ÉLEVAGE
Fourrages : des récoltes satisfaisantes mais la sécheresse s’installe

Un premier tour d’horizon sur la moitié nord du département indique que les volumes sont au rendez-vous pour reconstituer les stocks fourragers. Mais les conditions climatiques au moment de la récolte ont pu limiter la qualité.

Fourrages : des récoltes satisfaisantes mais la sécheresse s’installe
Dans la plupart des cas, les volumes en fourrage sont là mais les conditions de récolte ont pu altérer la qualité (Crédit : archives AD 26).

C’est avec soulagement que de nombreux éleveurs drômois ont achevé les récoltes fourragères. Il y a quelques mois encore la plupart s’attendaient au pire. Mi-février, en l’absence de pluies hivernales, les deux-tiers des stations météo suivies dans le cadre du bulletin Pâtur’RA affichaient des déficits hydriques. La pluie a timidement fait son retour en mars, puis a régulièrement arrosé les parcelles avec des pluies orageuses notamment au mois de mai. La pousse de l’herbe a été particulièrement élevée à cette période.

Les stocks fourragers ont ainsi pu être reconstitués mais dans des conditions pas toujours idéales. Pour ensiler sa première coupe de luzerne en mai, Jérôme Leroy, éleveur de charolaises à Parnans, en Drôme des collines, a dû s’y prendre en plusieurs fois à cause des pluies nombreuses. Mais ces pluies lui ont permis d’assurer ensuite de bonnes récoltes en foin sur luzerne et prairies. Plus au sud, à Châteaudouble, au Gaec la Jersiaise des Combes, Thierry Gillos est soulagé d’avoir pu reconstituer les stocks pour son troupeau laitier en bio et IGP Saint-Marcellin. « L’année dernière, dès le 15 juin, nous avions dû basculer en ration d’hiver. Là, j’ai encore quelques jours de pâturage devant moi », annonce-t-il en cette mi-juillet. Vers le 25 avril, il a enrubanné luzerne et méteil. « J’avais choisi de récolter tôt en espérant des pluies par la suite », résume-t-il. Il a ainsi pu réaliser une belle seconde coupe d’enrubannage en luzerne et a fini durant cette troisième semaine de juillet sa troisième coupe en foin, avec des volumes satisfaisants.

Au Valentin, 2,5 t de MS/ha en 3e coupe de luzerne

En vallée du Rhône, à la ferme du lycée du Valentin qui compte un troupeau de 45 vaches laitières en bio, le directeur Guillaume Fichepoil est aussi rassuré : « Nous avons pu reconstituer un stock de fourrages. Nous nous en sortons finalement pas trop mal au vu de la situation hydrique que nous connaissions en fin d’hiver. » La ferme a notamment ensilé des luzernes mi-avril, « mais les quantités n’étaient pas là », puis des méteils dans les dix premiers jours de mai « en quantité moyenne ». Ce sont les deux dernières coupes en foin de luzerne qui auront finalement été les plus intéressantes en volume, avec sur la troisième coupe un rendement (sans irrigation) de 2,5 tonnes de MS/ha.

Si globalement les quantités semblent correctes sur de nombreux territoires, Sébastien Ageron, éleveur de vaches laitières, allaitantes et brebis à Oriol-en-Royans émet des réserves sur la qualité, notamment à cause de récoltes en conditions humides ou encore du vent qui a couché certains fourrages. Même constat chez Grégory Malsang à La Chapelle-en-Vercors, éleveur caprin et bovin allaitant. « Nous attaquons les deuxièmes coupes, annonce-t-il le 17 juillet. Si les volumes sont là, la qualité n’est pas terrible. Avec les pluies nous n’avons pu attaquer la première coupe qu’à la mi-juin et terminer avant le 14 juillet. Les stocks sont à peu près reconstitués mais il faudra acheter de l’aliment pour compenser la mauvaise qualité des fourrages. » L’éleveur a tenté de cultiver cette année 7 ha de colza, dont la récolte est prévue d’ici quelques jours et qu’il fera transformer en tourteau par un prestataire en vue de limiter les achats en protéines.

La sécheresse estivale s’installe

À noter également, des dégâts localisés de grêle sur maïs suite notamment à l’épisode du 12 juillet. Luzerne et sorgho ont pu être impactés également avec, dans certains cas, commente Jean Pierre Manteaux, conseiller à la chambre d’agriculture de la Drôme, une perte de « tout ou partie de la coupe mais ça devrait repartir », rassure-t-il. Mis à part les territoires qui ont connu le 12 juillet des épisodes pluvieux orageux sans grêle, qui permettront de continuer à pâturer encore un peu en plaine et piémont, ailleurs « on entre en sécheresse estivale », avertit le conseiller. Les stocks qui viennent d’être reconstitués sont donc essentiels. Tout comme la recherche de nouvelles ressources pour alimenter les troupeaux. Une visite, organisée par le réseau des chambres d’agriculture, a d’ailleurs eu lieu fin juin, réunissant éleveurs isérois et drômois pour découvrir les pistes explorées par deux éleveurs de la vallée de la Gervanne, Frédéric Andéol (340 brebis préalpes) et Sébastien Bos (1 600 mérinos). Ils ont livré leurs expériences sur le sorgho fourrager au pâturage, les méteils fourragers, les prairies multi espèces avec base luzerne ou sainfoin, le sursemis de prairies, le report sur pied de brachypodes et d’aphyllante sur landes…

Sophie Sabot