Jeunes Agriculteurs : engagés et dans le mouvement

« L'agriculture drômoise est forte et leader régional dans plusieurs filières. Cependant, avec plus de 400 hectares de terres agricoles perdues chaque année, le foncier reste un point faible du département », a tenu à souligner Sébastien Richaud, président de Jeunes Agriculteurs de la Drôme (JA26), lors de l'assemblée générale du syndicat, le 15 février à Tulette. Dans son rapport moral, il a mis l'accent sur les actions engagées pour dénoncer cette situation et remettre en culture les terres en friche. « Les choses avancent avec certaines communes et une députée de la Drôme agit dans le cadre de la mission d'information sur le foncier agricole » à l'Assemblée nationale, a-t-il souligné. D'autres dossiers ont été évoqués, notamment les aléas climatiques de l'an dernier, les salmonelles en aviculture, l'irrigation... Autant de points sur lesquels les adhérents se sont largement exprimés au cours de la matinée d'échanges.
Une année 2017 difficile
A tour de rôle, en effet, les responsables cantonaux ont fait part de leurs préoccupations. Parmi celles-ci, le prix bas des céréales et la baisse des contrats de semences, qui ont plombé l'année 2017. Mais aussi les retards de versement des aides Pac et autres subventions, qui ont mis les trésoreries des exploitations dans des situations financières tendues. En élevage, les normes sanitaires toujours plus drastiques tapent sur le moral. « Comment peut-on produire du lait au même prix que nos concurrents avec tant de contraintes ? Et pourquoi n'est-on pas capable d'imposer aux importations les mêmes normes qu'en France ?, a fait remarquer un jeune éleveur. Il y a là une vraie contradiction. » Ajoutons à la liste des difficultés les impacts de la sécheresse et du gel sur les rendements de l'an dernier, la pression toujours plus forte du loup, les restrictions d'irrigation ou encore les dégâts de gibiers pour lesquels ont été pointés « une mauvaise gestion des agrainages dans certains secteurs ».
Des solutions recherchées
Cependant, face aux difficultés, les Jeunes Agriculteurs n'ont pas baissé les bras. En témoigne leur rapport d'activité et les quelque 200 réunions organisées tout au long de l'année. Ainsi, en lien avec les organisations agricoles, des solutions ont été recherchées. Sur le dossier des salmonelles, suite à la dernière session de la chambre d'agriculture, « des propositions ont été faites pour améliorer certains critères et assouplir les contrôles », a indiqué Sébastien Richaud. Le dialogue avec les services de l'Etat se poursuit. Il en a été de même, au cours de l'été dernier, pour assurer la continuité de l'irrigation des cultures. « Un enjeu crucial », a considéré le président de JA26. D'ailleurs, concernant la révision du Sage1 en Nord-Drôme, le dossier est suivi de près afin d'éviter de fortes restrictions dans l'usage de l'eau. Et s'agissant de la révision des zones défavorisées simples, « on a pu récupérer certaines communes drômoises mais il en reste encore quatorze », a précisé Sébastien Richaud.
« On installe de plus en plus »
Le réseau JA reste aussi très engagé sur l'installation. « On installe de plus en plus dans notre région, a assuré Nicolas Merle, président de JA Auvergne-Rhône-Alpes et éleveur en Haut-Loire. L'an dernier, le cap des 700 dossiers a été franchi. » Selon lui, il faut y voir l'effet positif de la nouvelle grille de la DJA2. Un jeune agriculteur, récemment installé, a tout de même témoigné des obstacles qu'il a rencontrés, entre autres pour obtenir des DPB3. « C'est hyper compliqué », a-t-il confié.
Par ailleurs, pour faire face à la baisse de certains soutiens, comme l'aide au maintien de la bio, Nicolas Merle a mis l'accent sur les « plans ambitions filières » de la Région. Et à propos des zones défavorisées, « notre objectif est de rattraper toutes les communes historiques, soit une centaine en Auvergne-Rhône-Alpes », a-t-il indiqué.
Lors de leur assemblée générale, des Jeunes Agriculteurs ont souhaité une évolution dans les systèmes de déduction pour aléas (DPA) et de lissage des revenus. D'autres ont fait part de difficultés à motiver les troupes. Pourtant, « l'engagement et le bénévolat font des merveilles quand ils sont menés avec cohésion et entente », a dit un responsable cantonal. « J'attends plus de mouvements de la part des adhérents, a souhaité Sébastien Richaud. Notre objectif est d'agir pour que l'on puisse vivre de notre métier d'agriculteur. »
Christophe Ledoux
(1) Sage : schéma d'aménagement et de gestion des eaux.
(2) DJA : dotation jeune agriculteur.
(3) DPB : droit à paiement de base.
JA26 / Un nouveau conseil d'administration

