Moisson « catastrophique » : les céréaliers à la peine

Le résultat courant avant impôts (après MSA) des exploitations de céréales et d'oléoprotéagineux tombe à - 1 000 euros en valeur médiane, amplifiant une « situation tendue depuis huit ans », d'après le secrétaire général de l'AGPB, Philippe Heusèle. C'est la conséquence d'une moisson « catastrophique », en baisse de 25 % pour le blé tendre après une année au sommet, a expliqué le syndicat en conférence de presse le 8 septembre. L'AGPB s'attend même à une chute plus sévère, jugeant le chiffre officiel de 29,7 Mt « très optimiste » par rapport aux échos des organismes stockeurs. Il s'agit de « l'une des pires récoltes depuis vingt ans », a insisté Philippe Heusèle. Problème, les mauvaises années s'enchaînent. Le revenu des céréaliers n'atteint pas 6 000 euros en moyenne sur huit ans, d'après le syndicat. Cela marque un décrochage par rapport aux autres secteurs : depuis 2013, les exploitations de céréales et d'oléoprotéagineux apparaissent en dernière position sur l'échelle des résultats courants avant impôts, hormis 2019. En cause, les aléas climatiques, la perte de moyens de production, la déclinaison française de la Pac, pointe l'AGPB. « Contrairement à certaines idées reçues, les grandes régions céréalières sont beaucoup moins soutenues à l'hectare » en comparaison de l'élevage, a affirmé Philippe Heusèle. Et leurs aides Pac apparaissent en diminution.
L'AGPB réclame des mesures exceptionnelles pour tous les producteurs : une avance sur les aides Pac à hauteur de 80 % dès le 15 octobre ; la possibilité d'opter pour le calcul des cotisations sociales sur une base annuelle ; une dérogation concernant la levée des cultures intermédiaires pour toucher les aides Pac. Dans les zones sinistrées : un dégrèvement de 50 % de la TFNB (taxe foncière sur le non bâti). L'idée s'inspire du plan de relance de 100 milliards (Mrd), qui accorde aux industriels un tel dégrèvement côté taxe professionnelle, a expliqué le président Éric Thirouin. Enfin, pour les producteurs les plus touchés : la mise en place de cellules de crise dans les départements et le déblocage du fonds d'allégement des charges ; un accès au PGE (prêt garanti par l'État) ; un abondement au fonds action sanitaire et sociale de la MSA. Sur ce dernier point, « il faudra sans doute doubler la mise assez rapidement » par rapport aux 30 M d'euros existants, d'après lui. Au-delà d'un plan d'urgence, d'autres grandes orientations figurent dans le plan stratégique du syndicat. Une des idées fortes dessine un rééquilibrage de la Pac en faveur des céréaliers. L'AGPB veut un paiement redistributif de 5 % contre 10 % aujourd'hui. Et réitère en outre sa demande sur l'assurance récolte : une franchise de 20 % (non plus 30 %), comme le permet l'UE.
J-C. D.