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Arboriculture

Vergers gelés : ne pas baisser la garde au niveau sanitaire

En l’absence de production, la protection phytosanitaire pourra être allégée mais la vigilance s’impose sur certaines maladies et ravageurs afin d’assurer la pérennité des vergers.

Vergers gelés : ne pas baisser la garde au niveau sanitaire
En pommiers et poiriers, fortement touchés par ce gel du 8 avril, Marion Bouilloux, conseillère arboriculture à la chambre d'agriculture de la Drôme, rappelle que la lutte contre la tavelure doit être menée avec la même attention que s’il y avait des fruits.

Quelles que soient les espèces, le gel du 8 avril a totalement anéanti la production de nombreux vergers en Drôme. Il n’y aura pas de fruits mais les arbres ne seront pas pour autant épargnés par les maladies et ravageurs. Marion Bouilloux, responsable du pôle cultures pérennes et conseillère en arboriculture à la chambre d’agriculture de la Drôme, avertit : « En l’absence de production, la protection phytosanitaire pourra être allégée mais il ne faut surtout pas baisser les bras et abandonner les vergers gelés cette année. En bio comme en conventionnel, certaines interventions seront à réaliser pour assurer la pérennité de la production ».

Des maladies et ravageurs à surveiller

En abricotiers, il faudra rester très vigilant sur la rouille en cas de pluies importantes en mai et juin afin d’éviter une défeuillaison trop précoce qui compromettrait la mise en réserve des arbres. Marion Bouilloux signale également sur certaines parcelles l’apparition de symptômes de bactériose qu’il est « important d’assainir en supprimant les rameaux ou charpentières atteints ».

Sur pêchers, elle appelle à surveiller l’apparition de dégâts liés à la tordeuse orientale, même si le gel semble avoir pour l’instant cassé son cycle. « Il est nécessaire de traiter au pic d’éclosions de la première génération qui provoque des dégâts sur pousse sinon on risque de créer un inoculum. Ce serait une catastrophe pour l’année prochaine », détaille la conseillère. Autres ravageurs contre lesquels la lutte sera également impérative : le myzus, puceron vecteur de la sharka, et la cicadelle verte. « Une grosse attaque de cicadelle verte en juin ou en juillet risquerait de bloquer la croissance des arbres », indique-t-elle.

En pommiers et poiriers, fortement touchés par ce gel du 8 avril, Marion Bouilloux rappelle que la lutte contre la tavelure doit être menée avec la même attention que s’il y avait des fruits : « Il est absolument nécessaire de rester vigilant durant la période de contamination primaire, actuellement en cours jusqu’en juin, sans quoi le risque de création d’un inoculum est réel et pourrait provoquer de gros dégâts en 2022 ». Attention également aux pucerons, et sur pommier, en ce moment, au risque d’oïdium sur les pousses. « En pommier, il est difficile pour l’instant d’évaluer ce qui sera sauvé en production. Dans certaines parcelles, il reste quelques fruits, notamment sur les bois de l’année, mais ils seront probablement marqués par des anneaux de gel et invendables. Dans tous les cas, le risque carpocapse est réel. Le papillon trouvera toujours le peu de fruits qu’il reste. Stopper son développement est impératif. Si jamais un inoculum se crée, il faudrait plusieurs années pour s’en débarrasser », avertit la conseillère.

Enfin, en cerisier, elle recommande de surveiller l’anthracnose si des pluies importantes surviennent.

Une question individuelle et collective

Côté fertilisation, l’apport qui a été réalisé avant floraison devrait permettre aux arbres de repartir et de faire de nouvelles pousses. « En l’absence de fruits, il n’est donc pas nécessaire pour l’instant d’en prévoir d’autre », précise-t-elle. Par contre, il faudra être vigilant cet été pour bien préparer la mise en réserve des arbres même si ceux-ci n’ont pas produit cette année.

Pour accompagner au mieux les producteurs dans cette période délicate, la chambre d’agriculture poursuivra durant toute la saison ses suivis de parcelles et la surveillance des vergers. Le Zoom arboriculture, bulletin technique hebdomadaire, sera adressé aux producteurs abonnés chaque mardi. Il alertera systématiquement sur les traitements à réaliser y compris sur les vergers gelés. Et Marion Bouilloux de conclure : « Les vergers gelés à 100 % auront aussi besoin d’attention. Surveiller leur état sanitaire est une question individuelle mais aussi collective.»

S.Sabot

Contacts : Pour toute question liée au suivi sanitaire d’un verger, contacter le secrétariat du service arboriculture de la chambre d’agriculture de la Drôme : 04 27 24 01 88. Pour les questions liées à la viticulture, contacter le secrétariat du service : 04 27 24 01 53.

Conduite des vignes gelées : protection allégée dans une certaine mesure

Conduite des vignes gelées : protection allégée dans une certaine mesure
Dans toutes les zones gelées, surtout les plus touchées, il faudra également veiller à une bonne protection du feuillage pour une bonne mise en réserve.

« En cas de gel constaté sur la parcelle, la priorité est de ne rien faire », c’est le message que les conseillers de la chambre d’agriculture de la Drôme ont adressé le 13 avril aux viticulteurs concernés via les Zoom, bulletins techniques des différentes régions viticoles drômoises.

Isabelle Méjean, conseillère viticole, confirme que les dégâts sont hétérogènes selon les secteurs géographiques et les parcelles. Dans un premier temps, elle indique qu’aucun apport n’est à réaliser, notamment azoté, ni au sol, ni en foliaire.

Sur les parcelles où plus de 50 % des bourgeons ont gelé, il faut désormais attendre les repousses. « Un ébourgeonnage dans quelques semaines pourra être bénéfique si la végétation qui repousse est très buissonnante. Ceci afin de privilégier la pousse des rameaux nécessaires à une bonne qualité de taille et de forcer le démarrage de bourgeons secondaires ou de bourillons pour espérer récupérer quelques grappes », préconisent les conseillers de la chambre d’agriculture, notamment pour les vignes du secteur sud de la Drôme.

Dans les zones gelées, même en l'absence de grappes, il faudra également veiller à une bonne protection du feuillage, ceci pour garantir une bonne mise en réserve en vue de la prochaine saison. Des conseils seront fournis chaque semaine via les différentes éditions du Zoom viticulture.

Enfin, dernier point important : la lutte contre la flavescence dorée restera obligatoire dans les secteurs concernés, que les parcelles aient ou non gelé.

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