calamiteuse (+ 10,9 % sur un an ; - 2,5 % par rapport à 2015-2019), les reculs de production sont généralisés. C'est particulièrement vrai en Aquitaine (- 49 % et - 34,8 %), en Poitou-Charentes (- 43,2 % et - 41 %) et en Pays de la Loire (- 34,9 % et - 28,1 %).
En blé dur, le ministère table sur 1,33 Mt (- 14,7 % sur un an), avec un rendement en baisse à 53,4 q/ha. Les régions du Sud se caractérisent par une baisse de la sole combinée à une nette baisse des rendements, comme en Midi-Pyrénées (surfaces à - 1,1 %, rendement à - 18,4 q/ha soit une production à - 30 % sur un an). Les régions du Nord gagnent en superficies mais perdent en rendements, comme dans le Centre (surfaces à + 15,9 % ; rendement à - 8,4 q/ha, soit une production à + 3,1 % sur un an). La récolte de protéagineux est estimée à 891 000 t (- 0,5 % sur un an, + 5 % par rapport à 2015-2019), avec des surfaces bien supérieures (+ 19,8 % comparé à 2019).

Le colza pénalisé par de faibles rendements

D'autres prévisions ressortent à la baisse, comparées au mois précédent. La récolte d'orges est prévue à 12,3 Mt (- 10,3 % sur un an, + 1,8 % par rapport à 2015-2019), avec une forte hausse des surfaces d'orges de printemps qui ne compense pas un net décrochage des rendements globaux dans toutes les régions. Le ministère prévoit 63 q/ha en orge d'hiver (contre 70,9 q/ha l'an dernier), 57,9 q/ha en orge de printemps (contre 70,4 q/ha).
En colza, Agreste anticipe 3,37 Mt, soit - 3,7 % sur un an et - 35 % par rapport à la moyenne quinquennale. Si les surfaces se stabilisent, le rendement est affiché à 30,3 q/ha (- 9 % par rapport à 2015-2019). Si le Centre, principale région productrice, voit ses surfaces évoluer à + 6,1 % et ses rendements limiter la casse à - 0,5 q/ha, la Champagne-Ardenne est nettement plus pénalisée avec une sole à - 7,9 % et un rendement à - 1,2 q/ha sur un an.

Poursuite de la hausse des surfaces de soja

Le ministère affine par ailleurs ses estimations de semis. Peu de changement pour le maïs grain, à 1,63 Mha (+ 124 000 ha sur un an). Les surfaces de maïs fourrage sont annoncées à 1,47 Mha (+ 2,7 %). En tournesol, les emblavements atteignent 763 000 ha (+ 26,4 % sur un an), à la faveur des difficultés d'implantation en cultures d'hiver. Le soja est estimé à 182 000 ha, en croissance de 11,3 % sur un an, de 26,7 % par rapport à 2015-2019.
JCD

 

MARCHÉS / FranceAgriMer a publié le 8 juillet ses premiers bilans céréaliers 2020-21, avec en blé tendre une faible moisson qui fait chuter l’export loin du sommet de l’année précédente.

L’export de blé attendu en baisse

Un consensus ressort chez les opérateurs autour d’« un export pays tiers attendu à 7,75 millions de tonnes (Mt) et un export UE à 7 Mt » pour le blé tendre sur la prochaine campagne, a indiqué Marion Duval, adjointe au chef de l’unité Grains et sucre chez FranceAgriMer. L’atterrissage est rude après une année « exceptionnelle » en 2019-20, à 13,6 Mt vers les pays tiers. D’autant plus que les incertitudes sont nombreuses à l’international. L’une des principales concerne l’Algérie, client numéro un du blé français : Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre, a évoqué un « risque » de voir le pays diversifier ses fournisseurs et se tourner vers le mieux-disant en termes de prix, vu la chute des cours de l’or noir qui a entraîné une forte baisse des recettes du pays. La Russie cherche de longue date à se positionner vers cette destination. Par ailleurs, l’Algérie commence timidement ses appels d’offres en 2020-21. 300 000 tonnes (t) ont été importées le 30 juin, soit des volumes en baisse par rapport aux 360 000 t d’il y a un an.
Vers un retour en force de l’Australie
Autre point d’interrogation, la Chine sera-t-elle aux achats ? C’était l’un des éléments positifs de la campagne écoulée, avec pas loin de 2 Mt de blé tendre importées de France. Pour Marc Zribi, « il n’est pas impossible que la Chine réalise des achats auprès de l’Inde », qui se dirige vers une récolte record occasionnant « de légères disponibilités à l’export ». L’Egypte avait diversifié ses fournisseurs en 2019-20, achetant 1 Mt de blé français. Mais le pays bénéficie d’une bonne récolte cette année. L’USDA (ministère américain de l’Agriculture) table sur des importations égyptiennes de blé tendre en baisse de 300 000 t sur 2020-21. Une évolution déjà visible lors des premiers appels d’offres : 240 000 t ont été importées de Russie le 7 juillet, en retrait de 8 % par rapport à l’an dernier. Enfin, l’Australie, très discrète lors de la précédente campagne à cause d’une terrible sécheresse, devrait faire un retour en force parmi les grands exportateurs mondiaux, d’après l’adjointe Marion Duval. 
JCD