La semaine prochaine, devrait être dévoilée la composition du nouveau bureau de JA26.
Mercosur /
Des effets redoutés pour la filière bovine

Etats généraux de l'alimentation /
« Un bel exercice démocratique »
A Tulette, Ange Loing, vice-président national de JA et éleveur bovin lait en Alsace (en bio avec un atelier de transformation) est revenu sur les Etats généraux de l'alimentation (EGA). « Un bel exercice démocratique où agriculteurs et environnementalistes ont échangé », a-t-il confié. Il a notamment mis en avant l'encadrement des promotions alimentaires et l'augmentation du seuil de revente à perte (SRP) obligeant les enseignes de la grande distribution à faire au moins 10 % de marge sur les produits. « Reste à voir si le projet de loi et les ordonnances promises permettront la bonne application de ces mesures », a-t-il expliqué.Evoquant l'aide au maintien de la bio, « on ne peut pas se satisfaire de sa disparition, c'est un recul », a-t-il dit, tout en pointant « l'erreur d'appréciation » de divers conseils régionaux « qui n'ont pas su plafonner cette aide ». Par ailleurs, il a annoncé que, dans le prochain rapport d'orientation de JA national, des propositions seront faites en matière fiscale, entre autres. Enfin, il a incité les jeunes agriculteurs à s'inscrire au concours « Graines d'agriculteurs ».
Des rendez-vous
A l'assemblée générale de JA26, ont été annoncés les rendez-vous suivants :
- finale départementale de labours (Fête de l'agriculture) : dimanche 2 septembre à La Motte-de-Galaure ;
- congrès national de JA : en 2019 dans la Loire ;
- Finale nationale de labours (Terres de Jim) : en 2019 en Haute-Loire.
Ils ont dit /
Souhaitant innover, les responsables de JA26 ont tenu leur assemblée générale sur une matinée (et non une journée). Conviés à Tulette en fin de matinée, au moment de la présentation de la nouvelle équipe d'administrateurs JA (lire ci-contre), les invités se sont exprimés successivement.Grégory Chardon, président de la FDSEA de la Drôme, a insisté sur « la nécessité de défendre le métier d'agriculteur attaqué de toute part ». Michel Baude, secrétaire adjoint de la chambre d'agriculture, a jugé « utile et précieux l'avis des jeunes » pour la conduite des dossiers. Gilles Talotte, chef du service entreprise à la chambre d'agriculture, a évoqué la complexité des dossiers d'installations aidées. « Agriculteurs et chasseurs, nous sommes les derniers mohicans des zones rurales, a déclaré Rémi Gandy, président de la fédération départementale des chasseurs. Et nous avons des challenges à relever » avec les JA et la FDSEA. « Faites remonter vos idées pour que nous puissions faire évoluer nos contrats en fonction de vos nouveaux besoins », a proposé Chantal Chancrin, présidente de la fédération drômoise de Groupama Méditerranée. Etaient également présents Nadine Seguin, pour le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, et Jacques Blachier, pour le CERFrance Drôme-Vaucluse, ce dernier a évoqué l'offre de service personnalisée du centre de gestion.