Solidarité internationale
Ados, un lien sacré  avec le Sénégal 

L’association de solidarité internationale, Ardèche Drôme Ourossogui Sénégal (Ados), dont le siège social est à Bourg-lès-Valence, agit depuis trente-sept ans à Matam, une région du Sénégal.

Ados, un lien sacré  avec le Sénégal 
Ados propose également des formations. Ici, dans le projet Seaudel, les agriculteurs sont formés à l’utilisation de bio pesticides. © Ados

Améliorer la vie de la population sénégalaise et contribuer au développement local de ce pays, telle est la mission principale de l’association Ardèche Drôme Ourossogui Sénégal (Ados). Depuis sa création en 1985, et dans le cadre de la coopération décentralisée, elle accompagne les collectivités françaises et sénégalaises. « L’association est née de la rencontre entre la ville de Valence et des migrants sénégalais », explique Sylvaine Oudin, directrice d’Ados, remplacée depuis par Rachel Nodin. En tant qu’opérateur, l’association participe au développement de projets de territoire sur la région de Matam, au nord-est du Sénégal, montés conjointement entre les collectivités françaises et les collectivités sénégalaises. Plusieurs domaines d’intervention sont étudiés : développement économique local, ressource en eau, assainissement - déchets, énergies renouvelables, sécurité alimentaire, santé, éducation - jeunesse et inter culturalité.

Des projets agricoles accompagnés

Le volet agricole est également abordé sur ces territoires ruraux. « Depuis six ans, nous avons remis les pieds sur le secteur agricole via le rôle des collectivités sénégalaises qui sont responsables du développement de leur territoire, note Sylvaine Oudin. L’agriculture et l’élevage sont des activités majeures pour la population rurale. La région de Matam, au nord du Sénégal, dispose de vastes étendues de pâturage, des élevages extensifs en bovins essentiellement. » Dans ce contexte, Ados - soutenue par les collectivités locales - accompagne des projets visant à développer des perspectives économiques pour les populations. « Le Sénégal est relativement en avance par rapport à d’autres pays en termes d’organisation et de structuration. Il vise à monter en compétence et développer des logiques filières, notamment sur des projets de transformation des produits maraîchers, dans le but d’améliorer la plus-value. L’objectif est d’améliorer le prix de vente et le revenu des agriculteurs, mais aussi de développer des unités semi-industrielles de transformation pour générer des emplois, des ressources économiques... », poursuit-elle.

Encourager le maraîchage

Soutenu par l’agence française de développement (AFD) et l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse, en partenariat avec le département de Matam, le projet SEAUDEL (soleil et eau pour le développement économique local) a pris fin en juin dernier. Lancé fin 2017, ce programme avait pour objectif de créer deux périmètres maraîchers irrigués - avec des forages équipés de dispositifs solaires - sur six hectares sur la commune de Bokidiwaé (département de Matam). « Nous avons 48 entrepreneurs installés sur ces parcelles, équipés en système goutte-à-goutte avec des techniques de paillage, d’utilisation de bio pesticides et du compost... dans l’idée de limiter les coûts des intrants et de l’eau », note Sylvaine Oudin. Depuis le lancement de la production en 2019, plus de 30 tonnes de produits maraîchers ont été produits. Une aubaine pour le développement économique du territoire. « Je cultivais de façon traditionnelle le riz. Voulant me tourner vers l’agro-business afin de diversifier mes sources de revenus et de culture, je me suis préinscrit puis j’ai été sélectionné pour suivre la formation. Accompagné par un animateur agronome d’Ados, j’ai choisi de cultiver le piment, j’ai aussi mis en terre 300 plants de pastèque en guise de paillage pour le piment. Grâce aux connaissances acquises (…), j’espère à l’avenir pouvoir cultiver d’autres parcelles sur les terrains familiaux, en utilisant les gains de mes précédentes productions pour équiper mes terrains en système de goutte à goutte », raconte Omar Ly, entrepreneur agricole et responsable du GIE à Doumga Rindiaw.

Améliorer les revenus des agriculteurs

Parmi les autres thèmes abordés, le nouveau projet Provacol. Porté en nom propre par Ados à Ranérou, il a pour objectif la mise en place d’une filière de transformation de produits issus de la biosphère : pains de singe et dattiers du désert. « Ces produits forestiers non ligneux sont aujourd’hui vendus en matière brute. L’idée est de gérer durablement ces ressources tout en développant des unités de transformation afin d’apporter une plus-value aux produits et améliorer les conditions de vie de la population », déclare Sylvaine Oudin. Ce projet, démarré en janvier dernier, permettra d’accompagner trois groupements féminins dans la transformation et la commercialisation de ces produits : recherche de machines adaptées, formation sur la gestion d’une unité de transformation et la commercialisation des produits, réorganisation des groupements féminins, etc.

Amandine Priolet

« Déconstruire les préjugés »

Pour chaque projet mis en place, Ados offre un accompagnement technique, par le biais d’un chef de projet et d’un animateur. « L’un de nos rôles est de mettre à disposition le personnel requis pour l’exécution des activités, indique Sylvaine Oudin. Notre raison d’être, c’est vraiment d’être au plus près des acteurs. Nous avons une équipe de dix personnes sur place à Matam, qui fait ce travail d’accompagnement des acteurs locaux pour leur permettre de s’approprier le projet en question », informe-t-elle. Pour les années futures, Ados réfléchit déjà, en partenariat avec les collectivités françaises et sénégalaises, sur les actions à mener pour faire face au changement climatique. 
Enfin, en parallèle de ses activités sur le territoire sénégalais, Ados a pour vocation de créer des liens entre les territoires d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Matam, par le biais de missions d’éducation à la citoyenneté en milieu scolaire. « Cela nous permet d’aborder les enjeux d’accès à l’eau potable, des déchets et de montrer une vision Nord sud. L’idée est aussi de déconstruire les préjugés que tout un chacun peut avoir », conclut la directrice.